J-F et Paige se sont vus pour la première fois alors qu’ils voyageaient dans le désert du Nevada, puis ils n’ont plus eu envie de rentrer à la maison. En voyage ensemble dans l’Ouest américain, le Québécois et la Géorgienne, tous deux musiciens, ont décidé de partager leurs influences. En rentrant à Montréal, ils sont devenus le duo MIELS et même en restant ici, leur rock électro nous fait voyager. Leur musique née dans le désert parlait de ce qui était là : l’espace, la chaleur, l’amour naissant. Puis l’histoire s’est renouvelée dans d’autres paysages. Ils ont trouvé la musique partout autour.

En s’installant au Québec, Paige a tout de suite voulu traduire en français toutes les notes en anglais qui se trouvaient dans son carnet de voyage. « Quand j’ai déménagé à Montréal, j’étais surprise parce qu’il y a beaucoup de francophones qui ont des bands en anglais et je voulais juste faire l’inverse, se rappelle Paige en riant. C’était important pour moi de poursuivre ma carrière musicale en français. »

« Vu que je suis francophone, j’avais oublié c’était quoi avoir des mots préférés pour aucune raison et j’aime voir comment Paige s’amuse avec la langue qu’elle apprend », ajoute J-F. Voyager au Québec porte ainsi une vocation toute particulière pour le duo qui en profite pour s’imprégner de diverses sonorités issues des endroits visités et des accents qui leurs sont propres.

Dans les mois qui ont suivi leur rencontre, Paige et J-F se sont fait découvrir mutuellement des univers musicaux, la première s’intéressant vivement aux vieux classiques rock québécois qu’elle n’avait évidemment jamais entendus. « Elle a vraiment aimé Pagliaro, par exemple et moi, ça m’a ramené dans le rock d’ici d’une autre époque et ça m’a donné envie de ramener certaines choses du passé dans la musique qu’on fait aujourd’hui, explique J-F. Avant que Paige déménage, je lui envoyais des vinyles par la poste. Je l’ai vite convertie à Jean Leloup », se rappelle-t-il.

Sa nouvelle langue, Paige l’a apprise à travers la musique, ce qui est, selon elle, « beaucoup mieux qu’un cours traditionnel ». Hormis le rock du passé, le duo a tout de suite voulu faire ressentir l’absence d’immobilité dans leur projet. « On s’est rencontrés en voyage et ensuite, chaque fois qu’on se voyait, on faisait un road trip », ressasse J-F. Leur premier album, Prends-moi comme la mort (mai 2021) se présente ainsi comme une œuvre très intime. « C’est la chronologie de nos voyages en musique, un hommage à tout ce qu’on avait écrit, respectivement dans nos cahiers, sur la route aux États-Unis », dit J-F.

Quelques spectacles au FME et au Taverne Tour, entre autres, ont tracé de nouvelles avenues pour le couple qui s’est laissé influencer par ce qui devient plaisant sur scène. « On était partis d’un genre de rock blues, se souvient Paige, mais sur scène, ce qui était l’fun, c’était de se rapprocher de l’électro, avec des backtracks de drum. Un genre d’électro-rock du début des années 2000. »

MIELS s’est laissé envouter par tous les possibles de la spontanéité. En formule duo, tout était possible ou presque pour eux. « Plus on écrivait et plus on se voyait bien dans l’idée de n’être que nous deux, mais avec des membres ajoutés quand ça nous plaît et si ça nous plaît, explique J-F. Les White Stripes sont devenus une grande inspiration : quelque chose qui vit aussi bien à deux qu’à plusieurs. »

« Il y a des défis d’adaptation entre la scène et le studio, mais on peut improviser », dit Paige. « T’as ton équipement dans la valise, tu peux faire un show n’importe où, ajoute J-F. Oui, ça change notre son et ça change notre méthode parce qu’on est toujours en train de créer en se demandant si ça se fait à deux. Cependant, ça fait en sorte qu’on n’a jamais de limite. On peut déménager en Europe la semaine prochaine. »

Le deuxième album, préparé durant la pandémie, s’est déployé dans cette mentalité plus minimaliste, tout en ne sacrifiant jamais le désir de faire « du gros bruit ».

Dans tous les cas, le seul endroit où MIELS puise la suite des choses, c’est dans les voyages. « On a fait des voyages entre les quatre murs de notre appartement durant la pandémie, rigole Paige. C’était une autre sorte de voyage. On veut aussi faire le Canada au complet dans notre van. »

« On trouvait ça difficile d’écrire dans notre cuisine donc on a passé deux mois sur la route l’an dernier avec la guitare ploguée dans le lecteur cassette, raconte J-F. On a fait du camping dans le bois pour laisser la nature nous dicter la suite. »

Le duo continuera toujours de composer, le regard tourné vers ce qu’il y a dehors. « On est tout le temps en train de noter et de regarder les choses, conclut Paige. J’entends des sons que je n’ai jamais entendus avant dans la bouche des gens d’ici et j’ai envie de les reproduire et d’en connaître plus. Je n’aurai jamais fini d’apprendre. »