C’est vers l’âge de 13 ans que David Giguère écrit ses premières esquisses de chansons et concocte un obscur album rap avec l’aide d’un professeur d’art dramatique. Poussé par sa passion grandissante pour le jeu, il étudie ensuite le théâtre au Collège Lionel-Groulx et, en 2008, fait la découverte d’un instrument qui le marquera : le piano. « Je te jure que j’ai pogné de quoi! L’école de théâtre était très intense. Au moment même où l’on me disait quoi faire et comment faire les choses en tant que comédien, j’ai découvert ce bel instrument et j’ai eu envie d’écrire des chansons sans réelle structure. Les seules bases, c’est moi qui me les donnais. J’avais soif de liberté, » raconte le jeune homme, aujourd’hui âgé de 24 ans.

Alors que David termine sa formation de comédien en 2010, l’envie de monter sur les planches et de faire entendre ses compositions le tenaille. Accompagné par une poignée d’amis musiciens, il fait des vagues dans de petites salles montréalaises grâce à sa présence scénique assurée. Lorsque des gens de l’industrie s’intéressent à lui, l’artiste cherche à tout prix les oreilles attentives. C’est lors du spectacle Chante avec moi d’Olivier Choinière qu’il croise Philippe Brault (Pierre Lapointe). « Il m’a dit que la meilleure gérante qu’il connaissait était Stéphanie Moffatt. Nous nous sommes rencontrés dans un café et ça a cliqué. Ensuite, j’ai continué de travailler sur l’album. Puis, on a examiné les choix qui s’offraient à nous. Plusieurs étiquettes étaient intéressées, mais il y avait un esprit de famille chez Audiogram qu’on ne retrouvait pas ailleurs. Ils donnaient une grande liberté à l’artiste, ce qui est important pour moi. Ils avaient des idées et tout ce qu’il faut pour que je pousse mon projet encore plus loin afin d’atteindre les objectifs que je m’étais fixés, » avance le mélomane averti, admirateur de Serge Gainsbourg, Gilbert Bécaud et Jimmy Hunt.

Je suis constamment dans une recherche d’honnêteté. Je ne veux pas jouer à avoir du fun. Je veux avoir du fun pour vrai.

Épaulé par Pierre-Philippe Côté (alias Pilou) à la réalisation, Giguère sait bien s’entourer. Rapidement, il recrute une autre alliée prestigieuse. Sœur de Stéphanie, Ariane Moffatt se greffe au projet à titre de directrice artistique. « Ce qui me plaît le plus dans ce métier, ce sont les rencontres, et Ariane m’a appris un tas de choses. Elle fut d’une grande générosité, présente lors de toutes les étapes du projet pendant un mois complet, chaque jour. Elle est arrivée alors que la pré-production était déjà passablement avancée. Ce qu’elle a amené est un niveau d’expérience exceptionnel. J’avais des interrogations, des inquiétudes et elle a pris le temps de répondre à toutes mes questions. C’était bien d’avoir un œil extérieur issu du milieu de la pop. On était trois à prendre des décisions tout au long du processus, » assure-t-il.

Résultat : Hisser haut, un premier album qui voit le jour en janvier 2012. À mi-chemin entre la pop et les sonorités électro, le compact séduit avec ses fortes mélodies et des textes d’une étonnante maturité. Entièrement écrit et composé par Giguère, Hisser haut est un opus dont l’élaboration ne fut pas de tout repos pour l’artiste. « Je me suis occupé de toutes les étapes de ce projet. Autant pour la pochette où je me suis retrouvé dans un chalet avec un graphiste pendant six jours, le mastering, les arrangements (avec Pilou). Ce fut énormément de travail, mais en même temps, c’était important que l’album et tout ce qui l’accompagne soient le plus représentatif possible de ma personne. Tu sais, les thèmes de Hisser haut remontent à il y a longtemps. Je parle d’enfance, de naïveté, de la rencontre avec l’être aimé. Il y avait des thèmes précis que je voulais explorer. À vrai dire, ce premier disque représente ma vie jusqu’à mes 22 ans, » soutient-il.

Celui qui a récemment aménagé un mini studio chez lui sera fort occupé au cours des prochains mois. Après une escale de dix jours au Brésil en mars (« une formule guitare/sons électro avec ma choriste », David reviendra à la maison pour se remettre à la composition. Puis, en avril, c’est la Corée qui l’attend alors qu’il participera à la pièce Caligula (remix) de Marc Beaupré. Fin de parcours au Viêt-Nam et au Laos. « Assurément, ce sont des escapades qui vont me nourrir pour le prochain album. Même si je n’ai pas encore de chansons prêtes, j’aimerais l’enregistrer cet été et le sortir le plus rapidement possible. Au cours de la dernière année, j’ai compris comment fonctionnait le milieu de la chanson. Plus question de répéter les mêmes erreurs. J’ai maintenant le goût que ça se passe comme j’en ai envie. Je suis constamment en recherche d’honnêteté. Je ne veux pas jouer à avoir du fun. Je veux avoir du fun pour vrai. »