Nous sommes à la mi-janvier 2016 et Ben Caplan se trouve dans un concessionnaire Mercedes en Allemagne pour y faire réparer les freins du véhicule de location que son groupe, The Casual Smokers, et lui utilisent pour leur tournée. Rien de surprenant à ce que le véhicule ait besoin d’une mise au point : depuis leur arrivée en Europe à la mi-décembre, le groupe a pratiquement donné un spectacle par jour, si on ne tient pas compte d’une courte pause pendant les fêtes, et c’est loin d’être fini.

Une fois la portion européenne de la tournée complétée, Caplan et son amie, Taryn Kawaja, qui fait également partie de son groupe, se rendront directement aux États-Unis pour y donner des spectacles pendant un mois. Puis ce sera direction maison, à Halifax, pour une pause de 5 jours avant re reprendre la route au Québec – tout ça après avoir donné 60 spectacles un peu partout en Amérique du Nord au cours des deux mois qui ont immédiatement suivi le lancement de son deuxième album, Birds with Broken Wings, en septembre 2015é.

« Tout tourne autour de la scène. La seule façon dont je sais faire mon métier, c’est de monter sur scène chaque jour. »

S’il est épuisé, Caplan ne le laisse certes pas paraître. « C’est mon métier. Tout tourne autour de la scène », dit-il simplement. «  La seule façon dont je sais faire mon métier, c’est de monter sur scène chaque jour. »

Adoré pour son enthousiasme et sa présence scénique – une récente critique dans The Guardian le décrivait comme « un maître de cérémonie plus grand que nature » – sans parler de son exubérante barbe, on comprend tout de suite que c’est devant un auditoire que Caplan se sent chez lui.

Formé en théâtre, il repousse consciemment les limites lorsqu’il est sur scène, tel un fildefériste en équilibre entre l’absurde et l’authentique. « Les gens ont soif de connexion et mon côté absurde les incite à baisser la garde », explique-t-il, « mais il faut tout de même s’assurer de livrer quelque chose de vrai une fois cette garde baissée. »

C’est là qu’entre en scène l’art de l’écriture et de la composition. « C’est avec cet aspect que j’aimerais que les gens ressentent une connexion », explique-t-il, ajoutant que même si toutes ses chansons ne sont pas « personnelles », même celles qu’il décrit comme des « expériences intellectuelles », toutes sont une façon de communiquer des idées, peu importe le niveau de théâtralité sur scène.

Malgré toute son assurance sur scène, Caplan avoue sans ambages qu’il lui a fallu du temps pour accepter sa « voix » d’auteur-compositeur. Originaire de Hamilton, en Ontario, il a acheté sa première guitare à l’âge de 13 ans — « j’en jouais sans arrêt?! » — et peu de temps après il fondé un duo folk en compagnie de Joe Girard, un ami d’enfance qui a d’ailleurs participé à la création de la chanson « Deliver Me » sur Birds with Broken Wings. Girard était responsable des textes et Caplan, des mélodies.

Petit à petit, il a commencé à écrire ses propres paroles. « J’ai rapidement réalisé que c’était beaucoup plus excitant de chanter des paroles que j’ai moi-même écrites », se souvient Caplan. Lorsqu’il a emménagé à Halifax pour ses études universitaires, il avait totalement accepté l’écriture. Il lui aura fallu environ deux années pour écrire l’essentiel des chansons qui constituent le corpus de son premier album, In the Time of Great Remembering, paru en 2011.

Depuis, Ben Caplan a reçu d’innombrables éloges et louanges sous forme de nominations et de victoires dans plusieurs galas, dont notamment Artiste de l’année au Nova Scotia Music Awards en 2012 et Enregistrement de l’année par un artiste de la relève aux East Coast Music Awards en 2013, en plus de monter sur scène en compagnie de Symphony Nova Scotia à trois reprises – dont une où il a demandé sa femme en mariage –, en plus d’avoir joué au mégafestival britannique de Glastonbury, une expérience qui figure parmi les meilleures de sa carrière. En septembre 2015, sa chanson « 40 days and 40 nights », tirée de son plus récent album, a séjourné plusieurs semaines au Top 10 du palmarès Top 20 de CBC Radio 2.

Sur Birds with Broken Wings — dont la réalisation était assurée par Socalled (Josh Dolgin) — Caplan rend hommage à ses racines et citant plusieurs des mélodies qui ont bercé son enfance dans la communauté juive de Hamilton. Ce sont des musiques qui, a-t-il constaté, plaisent beaucoup aux spectateurs d’Europe où ses spectacles sont très fréquemment donnés à guichets fermés.

« Il y a un je ne sais quoi dans ce son folk de la Vieille Europe qui vient chercher les gens », dit l’artiste. « Je crois que c’est un peu plus étrange et exotique pour les auditoires européens et canadiens », poursuit-il, « quoique le côté exotique est plutôt nostalgique pour les Européens. »

Bien qu’il planifie la création d’un troisième opus — « il est en route, il doit bien être quelque part?! », rigole-t-il — Caplan est parfaitement heureux sur la route pour faire ce qu’il aime le plus tout en apprenant et en se laissant porter. « Pour le moment, c’est de la tournée et encore de la tournée. »

PVI
Discogaphie:
Birds with Broken Wings (2015), Festivus Vol. 1 (EP, 2013), In the Time of Great Remembering (2011),
Éditeur: N/A
Membre de la SOCAN depuis 2007
Visitez le www.bencaplan.ca
(en anglais seulement)