À tout problème, sa solution. « Notre but, c’est de faciliter l’accès des marques à de la bonne musique existante », résume Philippe-Aubert Messier, président et cofondateur du Apollo Music Store, une start-up montréalaise qui met à la disposition des entreprises et publicitaires un catalogue de chansons pour usage promotionnel. Le truc? Simplifier la découverte et la gestion des droits d’auteur pour que ces enregistrements soient accessibles et utilisables dans une pub en moins de cinq minutes. « Dix, si c’est ma mère qui remplit le formulaire en ligne », badine Messier.

Philippe-Aubert Messier

Philippe-Aubert Messier

« Notre positionnement [dans le marché] est clair : on ne fait pas de musique de jeux vidéo, pas de musique pour la télé ou le cinéma, toutes des choses auxquelles j’ai touché dans le passé ». Le répertoire musical d’une centaine de catalogues représentant plus d’un millier d’artistes recensés par la plate-forme Apollo vise la publicité, « à la télé, à la radio, mais surtout aujourd’hui pour tous les formats web comme des vidéos promotionnels qui sont produits en grande quantité par les marques » comme Ford, Adidas, Absolut Vodka qui ont travaillé avec le catalogue du Apollo Music Store.

Simple comme bonjour : en arrivant sur le site, on s’ouvre d’abord un compte client pour ensuite survoler un répertoire musical à l’aide de catégories expressionnistes du genre « rythmé », « accrocheur », « organique », « groovy », « rêvasseur », vous voyez le genre. Le publicitaire accroche sur une chanson : disons Her, une ritournelle pop électronique entraînante d’un duo britannique nommé Seawaves que l’on peut écouter en entier. Clic! Dans le panier d’achats. On choisit ensuite son usage – prenons par exemple pour une campagne sur la télé et l’internet, puis on détermine la durée, disons pour diffusion durant six mois. On choisit le nombre de capsules publicitaires dans laquelle sera utilisée la chanson, puis le territoire dans lequel sera diffusée la publicité – local ou international. Un tarif est alors fixé; on passe enfin à la caisse virtuelle, et le tour est joué.

Musicien et entrepreneur, cofondateur et jadis copropriétaire durant une quinzaine d’années des studios de production sonore et musicale Apollo installés à Montréal et Toronto, Messier se dressait « au milieu de [toute la transaction de compositions] parce que je faisais et vendais de la musique pour des productions [audiovisuelles] et qu’en plus, j’étais responsable d’aller chercher les droits pour utilisation. L’observation de base, c’est que l’accès n’est pas simple ».

Autre constat : les grandes marques qui développent des campagnes publicitaires et les agences de pub qui travaillent pour elles doivent souvent composer avec des délais de production serrés, ce qui les force à se tourner vers des banques de musiques déjà libres de droits – ce qu’on désigne en anglais comme de la « stock music », « library music » ou « production music ». « Or, y’a personne qui se lève le matin en se disant : J’ai besoin de mettre dans ma pub de la musique mal faite et cul-cul. Toutes les agences, toutes les marques, veulent de la bonne musique! »

Lorsque Messier et ses partenaires d’alors ont vendu les Studios Apollo en 2016, il a conservé la plate-forme en ligne « parce que je considérais qu’il y avait encore du travail de défrichage à faire avec l’entreprise », qu’il juge être une sorte de projet toujours en développement. « Ça fait un certain temps que mes associés et moi expérimentons avec l’idée d’octroyer des licences musicales à des marques à travers une plate-forme web. On a d’abord lancé une première version toute simple, un microsite avec vingt-cinq chansons en ligne, puis on a évolué de version en version tout en validant qu’il y avait bel et bien de la demande pour un service comme celui-ci ».

Et de la demande, il semble bien en avoir, mais pas pour n’importe quelle musique : pour de la bonne, insiste Messier, qui compare son travail et celui des employés de la start-up comme celui d’un « curateur ».

« Un des éléments qui ajoute beaucoup de valeur à notre service aux yeux de nos clients, c’est notre habilité à dénicher de la musique qui a de la pertinence pour eux. C’est sûr que y’a des types de musiques, relativement indémodables, et certains genres plus au goût du jour, mais ça évolue très rapidement. Je dis souvent en anglais que c’est un « moving target » – je ne pourrais pas dresser une liste du type de musique qui serait pertinente pour les deux prochaines années, disons. Cependant, je sais que y’a des styles de musiques qui ne marcheront jamais; dommage pour ceux qui en font, mais pour nous, ça nous simplifie la vie! Ça n’a rien à voir avec la qualité de la musique, c’est simplement que ça ne correspond pas à une demande dans ce milieu spécifique. »

Avis aux créateurs, le Apollo Music Store est ouvert aux soumissions, « mais en général, on transige directement avec les éditeurs, indique Messier. Par contre, certains artistes s’éditent eux-mêmes, mais on passe normalement par l’éditeur, et l’étiquette de disque s’arrime à lui. Souvent, on ne va représenter qu’une ou deux chansons d’un artiste. Le but n’est pas de travailler tout le catalogue, mais bien d’identifier les chansons qui parleront aux publicitaires. »

On les contacte à l’adresse https://app.apollomusicstore.com/discover et via leur page Facebook.