À 30 ans, d’aucuns pourraient dire que Adam Baldwin se lance tardivement dans une carrière solo. Néanmoins, jusqu’à maintenant, tout sourit à l’auteur-compositeur-interprète établi à Dartmouth. Lancé en juin dernier, son premier album solo, intitulé No Telling When (Precisely Nineteen Eighty-Five), a fait l’unanimité grâce à son mélange de rock ‘n’ roll guitaristique éclaté et à ses paroles perspicaces qui abordent fréquemment des thèmes sociaux et politiques.

Réalisé par Liam O’Neil (The Stills, Metric), l’album met en vedette Josh Trager (Sam Roberts Band), Brian Murphy (Alvvays) et Leah Fay (July Talk).

Baldwin traduit ses chansons sur scène avec vivacité, lui qui est en tournée en tant que première partie notamment pour The Temperance Movement, Sam Roberts Band et Blue Rodeo, en plus de s’embarquer dans une tournée canadienne avec July Talk dès novembre 2016.

On peut dire qu’il est en bonne compagnie et Baldwin en est très reconnaissant. Rencontré en entrevue après un spectacle à Montréal, il a déclaré « Je suis chanceux d’avoir des amis aux bons endroits. Ces artistes n’ont pas à me demander de faire leur première partie puisque leurs concerts sont déjà à guichets fermés. Je fais sans aucun doute l’envie de bien des groupes canadiens en ce moment. »

Et la réception réservée à No Telling When est tout aussi satisfaisante. « Je suis toujours aussi surpris lorsque l’album est encensé », explique le principal intéressé. « J’ai tendance à me rabaisser un peu et j’ai peut-être un peu manqué de confiance en moi au fil des ans, surtout dans une industrie où l’on juge votre art. »

« Je ne suis pas le genre de gars qui écrit 100 chansons pour en retenir trois. Je préfère écrire une chanson et la peaufiner jusqu’à ce que j’aie le sentiment qu’elle est ce que je recherchais. »

Adam Baldwin a gagné le respect de ses pairs au fil des ans, avant tout comme guitariste au sein du groupe de Matt Mays. Il confie toutefois que « ça fait longtemps que j’écris des chansons. Elles n’étaient simplement pas bonnes, et j’accordais toute attention à jouer dans les groupes d’autres artistes. Je suis devenu papa à 25 ans et ça m’a fait réaliser que la musique, c’est ce que je fais de mieux, et j’ai voulu tenter ma chance et avoir ma propre carrière musicale. »

« La seule façon d’y arriver, c’est de travailler sans arrêt. C’est super de jouer avec Matt, et il est très occupé, mais lorsqu’il ne l’était pas, je restais chez moi, parfois je jouais avec des « cover bands ». J’ai donc décidé que le temps était venu de lancer mes propres chansons et tester les eaux, et ç’a bien fonctionné. »

Adam Baldwin

La première expérience solo de Baldwin a donc pris la forme d’un premier EP, en 2013, qui lui a valu le prix de l’enregistrement de l’année par un artiste masculin à la Nova Scotia Music Week en 2014, en plus de celui de musicien de l’année. Bien que ravi de cette distinction, Baldwin dit avec sagesse « je ne peux pas dépendre de la radio ou des prix de ce genre pour valider mon travail. J’écoute plutôt la réponse de l’auditoire, ce que les gens qui achètent ma musique en disent. »

La vaste majorité des pièces sur No Telling When ont été écrites après le lancement de son premier EP. « Je les ai écrites après avoir emménagé dans une maison où il y avait un piano », raconte l’artiste. « J’en jouais quand j’étais jeune et je composais uniquement avec cet instrument, étrangement. »

« Je ne suis pas le genre de gars qui écrit 100 chansons pour en retenir trois. Je préfère écrire une chanson et la peaufiner jusqu’à ce que j’aie le sentiment qu’elle est ce que je recherchais et qu’elle dit ce que je voulais dire. »

Adam Baldwin nomme ses compatriotes néo-écossais Joel Plaskett et Matt Mays comme sources d’inspiration pour sa carrière « Je suis privilégié d’avoir grandi en écoutant ces gars-là depuis l’adolescence, tandis que j’apprenais à jouer de la guitare », se souvient-il. « C’étaient des gars qui venaient du même endroit que moi et qui tiraient très bien leur épingle du jeu. »

« Ce sont assurément mes héros, et je suis chanceux de pouvoir les appeler mes amis. Je peux leur demander conseil sur à peu près tout, mais je ne leur demande pas de conseils sur la création, car j’ai mon propre processus. Ils sont vraiment importants pour moi. »

“They are certainly heroes of mine, and I’m lucky to count them as friends. I can ask them for advice about anything, though I tend not to ask them much about songwriting, as I have my own process. They’re important people to have around in my life.”

Baldwin est tout à fait candide au sujet de sa plus grande influence musicale. « Personne ne sera surpris d’apprendre que pour moi, le jalon ultime est Bruce Springsteen », avoue le musicien. « Je l’ai étudié avec autant d’ardeur qu’un étudiant en chimie à l’université. Si ça existait, je serais diplômé en Bruce Springsteen?! »

Cela transparaît non seulement dans le côté passionné et rassembleur de ses chansons, mais également dans sa volonté d’y inclure des questions sociales.

« J’ai toujours lu le journal depuis l’âge de huit ans », se remémore-t-il. « Je m’efforce d’être au courant de l’actualité, et je ne sais écrire que sur des sujets que je connais. Or, il y a des choses que je connais et que je comprends avec lesquelles je ne suis pas d’accord. Je crois qu’il y a de la place pour ça en musique. »

Un exemple frappant de cela sur No Telling When est la pièce « Rehtaeh » au sujet de la triste histoire de Rehtaeh Parsons, une victime de viol qui a fini par s’enlever la vie. « J’ai contacté ses parents, afin de leur faire part de mon intention », explique l’artiste. « Ils ont bien accueilli ma démarche, car ils voulaient que son histoire soit connue afin de faire avancer les choses. »

« Chaque sou amassé par cette chanson va directement à la Rehtaeh Parsons Society, afin que ses parents puissent continuer à visiter les écoles et à faire pression pour que les lois dépassées sur le harcèlement sexuel et le viol en place soient changées. »

Tourné vers l’avenir, Baldwin entend trouver un équilibre entre sa carrière solo et son travail avec Matt Mays. « J’adore ce mec, et j’adore jouer ses chansons », dit-il. « Tant qu’il voudra bien de moi, je serai là?! »