Né à Dakar au Sénégal en 1984, Karim Ouellet a voyagé pendant toute sa jeunesse : France, Sénégal, Rwanda, Tunisie, avant de finalement s’installer au Québec en 2002. Pas étonnant lorsqu’on apprend que son père (un diplomate québécois) avait des contrats dans divers pays. L’histoire se répétait à chaque fois : la petite famille suivait le patriarche et déménageait ses pénates. C’est à l’âge de 11 ans que Karim commence à gratter la guitare et devient entiché de l’instrument qu’il trimballe partout. Aujourd’hui, lorsqu’on lui demande qui sont ses héros musicaux, il réagit vivement : il n’est pas question d’un musicien en particulier, mais plutôt d’un instrument. « Pour être honnête, ce ne sont pas vraiment des groupes ou des artistes qui m’ont marqué sur le plan musical. Un jour, l’ami d’un de mes amis est arrivé chez moi avec une guitare électrique. C’est à ce moment précis que je me suis dit : “Wow! J’ai envie d’en jouer!” J’ai véritablement eu le coup de foudre pour cet instrument dès le premier coup d’œil, » explique-t-il, la voix vibrante.

Peu à peu, il commence à écrire des chansons qu’il n’ose faire entendre à personne au sein de sa famille d’adoption. Plus tard, il devient collaborateur du groupe hip-hop québécois CEA et membre du collectif Movèzerbe. Et c’est en février 2011 qu’il largue un premier album solo, Plume. Véritable touche-à-tout en studio (en plus de la guitare, il joue des claviers, du piano, de la contrebasse et de la batterie), Karim souhaitait bien s’entourer. Épaulé par Claude Bégin et Thomas Gagnon-Coupal (pour les arrangements et la réalisation), le multi-instrumentiste a néanmoins signé la presque totalité des titres (paroles et musiques).

« C’est simple. Je veux aller le plus loin possible dans ce métier pour un artiste francophone. »

Avec son alliage de reggae, d’électro, de soul et de folk dans un enrobage pop, le disque a de quoi déstabiliser l’amateur de hip-hop. « En réalité, le hip-hop est un éloignement de ce que je faisais tout seul dans ma chambre avec ma guitare, précise-t-il. Les gens me connaissaient pour ce que j’avais fait dans le rap simplement parce que ces albums se retrouvaient dans les magasins et qu’il y avait des clips à la télé. Les styles variés que l’on retrouve sur Plume me représentent beaucoup plus. Le hip-hop fut une expérimentation. Rien de plus. Je n’aurai jamais le talent pour en faire un album complet. Avec Movèzerbe, j’étais entouré d’excellents rappeurs, alors ça ne me gênait pas de faire un verse de temps en temps, mais ça s’arrête là! »

Leçon d’humilité
Finaliste de l’édition 2011 des Francouvertes ainsi que du Festival de la chanson de Granby (2009), Karim a retenu une précieuse leçon à la sortie de ce dernier concours. « Granby m’a apporté une grande leçon d’humilité parce que je suis revenu à la maison bredouille. Aucun prix après tout ce parcours. Je n’étais pas fâché ni frustré, mais plutôt triste. Je trouvais ça plate de me retrouver en finale pour rien. Je me posais mille questions. Je me demandais si j’avais pris la place de quelqu’un. Ça m’a laissé tout croche parce que je ne comprenais pas. J’ai appris qu’on ne sait jamais ce qui peut se passer avec les concours. Il n’y a pas de garantie de récompense au bout. L’essentiel, c’est d’être monté sur scène et d’avoir donné tout ce que je pouvais. »

De l’ambition à revendre
Depuis ce temps, le versatile Sénégalais d’origine s’est retroussé les manches et on a pu le voir sur de nombreuses scènes. Il s’est même arrêté au Sentier des Halles de Paris en janvier dernier. Pas de doute possible, le jeune homme a de l’ambition. « C’est simple. Je veux aller le plus loin possible dans ce métier pour un artiste francophone. Dans cinq ans, j’espère être pas mal plus connu des gens du Québec. Je souhaite aussi qu’il y ait un bon développement en France. Et je pense que tout ça est faisable, » soutient-il.

Fier produit de la capitale nationale, Ouellet se fraye un chemin, lentement mais sûrement, dans la jungle de la pop québécoise. Et comment le principal intéressé compte-t-il se démarquer au sein de ce marché déjà passablement saturé? « Plus on va taper sur le clou, plus je vais me faire connaître. Pour l’instant, je suis conscient que je vais aller chercher cette visibilité en multipliant les projets et les spectacles. Tu sais, je suis content qu’on m’appose une étiquette d’artiste pop pour l’instant, mais j’ai l’impression que ça changera éventuellement. Avec le recul, je trouve ça un peu général comme terme. Ça ne veut rien dire. Ou tout dire. Un moment donné le mot “pop” deviendra autre chose, » espère-t-il.

En plus de participer à une poignée de festivals cet été, Karim poursuivra le travail d’écriture d’un deuxième album qui, idéalement, pourrait voir le jour cet automne. « C’est comme ça que je le ressens. J’ai vraiment envie d’écrire des chansons maintenant. Pas question d’attendre. Je trouve que le timing est bon. Il ne faut pas laisser trop de temps s’écouler entre les projets. Dès que l’on crée la moindre petite vague, il faut surfer dessus avant qu’elle ne redescende. » Éventuellement, on souhaite que la vague devienne un raz-de-marée.