C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès du grand Serge Fiori, à l’âge de 73 ans, alors que les Québécois et Québécoises se rassemblaient dans la joie et célébraient en chansons la Saint-Jean-Baptiste, jour de la Fête nationale du Québec. Sans lui et sa mythique formation Harmonium, la musique québécoise ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui. Et c’est tout un peuple qui commence à prendre conscience du grand vide que son départ laissera dans le cœur de toute une nation.
La SOCAN se joint à ses membres pour offrir ses plus sincères condoléances à sa famille, à ses proches et à tous ceux et celles qui ont côtoyé cet auteur-compositeur-interprète de génie qui a marqué à tout jamais la culture québécoise.
C’est son ami et gérant depuis 36 ans, Serge Grimaux qui a annoncé officiellement la triste nouvelle via communiqué : « C’est avec un immense regret que nous vous informons qu’aux premières heures de cette St-Jean-Baptiste est décédé Serge Fiori des conséquences d’une longue maladie. Serge est parti comme il a vécu, avec ce sourire légendaire qui rayonnait sur tous ceux et celles qui l’ont connu, tous ceux et celles à qui il a su procurer une joie immense, et sur ce pays qui fut le sien, dans son cœur et dans son éternel engouement. Il laisse dans le deuil sa famille, ses amis et tous ceux et celles en qui les chansons qu’il a écrites et les harmonies qu’il a créées résonneront à jamais. »
Les témoignages de ses pairs n’ont d’ailleurs pas tardé à apparaitre sur les réseaux sociaux :

Louis-Jean Cormier : « Voyons Padré! Tu pars comme ça? À la Saint-Jean? On s’est texté il y a trois jours. J’ai chanté une de tes tounes hier soir. Aouch. T’auras eu le sens du spectacle jusqu’à la fin. J’ai mal. J’entends encore tes éclats de rire. Tu restes pas loin hein? Tu vas nous aider à se faire un coin du monde qui a de l’allure? Merci encore de m’avoir fait une place dans ton cœur, dans ta musique aussi. Je t’aime. Fiston. »
Catherine Major : « C’était en 2015. On avait passé un moment tellement agréable avec la Presse au café Cherrier. Cette année-là, on nous avait confiés, à Marie-Pierre Arthur, Antoine Gratton, Alexandre Désilets et moi-même la concoction d’un spectacle absolument transcendant… probablement le show le plus transcendant de ma vie. Chanter Fiori avec ces artistes musiciens hors pair, accompagnés par un band de l’enfer… c’était chaque soir une fête grandiose autour du génie musical de Serge Fiori. J’ai eu des frissons répétés… Ses musiques ont fait partie de la construction de mon parcours musical. Elles sont des bijoux… jamais elles ne mourront. Mes sympathies sincères à sa famille et à tous ses proches. »
Patrick Norman : « C’est avec beaucoup de tristesse que je viens d’apprendre le décès de Serge Fiori. La dernière fois que l’on s’est vu, Serge, on s’était promis de faire un projet musical ensemble. Tu seras parti trop vite avant qu’on puisse réaliser notre souhait commun. Merci, Serge, pour ton apport à la musique québécoise. Tes chansons resteront à jamais gravées dans la mémoire de tous les Québécois et Québécoises! Sincères condoléances à la famille et aux amis de Serge et à tous les Québécois(es) qui l’ont tant aimé. »
Nelson Minville : « Merci Serge Fiori ! Tu fais partie de ceux et de celles qui nous ont donné le goût du Québec ! »
Bruno Pelletier : « Salut Serge Fiori! C’est à cause de toi si j’ai voulu commencer à jouer de la guitare après la batterie, et à vouloir écrire en français à l’adolescence… Un de mes grands moments de vrai bonheur et d’émotion aura été de partager la scène avec et pour toi sur le spectacle « Histoires de mes chansons » en 2021… Merci tellement pour tout… Tes chansons continueront de vivre en nous tous… Bon repos Serge Fiori ! »
Luc De Larochellière : « Serge Fiori. Un immense merci. Et un immense vide. Sympathies à la famille, aux proches et aux nombreux qui l’aimaient. XX »
Mononc’ Serge : « Serge Fiori avait, dans ses propres termes, le Québec tatoué sur le cœur. Qu’il décède un 24 juin avait toutes les allures d’une fausse nouvelle, mais c’est manifestement vrai. Ça secoue, mettons. J’ai énormément écouté Fiori dans mes jeunes années et je l’écoute encore régulièrement. Si son influence ne transparait pas dans mes chansons, sa musique, sa voix, sa sensibilité m’ont beaucoup accompagné et habité. Quelle tristesse. »
Michel Rivard : « Serge… beaucoup trop tôt mon ami, beaucoup trop tôt… »
Mélissa Bédard : « En cette journée de fête nationale, notre ciel s’assombrit un peu plus… Le grand Serge Fiori nous a quittés. Merci Serge, pour les folles discussions , pour ta musique, ta poésie, ta lumière. J’ai grandi avec les parents qui écoutent Harmonium… ça fait partie de nous, de notre ADN. Attention, Serge, une vague d’amour s’en vient, il fait trop chaud, pis, bébé: le Québec entier pleure un géant. On a mis quelqu’un au monde… et on n’arrêtera jamais de t’écouter. »

En 2019, le Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens annonçait l’intronisation de Serge Fiori et ses compères, Michel Normandeau, Serge Locat et Louis Valois, membres du mythique groupe Harmonium, lors de la 30e édition du Gala SOCAN. Le Panthéon avait alors produit un texte qui traçait les moments charnières d’Harmonium. Nous le reproduisons ici :
L’un des plus importants groupes des années 70, Harmonium, a été un pont entre les deux solitudes grâce à son succès commercial et d’estime tant au Québec que dans le reste du Canada. Harmonium a vu le jour en 1973 à Montréal en tant que trio composé de Serge Fiori, Michel Normandeau et Louis Valois, trois musiciens qui souhaitaient se tailler une place entre l’intimité des chansonniers et les sons plus audacieux du rock franco-américain. Leur savant mélange de folk, de rock, et de jazz catapulterait rapidement Harmonium vers les plus hauts sommets.
Harmonium a enregistré son premier album éponyme en 1974. Ce premier disque proposait quelques chansons co-écrites Fiori et Normandeau, un partenariat créatif qui demeurera tout au long de la carrière du groupe. En quelques mois à peine, Harmonium s’écoulera à 100 000 exemplaires et trônera au sommet des palmarès au Québec. Très rapidement, Harmonium est passé des scènes des clubs, campus et écoles — francophones et anglophones — à la scène de la Place des Arts, à guichets fermés, et à des scènes extérieures devant plus de 300 000 personnes au Québec. Ils sont également montés sur les scènes du Canada anglais de Toronto, au Massey Hall, et à Vancouver.
Le deuxième album du groupe, Si on avait besoin d’une cinquième saison, sera lancé en 1975. Mis en nomination aux JUNOs, Les cinq saisons a été désigné l’un des meilleurs albums de rock progressif par le magazine Rolling Stone.
L’ultime album d’Harmonium — et leur premier à être certifié Or — fut l’hypnotique et sophistiqué album double intitulé L’Heptade, paru en 1976. Remarquable par son amalgame parfaitement maîtrisé des genres — en plus d’interludes d’orchestrations classiques écrites par Neil Chotem — L’Heptade proposait des créations écrites par Fiori, Normandeau, Locat, et Valois. Durant cette période, le groupe a été mis en nomination aux JUNOs pour le trophée du groupe de l’année et a tourné à Londres et dans le reste de l’Europe avec Supertramp, et après, en Californie, afin d’y promouvoir la musique et la culture du Québec. En 1980, Harmonium lancera son seul album en spectacle intitulé simplement Harmonium en tournée. Vingt-six ans plus tard, la version remixée de leur ultime album, Heptade XL a été très bien accueilli et s’est rendu en troisième position du palmarès des albums canadiens de Billboard.
Harmonium a acquis un statut légendaire au Québec et a eu un impact dépassant de loin ses trois albums. L’Heptade a depuis été certifié quadruple Platine, tandis que Harmonium a été certifié double Platine et Les cinq saisons a été certifié Platine. Le groupe a reçu de nombreux prix Classique de la SOCAN et un Félix honorifique et ses chansons ont été reprises par les plus grands noms de la musique au Québec, dont notamment Les Respectables, Sylvain Cossette, Eleanor McCain, Boom Desjardins, la violoncelliste Jorane ainsi que Lawrence Gowan. La musique d’Harmonium continue de transcender les barrières linguistiques et culturelles, même à ce jour.