Vite ! Nommez le simple reggae qui a le record de ventes de tous les temps ? Surprise : c’est « Informer », l’immense succès de l’auteur-compositeur-interprète irlando-canadien Snow. Né Darrin O’Brien dans les HLM d’Allenbury Gardens du nord de Toronto, Snow a découvert la musique jamaïcaine grâce à ses voisins et il a lui-même été découvert plus tard par le rappeur new-yorkais MC Shan qui a produit son premier album, 12 inches of Snow. Les rythmes pop léchés et les paroles en patois débitées à toute vitesse et portant sur un indic ont permis à la chanson de grimper jusqu’en première position du palmarès Billboard, où elle est demeurée pendant 7 semaines et s’écoulant à plus de 8 millions d’exemplaires. « Informer » n’a pas été le seul « hit » de Snow – son « all-star mix » de la pièce « Anything For You » a été no 1 en Jamaïque et « Everybody Wants to Be Like You », parue en 2000, a gagné le MuchMusic Video Award du meilleur clip Canadien —, mais c’est sans aucun doute la chanson qu’on associe à son nom.

Quel genre de musique écoutais-tu quand tu étais jeune ?
Rock. Le premier concert que j’ai vu c’était KISS au Varsity Stadium, avec mon frère. Il avait neuf ans et j’en avais six. On avait l’habitude d’imiter KISS dans le sous-sol d’un voisin. Le maquillage, le faux sang, tout le toutim. Pendant ce temps, à l’étage au-dessus, ils écoutaient de la musique jamaïcaine. Là où j’ai grandi, c’était majoritairement irlandais. Puis, vers l’âge de 14 ans, des Jamaïcains ont commencé à s’installer dans le voisinage. C’est comme ça que j’ai découvert leur musique.

Qu’est-ce qui t’attirait tant dans le reggae ?
Je ne sais pas. Ma mère a toujours été une amoureuse de musique. Mais plutôt du R & B. Pas de rock. Pas de country. Rien d’autre. Et lorsque mes voisins ont commencé à me filer toutes ces cassettes de dancehall, j’étais simplement hypnotisé par les voix ! J’écoutais ces cassettes en boucle, sans arrêt. « Mais qu’est-ce qu’il dit ? »  Les chanteurs me fascinaient.

Quand as-tu commencé à écrire tes propres chansons ?
Avant « Informer », je n’avais jamais écrit de chansons. Je n’étais pas un auteur-compositeur, ni un chanteur ou quoi que ce soit du genre. J’ai été reconnu coupable de deux tentatives de meurtre en emprisonné. C’est pendant mon séjour en dedans que j’ai commencé à écrire ces couplets : [en chantant] « Informer. You know say Daddy Snow me, I’m gonna blame. A licky boom-boom down. » Comme un « jingle ». Mais je n’avais jamais mis les pieds dans un studio. Je suis juste un fan de musique. Quand je suis sorti de prison, j’ai été à New York et j’ai rencontré MC Shan. Il m’a dit « paraît que tu sais chanter ? Passe faire un tour chez moi ! » Il m’a tout appris. La musique. Les harmonies. Je n’avais aucune notion d’écriture, les mélodies me venaient toutes seules. Quand j’entendais un « beat », je me mettais à fredonner une mélodie après l’autre. C’est comme ça tout a commencé. Je crois que j’ai atteint un certain niveau de professionnalisme, mais à l’époque, je ne l’étais pas du tout.

Combien de temps t’a-t-il fallu pour finir cette chanson ?
Une journée, peut-être. Quand j’ai rencontré MC Shan, je chantais « skippity boom down » sans arrêt. Il chantait la même chose que moi, il adorait ça. Mais on a changé la ligne pour « a licky boom-boom down ». Je m’amusais. Je crois que c’est ça le secret du succès de la chanson. Je ne m’attendais pas qu’elle devienne un si gros « hit ».

Est-ce vrai que tu étais en prison quand la chanson a atteint la première position ?
Oui. On a enregistré l’album à New York. On a tourné un clip. Mais je devais rentrer à Toronto pour retourner en prison. J’ai signé un contrat. Puis je suis retourné en dedans pendant un an. J’avais l’impression que c’était ce que je ferais de ma vie. Personne autour de moi n’avait réussi. La première fois que j’ai vu mon propre clip, j’étais en prison. On m’a accordé une permission de sortir pour un week-end afin que je puisse être interviewé à MuchMusic.

Comment décrirais-tu ton style vocal sur cette pièce ?
C’est un peu dans la veine du singjay. Il y a un peu de Michael Rose. Junior Reid. Sting. Tous des influences pour moi. Je débite des mots. Je ne suis pas un parolier. Je ne suis pas Eminem. Je vis l’instant présent et je fais ce que je ressens.

Jim Carrey s’est moqué de la chanson dans In Living Colour en chantant une parodie intitulée « Imposter ». Qu’en penses-tu ?
C’était parfait ! Il n’avait pas tort ! [rires] Il est Canadien, c’est pour ça que je l’ai laissé faire. Weird Al nous a demandé la permission de parodier la chanson, mais on a dit non.

Quelle est la meilleure chose qui te soit arrivée à cause d’« Informer » ?
Je n’ai plus besoin de magouiller. Fini le crime. Ça, c’est ce qu’il y a de mieux. Par contre, l’envers de la médaille c’est que j’avais plus de fric, et j’ai commencé à boire trop. Mais j’ai arrêté. Je me suis débarrassé de cette mauvaise habitude.



GeoffroyLa leçon du jour : ne pas se fier aux apparences. Prenez Geoffroy, ancien candidat à La Voix sur TVA. Il y a trois mois, il lançait un premier album de pop électronique en anglais intitulé Coastline. Le timbre velouté, le ton mélancolico-romantique, les refrains simplement et bellement tournés, des collaborations avec ses semblables électropop Fjord et Men I Trust, la formule parfaite et moderne pour rafler des clics sur Spotify et YouTube. Eh ! bien, derrière l’image polie et séduisante se cache un jeune homme rompu aux coulisses de l’industrie de la musique, qui en parle avec la même passion qu’il mord dans sa carrière musicale.

Parlons business dans ce magazine autrement dédié aux créateurs, éditeurs et à leurs œuvres. Ayant été sélectionné pour la première vitrine SOCAN au Printemps de Bourges en avril 2017, il est aussi le seul auteur-compositeur-interprète québécois invité à participer au volet Accelerator de la 51e édition du MIDEM, du 6 au 9 juin 2017, à Cannes. Geoffroy se préparait au moment de notre entretien à brasser des affaires en plus de chanter la pomme aux Français.

Le MIDEM, il s’y connaît : « J’y suis allé quelques fois lorsque je travaillais dans l’industrie, nous explique-t-il, à la veille de son départ pour la Riviera. Après mes études à l’Université McGill, j’ai été engagé par la maison de disques Analekta, toujours présent au MIDEM. Le marché de la musique classique est en plein développement en Asie et il y a toujours beaucoup de délégués chinois à l’événement, tu sais. » Il y est ensuite retourné pendant ses études de maîtrise en gestion industrielle des arts et de la musique, qu’il a faites en Espagne.

« En tant qu’artiste, c’est utile de savoir comment parler à son gérant, comment bien parler à son éditeur, aux gens de son label, c’est pratique de connaître toutes les facettes du métier. »

« J’ai toujours eu un pied dans l’industrie de la musique, l’autre dans la création, dans le côté plus artiste, abonde Geoffroy. J’ai toujours fait de la musique pour mon propre plaisir, mais voilà, je ne sais pas… Je n’ai jamais eu le guts de mettre mon travail de créateur de l’avant. Je n’avais jamais envisagé une carrière d’artiste comme “plan A”, donc je me suis monté un solide “plan B” [en tant qu’acteur de l’industrie], un plan non seulement intéressant, mais qui m’est utile aujourd’hui. En tant qu’artiste, c’est utile de savoir comment parler à son gérant, comment bien parler à son éditeur, aux gens de son label, c’est pratique de connaître toutes les facettes du métier. »

Geoffroy a toujours fait de la musique « sans jamais prendre ça vraiment au sérieux » : leçons de piano vers l’âge de huit ans, puis de guitare et de batterie, puis des cours de chant « pour briser la carapace, pour me prouver à moi-même que je pouvais chanter. »

Il participe au populaire concours télévisuel La Voix au printemps 2014, puis lance un premier EP, Soaked in Gold, l’année suivante. « Après la sortie du premier EP, j’ai pris la mesure de la réception du public. Bonsound a embarqué dans le projet ; là, je me suis dit : Ok, peut-être qu’y’a du potentiel… J’ai foncé, pris deux ans pour écrire et enregistrer l’album Coastline, et me voici ici ».

À quelques heures d’un avion pour la France où l’attendent un concert et trois jours de rendez-vous avec des membres de l’industrie en Europe – où sa musique suscite un intérêt manifeste -, il a déjà signé avec une agence de booking française et envisage d’engager un pisteur radio pour assurer la diffusion des chansons de l’album, disponible là-bas en format numérique.

« L’industrie de la musique est très intéressante parce qu’elle est en constante évolution, estime Geoffroy. Y’a pas de formule magique pour obtenir le succès — évidemment, tout ça doit partir d’une bonne chanson… Après, c’est beaucoup de stratégie, de manière de mettre la musique sur le marché, on peut utiliser différentes stratégies de segmentations, c’est super intéressant… »

Chanter en anglais est une première stratégie qui maximise la portée d’une chanson… mais il n’y a pas de calcul dans ce choix artistique : « J’ai grandi à Notre-Dame-De-Grâce, dans une famille pas seulement francophone, mais francophile. J’ai grandi aussi avec des amis anglos ou bilingues ; j’ai fait mes études en anglais. »

GeoffroyAjoutez à cela les influences de la pop américaine qu’il écoutait plus jeune, tout ça fait « que ça sort mieux en anglais. J’ai essayé d’écrire en français, je n’ai jamais été satisfait du résultat. Je ne ferme pas la porte, cependant. Ces temps-ci, j’écoute beaucoup de musique haïtienne, beaucoup de kompa, je sais que c’est éloigné de la pop francophone, mais j’ai envie d’explorer ça. »

Et, simple curiosité, d’où vient cette pointe d’accent british dans tes interprétations ? « C’est drôle, on m’a déjà fait ce commentaire. Ça paraît sur certaines chansons, comme Trouble Child. Au moment d’enregistrer, j’étais sur un buzz d’écouter du Peter Gabriel et du David Bowie, je crois que je me suis mis dans la peau d’un personnage et j’ai enregistré ça comme ça. »

Autre idée préconçue à propos de Geoffroy : on croirait à l’écouter qu’il est originaire de la Capitale, qui ne semble pas à court d’artistes électropop chantant en anglais. « C’est sans doute grâce à La Voix, où j’ai rencontré Gabrielle Shonk », auteure-compositrice-interprète appartenant à cette tribu musicale de Québec. « Grâce à elle, j’ai rencontré toute cette gang de musiciens-producteurs de Québec. Ils sont vraiment tous très gentils, c’est cool travailler avec eux, les Men I Trust, Fjord. Ça me semblait juste naturel et amusant de travailler avec ces gens-là, sans penser stratégie. Tu sais, le monde de Québec a pas mal moins d’égo que le monde de Montréal, alors ça rend la chose agréable. »



Ariane Moffatt

Ariane Moffatt

Lorsque le grand manitou des FrancoFolies de Montréal, Laurent Saulnier, a contacté Ariane Moffatt cet hiver pour former Louve, ni l’un ni l’autre ne se doutait de la symbolique que prendrait le concert du groupe 100% féminin lors de l’événement de clôture du festival.

En réaction à la lettre d’opinion écrite par Laurence Nerbonne après un spectacle des Révélations Radio-Canadiennes où elle était la seule fille (« Moi pis mes bros only » publiée sur le site d’Urbania), le vice-président et responsable de la programmation des Francos voulait créer un spectacle « avec pas d’gars », sans pour autant le présenter comme un « show de filles ».

« J’ai accepté sans hésiter », se souvient Ariane. Je me suis retrouvée avec une carte blanche. Je devais monter un house band de filles. Je trouvais ça trippant, c’était pour moi un statement. Ça n’a pas pris de temps, les filles approchées m’ont dit oui. »

Marie-Pierre Arthur, Salomé Leclerc, Amylie, Laurence Lafond-Beaulne et Ariane Moffatt se sont ainsi retrouvées au centre de Louve, un nom révélateur de l’esprit de meute qui anime la formation. « On ne voulait pas appeler ça Les Louves parce qu’on trouvait que ça mettait trop l’emphase sur l’aspect groupe de filles », explique Amylie à l’origine de l’appellation.

Une fois le noyau stable en place, la rumeur s’est répandue. De nombreuses invitées se sont greffées à Louve : Safia Nolin, Klô Pelgag, Frannie Holder, Mara Tremblay, Jenny Salgado, Laurence Nerbonne, Les Hay Babies et autres surprises dévoilées lors du concert présenté le 18 juin 2017, à 19h, sur la Place des festivals.

« Si ça peut faire qu’un gars un peu mononcle se sente mal après avoir fait une joke sexiste du genre « tu joues bien pour une fille », le F.E.M. aura atteint une partie de son objectif », Marie-Pierre Arthur

2017 : l’année du réveil

Or, l’événement a pris un tout autre sens le 1er juin dernier, lorsque le regroupement Femmes en Musique (F.E.M.) a publié une lettre ouverte sur Facebook. Les 135 signataires, tous des femmes issues du milieu musical, y reprenaient le même constat que Laurence Nerbonne avait soulevé l’automne dernier : les filles sont sous-représentées dans le paysage musical.

Amylie, Salomé Leclerc

Amylie, Salomé Leclerc

« Entre chanteuses, musiciennes, auteures-compositrices-interprètes, techniciennes et autres intervenantes féminines du milieu, nous nous entendons toutes pour dire que le sexisme existe bel et bien dans l’industrie de la musique et que la plupart d’entre nous l’avons vécu, à un moment ou à un autre: ne serait-ce que par les préjugés véhiculés quant à nos connaissances de la technique ou de l’équipement, par la remise en doute de notre talent, de notre expérience ou de notre pertinence», souligne la lettre.

Il fallait bien que ça sorte un jour. Président de maison de disques, gérant, producteur, réalisateur, technicien de scène et de studio, musicien accompagnateur et même journaliste musique sont des professions à forte majorité masculines et difficiles à percer pour une femme qui s’y intéresse.

« Je ne pense pas que les gens du milieu sont mal attentionnés, poursuit Salomé Leclerc. Je connais plein de gars qui adorent travailler avec des filles autant sur scène qu’en studio. Je ne crois pas non plus que les programmateurs de festival soient de mauvaise foi, mais il y a des réflexes à avoir en 2017 avant d’envoyer son affiche chez l’imprimeur. Je pense que les discussions soulevées par le F.E.M. aident à réveiller les mentalités. »

Si Salomé Leclerc fait référence aux programmateurs de festival, c’est que le résultat de leur travail est facilement quantifiable. Selon le Journal de Montréal, 27% des têtes d’affiches du Festival international de Jazz de Montréal sont des femmes. Le chiffre passe à 22% pour le Festival d’Été de Québec, 20% pour le Festival de la poutine de Drummondville et seulement 8% pour Jonquière en Musique. Les festivals Diapason à Laval, Grandes Fêtes Telus à Rimouski et Festirame à Alma ont aussi été pointés du doigt sur la page Facebook du F.E.M.

« C’est en voyant les programmations de festivals sortir que le regroupement s’est créé, souligne Ariane Moffatt. Au début, nous étions peut-être une vingtaine à s’échanger des messages privés sur Facebook. Nous commentions avec frustration le manque de filles. À un certain point, on s’est dit que c’en était assez, qu’il fallait sortir publiquement. »

« Les programmateurs n’ont plus d’excuse, explique Laurence Lafond-Beaulne. Selon la Société professionnelle des auteurs et des compositeurs du Québec, il y a presque autant de femmes que d’hommes parmi les auteurs-compositeurs-interprètes recensés. Une toute nouvelle cohorte de femmes sont arrivées dans le milieu musical au cours des dix dernières années. Le talent est là, les chiffres de vente le prouvent. Pourquoi ne se faufilent-elles pas au sommet de l’affiche ? On veut faire évoluer le système. »

Une question d’éducation

Cette nouvelle génération de femmes n’est d’ailleurs pas étrangère au mouvement féministe qui secoue aussi le milieu du théâtre (le regroupement Femmes pour l’équité en théâtre est né en janvier) et du cinéma : ces derniers mois, la SODEC, l’ONF et Téléfilm Canada ont tour à tour pris des mesures pour favoriser la parité homme / femme chez les cinéastes.

« Je pense qu’il y a présentement un engouement pour tout ce qui a trait à la représentation des femmes, analyse Ariane Moffatt. Je vais me faire taper sur les doigts par mes pairs, mais si tu m’avais demandé si j’étais féministe au début de ma carrière, je n’aurais pas osé te répondre. Mais là, il y a tout un mouvement mené par une génération de chanteuses qui ont 25, 30 ou 35 ans et qui ont envie de sensibiliser les gens aux différents enjeux sociaux. Ça se passe dans le milieu culturel, mais aussi dans toutes les autres sphères de la société. »

Laurence Lafond-Beaulne, Marie-Pierre Arthur

Laurence Lafond-Beaulne, Marie-Pierre Arthur

« Si ça peut faire qu’un gars un peu mononcle se sente mal après avoir fait une joke sexiste du genre « tu joues bien pour une fille », le F.E.M. aura atteint une partie de son objectif », avance Marie-Pierre Arthur. Je demandais l’autre jour à mon fils s’il pensait que les gars jouaient mieux de la musique que les filles. Il m’a regardé avec un gros point d’interrogation dans le visage. Pour lui, la question ne faisait aucun sens, car il est habitué de voir autant son père (le claviériste François Lafontaine) que sa mère sur un stage. L’important est qu’on continue de donner l’exemple pour la prochaine génération de filles qui voudront faire de la musique. Tu veux jouer du drum, de la basse ou réaliser des albums ? C’est possible ! »

Selon Amylie, le manque d’exemples féminins forts lui a nui lorsqu’elle a amorcé sa carrière musicale il y a 10 ans. « J’ai dû traverser plusieurs étapes pour être capable d’assumer ma place parmi les gars avec qui je travaillais. Ça m’a pris du temps avant d’avoir la confiance pour réaliser mon propre album (Les Éclats lancé l’an dernier). Juste pour assumer mes choix musicaux et dire à un batteur ce que je voulais comme rythme m’a demandé de mettre des culottes que je ne croyais même pas avoir. Le syndrome de la gêne et de la timidité, je ne sais pas d’où ça vient, mais c’est un problème qui suit les femmes, qu’on soit en musique ou non. Et quand on veut prendre notre place, on se fait dire de prendre notre trou. Si on parle fort, on se fait traiter d’hystérique. La peur de se faire juger peut donner le goût de rester dans son coin. Plus il y aura de femmes qui prendront leur place en musique, plus les mentalités évolueront. »

Éveiller les consciences, changer les réflexes, donner l’exemple aux générations futures… Visiblement, le F.E.M. a d’abord un rôle d’éducation. Quelles seront ses prochaines actions ? « Une discussion entre nous s’impose », rétorque Ariane Moffatt en faisait allusion à la première grande réunion que tiendra le regroupement le 21 juin au Lion d’Or. « On verra ce qui sort de là, mais il devrait y avoir des actions concrètes. »

D’ici là, le concert de Louve prévu trois jours plus tôt aura des allures de manifeste. « D’après ce qui se dégage des répétitions, on semble avoir envie de rocker, pressent Marie-Pierre Arthur. Il y a un côté rock brut et presque grunge punk qui nous anime. Je ne pense pas qu’on sera sage sage. »

Risque-t-on de voir Louve sur scène en dehors des FrancoFolies ? « Pour l’instant, il n’y a rien d’autre de prévu, révèle Ariane. Mais disons que ce serait dommage de s’arrêter après un seul concert. »

À voir la détermination des cinq protagonistes, gageons que Louve n’est pas près de se taire.