Porte-étendard officiel de ce qui fait vibrer la scène locale, CISM, la radio étudiante de l’Université de Montréal, souffle 25 bougies ces jours-ci. Et si le chemin parcouru se targue d’un noble mandat, le 89,3FM regarde plus que jamais droit devant. La nostalgie? Très peu pour eux. « Nous sommes une radio de découvertes, pas de nostalgie. Quand on nous syntonise, il y a de fortes chances de n’avoir jamais entendu ce qui y joue ailleurs. C’est sa force et, par moment, sa faiblesse », lance Jarrett Mann, directeur général de la station.

Faiblesse dans la mesure où la formule traditionnelle impose aux radios commerciales de fidéliser leur auditoire à grands coups de redites et autres succès-souvenirs. Qu’à cela ne tienne, c’est bel et bien en tirant dans tous les sens que la station – dotée de l’antenne étudiante la plus puissante au monde, couvrant quelque 70 km à la ronde – rencontre son public dans la marge, en s’appuyant sur une programmation relevée, hirsute et sans compromis. Et si l’écoute demande un certain effort, des dires du principal intéressé, une vaste pléthore des grands créateurs de la chanson actuelle y a fait ses premiers balbutiements à travers son histoire. Avec le million d’écoutes en ligne récemment atteint sur sa plateforme web, CISM prouve qu’il suffit souvent d’inviter son public vers de nouveaux horizons pour mieux le rencontrer. Même dans la marge.

« Une station comme CISM nous frappe par sa diversité et nous transporte vers la découverte. » – Olivier Langevin, Galaxie

Le cas de Louis-Jean Cormier est un des plus probants. Il y a de cela un an quasi jour pour jour, l’auteur-compositeur diffusait son dernier opus, Les artères, en écoute intégrale et exclusive sur le site web de CISM. Une façon pour l’artiste de remercier la station en soulignant l’importance de la plateforme de diffusion qu’elle incarne pour quantité de ses collègues en début de carrière.  « Le site a planté dans la première heure! », se souvient Mann. Mais le coup de chapeau demeure un des gros coups de la dernière année.

Même son de cloche du côté d’Olivier Langevin, leader de Galaxie, qui sera des festivités du 25e aux côtés des Hôtesses d’Hilaire et I.D.A.L.G. : « Une station comme CISM nous frappe par sa diversité et nous transporte vers la découverte. À l’affût de ce qui se fait de bien à travers les masses de musique qui nous sont offertes, je crois qu’elle est d’une importance capitale. »

Le bonheur est dans la niche

CISMLe pari de la découverte en est aussi un qui fait briller de tous ses feux les genres plus nichés visant des publics plus avertis, mais tout aussi fidèles que la masse, sinon plus. Et le rock garage ne pourrait être mieux servi que par Nous sommes les rockers, émission animée avec brio par Romanne Blouin, férue du genre dans toutes ses incarnations : «  je trouve ça très sain pour le paysage culturel, qu’il existe une telle alternative francophone aux médias traditionnels. Cela a un impact positif auprès des bands dont la musique est diffusée à CISM, mais aussi sur les auditeurs qui ne se reconnaissent pas nécessairement dans ce qui passe ailleurs sur la bande FM. »

De son côté, Benoît Beaudry est à la barre de Ghetto Érudit, devenu une incontournable plateforme pour le hip-hop, un genre particulièrement boudé par le circuit commercial. L’homme y trouve toute sa pertinence depuis maintenant une décennie, et pour cause: «  C’est LA station qui permet de rester à jour sur les nouveautés musicales québécoises, tous styles confondus. […] En plus, c’est un formidable laboratoire en permettant une grande liberté aux animateurs pour proposer du contenu différent. »

Et le titre qui a le plus tourné depuis que CISM comptabilise ses données? Magique de We Are Wolves – également de la partie pour les festivités du 25e – comptabilisée à quelques centaines de rotations depuis sa sortie. Alex Ortiz, leader de We Are Wolves, s’en trouve le premier un brin soufflé : « J’ai vraiment été surpris, je me suis demandé si ce n’était pas une arnaque », rigole-t-il. Et si l’artiste apprécie le souci de promotion locale au cœur du mandat de la station, il se souvient surtout de quelques moments où il entendait un band qui le branchait et avec qui il se retrouvait à partager la scène quelques mois plus tard. Les grands esprits se rencontrent, disait l’autre.

CISM 3.0

CISMEt les 25 prochaines années pour CISM? « On est dans les tops sur le web. Et on est une sacrée bonne référence en matière de nouvelles musiques. Il y a une chose qui a évolué avec les dernières années. Il y avait l’étiquette de radio étudiante (au sens péjoratif) qui s’est un peu dissipée au profit de la signature web », se réjouit Jarrett Mann.

L’essentiel, donc? Persister sur sa lancée : « Le virage numérique est loin d’être terminé. Je souhaite qu’on reste à l’affut des nouvelles technologies. En ce moment c’est la tablette, les téléphones. Il faut rester au fait des développements qui sont fulgurants. CISM se veut jeune et à l’avant-garde, si on veut que les gens nous écoutent et nous appuient, il faut s’adresser à eux! »

Benoît Beaudry : « Je souhaite à CISM de continuer à être indispensable pour Montréal, de continuer à se renouveler quotidiennement. Et surtout de toujours rester pertinente, à l’avant-garde et demeurer un tremplin pour la relève ainsi que pour ses artisans. »

À l’avant-garde depuis 25 années; à l’affût pour les 25 à venir. Longue vie à La Marge!

CISM célèbre ses 25 ans en musique lors de trois soirées de concerts qui promettent d’être mémorables :
We Are Wolves – 31 mars 2016, au Divan Orange (Montréal)
Loud Lary Ajust / Brown / Rednext Level  – 1er avril 2016, à la S.A.T. (Montréal)
Galaxie / Les Hôtesses d’Hilaire / I.D.A.L.G. – 2 avril 2016, au Club Soda (Montréal)