Il y a au Canada une importante cohorte de talents musicaux émergents de l’Asie du Sud qui font des vagues à Bollywood. De nombreux compositeurs et auteurs-compositeurs indiens de Bollywood deviennent membres la SOCAN. Pour souligner leur impact croissant, nous vous présentons une série de reportages intitulés Bollywood Nord. Faites connaissance avec Salim Merchant de Salim-Sulaiman.
Je ne connais pas beaucoup d’artistes qui diraient qu’être « kidnappé » par l’industrie est une bonne chose. Or voilà, je n’ai pas rencontré beaucoup d’artistes qui sont aussi optimistes que Salim Merchant.
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L’auteur-compositeur basé à Mumbai est la moitié du duo Salim-Sulaiman en compagnie de son frère Sulaiman Merchant. Ensemble, ils ont composé les trames sonores et des chansons pour plus de 100 films bollywodiens, des comédies aux films d’amour en passant par des histoires d’horreur surnaturelles. Pour ne citer qu’un exemple parmi tant d’autres, le thème de Chak de India – un drame sur le hockey sur gazon féminin sorti en 2007 – est devenu un hymne officieux lors de toutes sortes d’événements sportifs en Inde.
Ce n’était pas prévu. Les frères se sont graduellement bâti une carrière dans les années 90 en écrivant des « jingles » et en produisant des groupes pop et rap. Une rencontre fortuite en studio avec le réalisateur Sanjay Gupta a débouché sur une commande pour son film Hameshaa (1997). Leur composition Beyond Eternity est devenue la chanson thème du film.
« Le résultat, c’est que j’ai été complètement kidnappé par l’industrie cinématographique et je n’ai travaillé que pour le cinéma pendant 20 ans », nous explique Salim lors d’un appel vidéo. « Je me trouve très chanceux, parce qu’on a travaillé sur de très gros films et des trames sonores vraiment formidables… Des fois c’est un film de sport, des fois c’est un film d’horreur. Des fois je fais aussi des films underground et je dois arriver avec une “vibe” plus urbaine ou hip-hop. D’autres fois, je travaille sur un film futuriste qui m’emmène du côté de l’électronique, et le reste du temps je suis dans la musique folklorique et assez orchestrale. Je suis super reconnaissant pour ça. »
Mais n’allez pas croire que le cinéma est la seule chose à l’agenda de Salim-Sulaiman. En plus des trames sonores pour Bollywood, le duo a également remixé Lady Gaga (« Born This Way », « Judas ») et Enrique Iglesias (« I’m a Freak ») et participé à l’écriture du thème de la Coupe du Monde de la FIFA en 2010, « Africa—You’re a Star ». En 2009, ils ont été nommés pour un Daytime Emmy Award dans la catégorie Chanson originale exceptionnelle pour « We Like Being Small » écrite pour l’émission d’animation de Nickelodeon Wonder Pets! Salim a également été juge pour la version indienne des célèbres concours de chant télévisés Indian Idol et The Voice India. Salim-Sulaiman se produit régulièrement sur scène dans un spectacle où ils mélangent la musique sacrée des traditions soufi du monde entier. C’est lors d’une tournée au Canada qu’ils ont entendu parler de la SOCAN et décidé d’en devenir membres.
« J’étais étonné de voir le nombre d’Indiens, de Pakistanais et de gens de l’Asie du sud quand je voyageais [à travers le Canada] », avoue Salim. « Il y a un immense respect pour tous les genres de musique. J’en ai appris un peu plus sur la SOCAN. C’est pas simplement une société qui perçoit des redevances : c’est une communauté. Elle a une très belle culture d’apprentissage et d’échanges qui inspire les gens. J’ai trouvé ça incroyablement inspirant. »
Sélectionnez l’image pour faire jouer la vidéo YouTube de la chanson aAfrica – You’re a Star par Salim-Sulaiman
Fils du compositeur à l’image Sadruddin Merchant, les garçons ont grandi entourés de musique et ont commencé à en jouer dès qu’ils ont pu tenir des instruments. « J’étudiais le piano et lui aussi. J’étudiais la batterie, et lui aussi », raconte Salim au sujet de sa jeunesse avec son grand frère. « Mais la batterie ne m’a pas réussi parce que j’étais trop jeune pour coordonner les mains et mes jambes, alors je m’en suis tenu aux claviers. C’était une excellente synergie mélodie-rythme. Tout ça pour dire qu’on est devenu des partenaires musicaux très tôt. Ça fait maintenant 32 ans et c’est fabuleux. »
Parmi ses nombreuses réalisations, Salim est particulièrement fier d’un projet en cours, Bhoomi, qui célèbre la diversité de la musique folklorique indienne. Inspiré par les rayons de musique du monde des magasins de disques lors de ses tournées où il ne trouvait pas grand-chose de son propre pays, Salim a commencé à sillonner l’Inde pour enregistrer des chansons traditionnelles avec des chanteurs folkloriques estimés avant de les produire dans un style contemporain. Ces compilations annuelles – que Salim qualifie de « saisons » – sont lancées sur le propre label de Salim-Sulaiman, Merchant Records. En 2023, ils ont transporté Bhoomi dans le métavers. En 2024, ils ont élargi leurs horizons en incluant des artistes internationaux.
Salim dit qu’il se considère d’abord comme un compositeur à l’image et ensuite comme un auteur-compositeur, mais qu’il est ravi de voir plus de musique indienne rejoindre les fans en dehors du système des trames sonores bollywoodiennes.
« C’est quand même drôle que les vidéoclips aient tué la radio, Internet a tué les vidéos et là c’est comme si on revenait à l’audio », dit-il. « Fut un temps où ça prenait de gros noms, des acteurs très connus. On n’avait pas vraiment d’industrie du disque dans notre pays. Mais on avait une industrie du film. La musique indépendante était une toute minuscule part du marché. Aujourd’hui, si tu cliques sur n’importe quelle chanson sur n’importe quelle plateforme de “streaming”, tu ne vois pas le nom de l’acteur, tu vois le nom de l’artiste, c’est c’est génial! Je suis vraiment content et je crois que c’est un changement très positif pour les gens qui créent cette forme d’art. C’est un changement magnifique. »
Salim-Sulaiman seront en spectacle à Calgary, Toronto et Vancouver en juin et juillet dans le cadre de leur tournée nord-américaine 2024.