L’artiste hip-hop DillanPonders (sans espace) donne tout ce qu’il a dans tout ce qu’il fait, que ce soit ses dépendances passées, lancer de la musique ou courir, c’est un absolutiste. Juste en 2024, il a lancé 82 chansons sur les services numériques et il a complété 100 marathons en 100 jours.

Il y a trois ans, alors qu’il était un alcoolique invétéré et un toxicomane en voie de guérison, il a eu une épiphanie alors qu’il était en vacances en République dominicaine avec sa fiancée pour son trentième anniversaire : trop c’est trop, il voulait se refaire une santé. Il a arrêté de boire d’un coup sec le 13 novembre 2021 et, le lendemain, il a fait une course pieds nus « inconfortable » sur la plage, course qui s’est transformée en engagement qui a changé sa vie une fois rentré chez lui à Toronto.

DillanPonders, DILLANCONQUERS4, video

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Inspiré par le Néo-Écossais Ryan Keeping, qui a traversé le Canada en 99 jours en 2024, pour soutenir la Fondation des maladies du cœur, DillanPonders – alias Dillan King – a décidé de s’entraîner pour atteindre un objectif remarquable : collecter des fonds et sensibiliser le public à la santé mentale des hommes, en complétant 100 marathons en 100 jours. Il a commencé le 17 juin et terminé le 24 septembre. C’est 42,2 kilomètres chaque jour! Il a perdu des ongles d’orteils et, miraculeusement, il n’a subi aucune blessure.

« Il y a plein d’hommes qui souffrent en silence à cause de leurs problèmes de santé mentale, alors je me suis lancé et j’ai souffert aussi fort que je pouvais, mais de manière positive », explique l’artiste. « Ces marathons quotidiens étaient ma façon de sensibiliser le public à une cause qui me tient vraiment à cœur. »

« Les hommes représentent soixante-quinze pour cent des suicides, si ce n’est pas plus, et nous vivons dans une société qui associe la vulnérabilité et l’ouverture à la faiblesse pour les hommes », poursuit-il. « Beaucoup d’hommes ne se confient pas, ne vont pas en thérapie, ne sont pas diagnostiqués et finissent par se droguer ou ne parlent à personne et ne se sentent pas entendus. Je voulais faire quelque chose qui permet aux gens d’avoir des conversations qu’ils n’ont pas normalement. »

Ponders, qui a eu 33 ans le 11 novembre 2024, a également découvert, comme de nombreux artistes, qu’il était plus productif lorsqu’il était sobre. Depuis août 2022, il sort une chanson par semaine, sur tous les DSP, et occasionnellement des chansons supplémentaires. Certaines semaines, il en sort deux ou trois, qu’il mixe et masterise lui-même.

« Je ne produisais pas autant avant », confie-t-il. « Pendant mes cinq ou six premières années de création, ça me prenait beaucoup plus de temps pour finir quelque chose. Là, je m’en vais sur 15 ans de création et je n’ai absolument pas peur de partager la musique dont je suis fier. Je suis dans un état d’esprit très agréable depuis trois ans et j’ai hâte de continuer. »

« Je me suis lancé et j’ai souffert aussi fort que je pouvais »

Un parolier, qu’il soit ivre ou sobre, avec ou sans abri, coureur ou sédentaire, utilise sa musique comme « une sorte de purge », dit Ponders. « Quand j’ai lâché la drogue, je faisais de la musique autour de ça », continue le rappeur. Quand, un peu plus tard, il a également arrêté de boire, il n’a pas pu s’empêcher d’être légèrement inquiet que sa musique en souffre peut-être. « Je savais qu’arrêter de boire aurait un effet sur mon processus créatif, mais en vrai, je fais la meilleure et la plus honnête musique de ma vie depuis ce temps-là. »

Ponders jouait au basketball et au rugby quand il était au secondaire, et il n’avait pas couru depuis l’âge de 18 ans. Un an plus tard, il a commencé à créer de la musique – et à consommer des drogues, une habitude qui est devenue de pis en pis au fil de la décennie qui suivra. « Je prenais de la coke, des oxys, du Xanax, de l’ecstasy, du MDMA », avoue-t-il. Bien qu’il se soit débarrassé des drogues par lui-même à l’âge de 28 ans, « toute une décennie s’est écoulée durant laquelle mon nom était associé aux partys et à l’alcool. »  Et les titres de ses parutions en sont autant de témoignages. Son premier album, paru en 2012, s’intitulait Dopamine, et il a enchaîné avec le EP Comatose, puis LUST, le primé Overdose et NUMB, tout ça en moins de deux ans, avant le lancer son deuxième album, The Boy Who Lived en 2014. On retrouve parmi ses autres titres Retox (2015) et The Boy Who Died (2018).

Ponders a même été sans-abri et il dormait parfois chez ses « pushers ». Il envisageait de se prendre en main depuis un certain temps quand il a décidé d’arrêter de boire en République dominicaine. Quand il a commencé la course à pied, il n’a plus regardé en arrière. Il n’a pas fait de longues recherches sur les bons souliers et il n’écoutait pas de musique ou de balados de motivation en courant. « J’étais entièrement plongé dans mon inconfort, mais je me sentais tellement bien après », dit-il. « J’étais fier de moi. Chaque fois que je buvais ou que je consommais quoi que ce soit, je ne me sentais jamais fier de moi. »

DillanPonders, Not For Radio, video

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Il n’est jamais allé à une réunion des Alcooliques anonymes ou des Narcotiques anonymes, il a simplement arrêté de lui-même. « Si t’as envie de faire quelque chose de négatif, fais quelque chose de positif à la place, et ces actions vont tranquillement devenir des habitudes », dit-il. « J’ai mis ce mantra au centre de ma façon de penser et j’y revenais chaque fois que j’avais envie de boire. Je savais que si je courais chaque fois que j’avais envie de boire, je créerais probablement un nouveau moi. Quand nous sommes rentrés à Toronto, la première semaine je ne pouvais pas courir plus qu’un kilomètre, mais après 10 jours de course, j’ai couru deux kilomètres et j’étais super content de constater mon progrès! »

Mais après un mois de course, il avait tellement mal aux pieds qu’il a décidé d’investir dans de bons souliers. Les étapes suivantes ont été de se renseigner sur l’alimentation, les étirements et le bon équipement. Quelques mois plus tard, il s’est inscrit au marathon de Toronto, puis à une autre et ensuite à un ultramarathon. « Tout ça moins d’un an après avoir commencé à courir », dit-il. « Mon autre mantra était “accueille la douleur, accepte l’inconfort”. » Après l’été 2023, il a couru plus de 160 kilomètres par semaine pendant 20 semaines. « Je me lançais toujours des défis et ça m’a aidé à évoluer physiquement et mentalement », confie le marathonien.

Ponders travaille également sur un livre de pensées inspirantes et de conseils qui lui ont été d’un grand secours. Le bouquin sortira en 2025. « J’ai connu la dépendance, l’itinérance et l’alcoolisme et je voulais partager un peu de cette énergie avec les gens qui n’ont pas d’espoir », explique-t-il. « Écrire un livre est très différent de mon processus d’écriture de la musique, qui est incroyablement méticuleux. Certains chapitres traitent du fait qu’il n’y a pas de mal à ne pas aller bien. D’autres chapitres traitent de la métamorphose de ton traumatisme. D’autres chapitres parlent de confiance en soi. »

« Le livre est conçu pour encourager et inspirer les gens à regarder à l’intérieur pour potentiellement débloquer la meilleure version possible d’eux-mêmes. »