L’année 2019 a été fantastique pour Casey Manierka. La plupart d’entre nous avons eu de la difficulté à l’endurer jusqu’à la fin, mais pas le compositeur à l’image, producteur audionumérique et promoteur connu sous le pseudonyme de Casey MQ.

Il a débuté l’année en voyant son collectif « queer » — Raven’s Vision — désigné comme étant « le son de Toronto en ce moment » par l’hebdo NOW et à la fin de l’été, trois films présentés au Festival international du film de Toronto avaient une trame sonore portant son nom. Puis, l’automne venu, il a lancé une nouvelle pièce — accompagnée d’un vidéoclip qu’il a lui-même réalisé — intitulée « Wings are Growing », il a accueilli l’hiver avec une prestation solo dans le cadre du Festival of Cool et a terminé l’année en tant que DJ dans un party du Nouvel An présenté par Raven’s Vision dans l’ouest de la métropole.

« Je me suis senti occupé cette année, admet-il, mais simplement en faisant ce que je fais toujours — créer de la musique pour divers projets, que ce soit les miens ou des collaborations. Les choses bougent. C’est très excitant, mais je suis toujours en train de penser à ce que je vais faire ensuite. »

En effet. Assis sur la terrasse du Loveless Cafe durant une journée d’hiver inhabituellement chaude, Manierka a pris un moment pour revenir sur ce qu’il a fait en premier.

« Ça remonte à quand j’avais six ans », se souvient-il. Ses parents l’ont inscrit à des cours de piano et, contrairement aux membres de sa fratrie, il a persévéré et poursuivi sa formation classique. « J’ai toujours eu envie d’être entouré de musique et de chant, de danse, de théâtre et de toutes ces choses », affirme-t-il. « Je voulais être créatif et faire partie du monde des arts. »

Il aime la musique classique, mais être adolescent à l’époque ou l’électronique dance music (EDM) était en pleine explosion a fait que les « beats » « étaient partie intégrante de ce que je connais aujourd’hui comme la musique pop et électronique ». Très ouvert d’esprit, il aimait tout autant la musique trance de Tiesto que les sombres explorations dubstep de Burial.

Il gardait toutefois bien séparés ses univers musicaux, jusqu’au jour où son professeur de piano lui a donné un conseil qui allait avoir l’effet inverse : s’il souhaite devenir un vrai musicien classique, il doit écouter uniquement de la musique classique.

« J’ai été très choqué par ça », dit-il. « Qu’est-ce que ça signifie pour une personne comme moi qui aime autant la musique classique que la pop ou l’électronique ? C’est là que j’ai réalisé que ces musiques n’ont pas à s’exclure mutuellement. Elles peuvent très bien coexister », affirme l’artiste. « C’est là qu’intervient la notion d’influence — on est passionné pour certaines choses et elles trouvent une façon de cohabiter et de créer quelque chose d’honnête. »

« Jamais je ne veux me sentir limité. »

Quant à sa carrière, les choses ont commencé à se solidifier en 2015 avec une résidence Slaight Music au Canadian Film Centre. « Ç’a été une occasion très intéressante de rencontrer d’innombrables cinéastes et artistes », dit-il au sujet de l’année qu’il a passée à apprendre à utiliser son talent pour composer des musiques de film.

Il créait également des musiques électroniques expérimentales et il a été admis à la défunte Red Bull Music Academy de Montréal où il a passé un été avec des mentors de l’industrie. Oh ! Et c’est à ce moment qu’il a entrepris de devenir DJ.

Casey au cinéma
Quelques-uns des titres pour lesquels Manierka a composé la trame sonore :
2019
* Tito
2018
Honey Bee
Firecrackers
2017
Mary Goes Round
Bee Nation (Documentary)
2016
Kiss and Cry
Holiday Joy (TV Movie)

Peu de temps après, Manierka et ses amis ont fondé Raven’s Vision – oui, le nom du collectif vient bel et bien du classique de Disney That’s So Raven – et il a commencé à donner des prestations où il mixait ses chansons avec des échantillons et des « edits ». « Je suis ravi de voir la pop faire son entrée dans la sphère dance, alors je prends un malin plaisir à jouer avec des a capellas et des trucs que j’adore. Mais je souhaite voir tout ça en hyperaccéléré, tu vois ce que je veux dire ? »

Entre temps, sa carrière de compositeur à limage a pris son envol, ce qui n’était pas sans plaire à ce cinéphile qui réalisait des courts-métrages au secondaire avant de délaisser le cinéma au profit de la musique. « J’ai eu envie de revenir vers le cinéma et le drame, et c’était une excellente façon d’y revenir », explique Manierka.

Il a reçu huit mandats de création en trois ans, incluant les productions indépendantes Raf, Tammy’s Always Dying, at Easy Land, les productions de son tour du chapeau au FIFT, et il faut noter que la musique de la première de ces trois productions a été composée pour un quatuor à cordes plutôt que dans la veine électronique. « Ces musiques s’inspirent mutuellement », dit-il au sujet de ses deux pôles musicaux. « Ce sont mes fondations, mon histoire, et je n’ai pas peur d’explorer et de laisser une de ces palettes s’exprimer. »

Parlant d’exploration, Manierka prépare un autre virage pour 2020 — un album pop signé Casey MQ. « Jamais je ne veux me sentir limité », dit-il. « Je vais faire un album pop et je vais le faire de manière complètement décomplexée. Qui sait ce qui viendra ensuite, mais c’est tellement excitant de plonger dans un nouvel univers ! »