Avec son empreinte mondiale, son accent sur le marché mondial de la musique enregistrée et des synchronisations de la Corée à l’Afrique du Sud et de la Suède à l’Espagne, CYMBA Music Publishing fait du placement de chansons, un artiste à la fois.

CYMBA, une division de Chapter 2 Productions Inc.) a d’abord été fondée en tant que maison de production et d’édition, mais elle est désormais entreprise d’édition canadienne créativ, collaborative et extrêmement active. CYMBA est en réalité l’acronyme de Crushing Your Music Business Apathy (Nous écrasons l’apathie de l’industrie musicale). Cette philosophie est d’ailleurs à propos, puisqu’elle a longtemps servi de guide pour le fondateur de l’entreprise, Vince Degiorgio. En tant que président du Conseil d’administration de l’Association canadienne des éditeurs de musique (CMPA), ce vétéran de l’industrie prend le pouls de monde de l’édition musicale.

« C’est l’industrie la plus excitante au monde », lance Degiorgio. « Et la raison pour laquelle je dis ça, c’est que vous ne savez jamais qui va cogner à votre porte avec une chanson incroyable. »

Il n’y a rien de facile pour les éditeurs de musique de nos jours. Degiorgio en veut comme exemple sa coédition du « hit » de Serena Ryder et chanson thème des jeux panaméricains, « Together We Are One », qui a été récompensée d’un Prix No. 1 SOCAN pour avoir atteint le sommet du Top 20 de CBC Radio 2 le 10 juillet 2015. « C’était quasiment comme une synchro industrielle, une chanson avec Scotiabank », explique-t-il. « En fin de compte, peu m’importe par où l’opportunité se présence, je dois simplement m’assurer que je ne la rate pas. » Et ce finaliste pour le Prix de l’Éditeur de l’année 2017 de la SOCAN ne rate pas grand-chose.

« Vous ne savez jamais qui va cogner à votre porte avec une chanson incroyable. » — Vince Degiorgio, fondateur de CYMBA

En 2016, après plus de vingt années d’opérations, CYMBA a complètement réorienté son image de marque en 2016, accordant plus de responsabilités à ses employés et ouvrant ses portes à de nouveaux talents afin d’accroître sa présence globale déjà bien établie. « CYMBA c’est la célébration d’une attitude sans souci », explique l’éditeur. « Bien des gens qui, je croyais, me donneraient un coup de main en cours de route ne l’ont pas fait… J’ai dû me débrouiller pas mal. C’est de là que vient le nom. Nous voulons simplement faire partie de l’industrie, nous ne demandons pas de traitement de faveur. »

Outre le placement des œuvres des artistes de son écurie, CYMBA soutient ses auteurs-compositeurs en mettant à leur disposition une salle de création musicale dans ses locaux, des camps de créations internationaux, des opportunités de développement créatif, une conférence, du mentorat, et bien plus.

CYMBA fait également de plus en plus de placement de chansons à la télévision et au cinéma. À titre d’exemple, l’entreprise a récemment conclu plus de 150 placements pour le film Chimpanzee de Disney, la série Agent Carter d’ABC-TV, The Vampire Diaries qui trie à sa fin sur CW, Pretty Little Liars sur ABC Family, Degrassi : The Next Class sur Netflix, ainsi que Mr. D, Pure et Crash Gallery à la CBC. CYMBA a également réussi des placements dans des bandes-annonces comme The Fantastic Mr. Fox et Bad Moms.

Trouver de nouveaux auteurs-compositeurs : la méthode CYMBA
On peut se demander d’où sortent ces nouveaux poulains… « Bouche-à-oreille, parfois c’est quelqu’un qui se présente à l’un des événements que nous organisons », explique Degiorgio. Nous sommes reconnus comme un éditeur qui ose commencer en bas de l’échelle et qui ne cherche pas à embaucher uniquement des artistes super établis. Tout commence par une connexion que nous ressentons à un niveau purement humain avec les gens que nous rencontrons et avec qui nous travaillons ; c’est une part importante de notre façon de faire. Nous voulons trouver des gens qui cadrent bien dans la culture interpersonnelle que possèdent nos autres créateurs. »

Parmi les nouveaux poulains de son écurie, CYMBA a accueilli Reeny Smith, un finaliste au East Coast Music Awards dont Degiorgio dit qu’il est « le futur », ainsi que la personnalité pop urbaine et télévisuelle Keshia Chanté. En cours de route, l’entreprise a également continué de solidifier les carrières de ses producteurs Ari Rhodes et Davor Vulama. « On a mis plus d’artistes sous contrat au cours des trois dernières années qu’au cours des 20 précédentes », affirme Degiorgio. « C’est un gros changement dans notre plan de match ! »

Et même si le nombre de placements — et de créateurs dans son écurie — a augmenté nationalement, le marché international demeure la clé des activités de CYMBA.

« Le marché national est toujours un défi parce qu’il est plus difficile d’y avoir un “hit”, c’est pour ça qu’on se concentre autant sur les marchés à l’extérieur du pays », confie Degiorgio. « Exportation est un mot à la mode, mais nous avons commencé à exporter des chansons à la fin des années 80. CYMBA a été fondée pour explorer un univers musical que le Canada n’était pas prêt à offrir encore… Nous sommes prêts à l’exportation depuis plus de 20 ans. »

CYMBA entend bien poursuivre son évolution en 2018 et au-delà. Un des aspects de cette évolution a été la mise sous contrat d’un premier auteur francophone, « un rêve que je caressais depuis longtemps », d’avouer Degiorgio. Ça, et bien entendu continuer de viser le sommet de sa mère patrie.

« Maintenant que nous avons eu un No. 1, nous avons l’intention de remplir un mur entier de #1 par tous nos créateurs ! »

 



Dans la foulée des sorties d’albums francophones de l’automne – et la saison est assez faste, merci – un album qui ressort du lot quant à sa direction artistique est sans contredit le surprenant Cordoba de Hugo Mudie. Ferré dans le milieu musical à titre de leader des formations The Sainte Catherines ou encore Yesterday’s Ring, Mudie y va d’une première proposition solo qui détonne des racines musicales qu’on lui connait – tout en gardant ce ton, sarcastique et décalé, qui lui colle à la peau depuis ses débuts.

« C’est probablement l’album qui me représente le plus parce qu’il est sans compromis. C’est la première fois que je peux être ce que j’ai toujours voulu être. Mes chums proches me reconnaissent quand même beaucoup en ce sens… J’ai toujours été un peu plus fucked up et ouvert sur les genres que la moyenne, je pense », raconte le principal intéressé.

Pop Goes La Vie

Hugo MudieNommons les choses comme il se doit : Mudie s’aventure sur des terrains pop qu’on ne lui prêtait pas nécessairement jusqu’ici. « Je ne sais pas si on parle d’un statement pop… De mon côté, c’est venu très naturellement. J’ai toujours écouté beaucoup de musique pop et j’ai toujours basé mes compos sur les mélodies, même avec mes bands. À la différence que c’était exécuté de façon agressive ou country selon les projets pour lesquels j’écrivais. »

En plus de quoi, l’auteur-compositeur se gavait de rap durant l’essentiel de l’écriture et l’enregistrement de la galette. De Kanye West à Chance The Rapper, en passant par Young Thug, notamment : « J’adore la façon avec laquelle ils essaient des trucs au niveau du son, il y a une vraie grande recherche. J’ai l’impression que le genre se renouvèle aux six mois, c’est fou. »

Cela dit, le « naturel » revient au galop le temps de quelques ellipses, sur les titres Ferme ta radio ou Tofu dogs où Mudie renoue avec les consonances punk/hardcore qui l’ont fait briller à ses débuts : « J’ai voulu aller dans du pur Minor Threat ou Dead Fucking Last » et j’aime l’idée d’en garrocher une ou deux sur le lot qui sont complètement punk, comme Beastie Boys le faisait à l’époque. »

Ajoutez à la sauce une grosse dose de Wavves de même que Beach House et vous aurez une idée du côté polyglotte de ce qui vous attend. « C’est un peu ma tentative à faire du Beach House, au fond. » Voilà qui est réglé.

Signant une première réalisation officielle, Alex Ortiz de trio We Are Wolves, est derrière le projet : « Je ne le connaissais pas, et il n’avait jamais fait ça. J’aimais beaucoup ce qu’il faisait avec WAW et sa personnalité semblait musicalement aussi éclatée que la mienne. Dès la première rencontre, la connexion s’est faite et ç’a été écœurant comme collaboration. »

Punk un jour…

Et si la sortie bénéficie d’une belle tribune – Livre d’or est en rotation sur quelques réseaux commerciaux –, l’homme fait aussi quelques vagues du côté médiatiques où il déambule à titre de chroniqueur sur les plateformes d’ICI Première, Urbania et VICE, notamment. Invité à titre de chroniqueur « industrie » plus souvent qu’à son tour, Mudie y allait d’une chronique d’opinion sur le rôle de la critique qui a récemment  mis le feu aux poudres.

En cette ère où les médias sociaux prennent l’essentiel de la place dans l’imaginaire collectif, la pertinence de la critique peine un peu à trouver sa juste place. Et les réactions furent, pour le moins, aussi colorées que la chronique d’où elles sont nées : « Je ne m’attendais tellement pas à ce que ça réagisse aussi fort ! Il y en a quelques-uns qui ont carrément refusé de parler de mon album… En même temps, je trouve ça mieux qu’un pur désintérêt. Ce qui me motive depuis toujours, c’est les trucs qui dérangent. »

Et pour être bien clair : « Même la critique positive me fait chier, je la lis en me disant que son auteur n’a jamais fait de musique. Je persiste à le croire et ça m’enrage par bouts. Et le Québec est si petit, tout le monde est ami, ça me rend fou quand j’y pense trop. Et tout ça, c’est ma vraie personnalité, je n’y pense pas tant avant de me commettre. Pour le monde qui me connaisse, je suis comme ça depuis toujours. À l’école, on me disait que j’étais un leader négatif. Lorsque j’étais au programme de sport études, ma professeure m’avait dit un jour : ‘Tu n’es pas un hockeyeur, tu es une rockstar’, apparemment, elle avait vu assez clair. Et arrive dans la vie le moment où ton gros caractère, tu choisis de la célébrer ou d’en avoir honte. Et si tu nivèles vers le bas, tu vas te sentir mal. Au final : ceux qui m’aiment me suivent. » Autre dossier de réglé.

Et pour ponctuer les quelques accroches de notre guerrier : « C’est le début de ma carrière, j’ai déjà des tounes pour la suite des choses. Le chanteur dans des bands infinis a raccroché ses patins pour l’instant et je ne veux plus avoir à me justifier sur le style que je choisis. Si je veux faire de la défonce, du country ou de la pop, ce sera comme ça, point. » Tenez-vous-le pour dit.



Début 2017, Gabrielle Shonk figurait sur la liste SOCAN des dix artistes à surveiller.

L’onde de choc créé au printemps 2016 par le clip de sa chanson Habit concocté avec le vidéaste Dragosh a eu un effet immédiat. Mais l’artiste n’avait toujours pas de contrat de disque. « Le clip a été viral, raconte la musicienne de 28 ans originaire de la ville de Québec. J’ai reçu une tonne de courriels de plein de labels dans le monde, l’effet a été plus grand qu’une simple écoute de bande maîtresse pour laquelle j’essayais de trouver preneur ».

Grâce à sa carte de visite, un disque de sept chansons en anglais et trois en français, Gabrielle Shonk a rejoint au début de l’année Bobby Bazini chez Universal. Dans la foulée, le Rimouskois Louis Bellavance, directeur de la programmation du Festival d’été de Québec, est devenu son gérant.

« J’ai eu un petit moment de découragement, je me suis dit qu’un album bilingue, ça se commercialise mal dans le marché. Mais je le voulais ainsi. Au bout du compte, c’est un beau dénouement, je suis contente. De toute façon, précise-t-elle, ma culture musicale a toujours été plus anglophone, mon père (Peter Shonk & The Blues Avalanche fait la fierté de la scène blues de Québec, NDLR) est américain, ma mère québécoise. Je trippais sur Céline lorsque j’étais plus jeune, mais en réalité, je suis issue de la scène punk-rock-hardcore ».

Après une vitrine SOCAN à M pour Montréal quelques mois auparavant, son concert en première partie de Bazini au Métropolis le 24 février la dévoile à un large public. On constate de visu : elle imprime l’énergie nécessaire à son folk teinté de soul aidé d’une pulsation rythmique à cinq musiciens. Pas de déchaînements orchestraux ici, cette femme possède un tempérament romantique au meilleur sens du terme. Émouvant comme une caresse.

Simon Pednault a réalisé ce premier album. Guillaume Chartrain a fait la prise de son et le mix. Les deux collaborent avec Louis-Jean Cormier Cormier et Tire le Coyote. «À la base, dit-elle, je compose mes chansons guitare-voix. J’aime vraiment les trucs intimistes et je me considère plus musicienne qu’autre chose, je cherche constamment des mélodies et des idées d’accords. Oui, c’est un disque intime, super personnel, on a enregistré live, tout le monde en même temps pour obtenir le feeling de quelque chose de vrai », à la frontière de ses influences : Feist, Kurt Vile, Marvin Gaye et Joni Mitchell pour la courte liste. Dix chansons d’un coup à peaufiner, arranger et endisquer même si plusieurs compositions ont été grattées il y a six, huit, dix ans.

D’une chanson à l’autre, le plaisir de cette dualité langagière est préservé. On passe de Raindrops à Part plus sans moi, de Trop tard à la commercialisable Missing out sans heurts. Ça coule de source. La plénitude atteinte est réellement enivrante et la sensibilité exacerbée de cette auteure secrète est évidente.

En s’approchant de la scène jouxtant la voie ferrée où jouait Gabrielle Shonk le 3 septembre dernier au premier Festival Mile EX End Musique Montréal, le classique soul Let’s Stay Together (Al Green) se fait entendre sous le viaduc Van Horne. « C’est nécessaire de faire des covers parce que j’ai seulement dix chansons et ça passe quand même vite ». Ces interprétations assumées de Shonk en révèlent beaucoup sur sa conception du chant pur : One Dance (Drake), Ain’t no Sunshine (Bill Withers) ou même Sunday Bloody Sunday (U2) qu’elle avait revisité lors de son passage remarqué à La Voix en 2014, sont idéales pour elle. Less is more.

Louis-Jean Cormier, son mentor de la saison 2 lui suggérait alors de miser sur la simplicité. C’est ce qu’on entend sur ce premier disque de Gabrielle Shonk. Dix chansons dépouillées et finement arrangées. « Je me suis inscrite à La Voix en me disant : est-ce que je suis capable de surmonter ce stress-là, le public, le gros show télédiffusé ? En rétrospective, j’ai plus appris sur moi-même que sur le plan musical. Ça m’a donné confiance. Et ça m’a donné un bon coup de pied au derrière pour composer mes propres chansons ».


Gabrielle Shonk, le 23 février 2018 à L’Astral (Montréal en Lumière)