Malgré ses 25 printemps, Salomé Leclerc a déjà une feuille de route impressionnante.
Après un passage remarqué à l’événement Secondaire en spectacle, elle enchaîne avec Cégeps en spectacle en 2006. Puis, elle est finaliste au Festival international de la
chanson de Granby ainsi qu’à Ma première Place des Arts en 2009. Ce qu’elle reticent de ces participations : des rencontres déterminantesn ainsi qu’une visibilité accrue.

« Souvent, je recevais des courriels de la part de gens qui m’avaient vue à la télé. Ils voulaient savoir si j’étais la finaliste de tel ou tel concours ! J’ai commencé à attire l’attention du public et des médias à ce moment précis. Avant même d’avoir fait paraître un disque, les journalistes avaient déjà entendu parler de moi. Ils savaient qui j’étais. Il y a eu un buzz et j’ai senti que l’étape des concours était révolue pour moi. J’étais allée chercher ce que je voulais. Il était temps de passer à autre chose, » raconte-t-elle.

Délaissant son piano, la chanteuse francobritannique Émily Loizeau a accepté de se retrouver derrière la console pour la première fois et de réaliser Sous les arbres, le premier album de Salomé Leclerc, paru l’automne dernier. C’est lors d’un stage d’écriture dans le sud de la France (les Rencontres d’Astaffort) en septembre 2009, que les deux femmes se rencontrent. La chimie est instantanée. « C’était la marraine de l’événement. Un soir, je lui ai chanté une chanson et elle a aimé. À mon retour au Québec, j’ai écouté ce qu’elle faisait et j’ai eu un coup de coeur pour Pays sauvage, son

deuxième album. Un an plus tard, je pensais à la direction de mon disque et j’avais dressé une liste de réalisateurs potentiels. J’ai proposé son nom à mon équipe. Émily a un côté à la fois très franc et folk et elle aborde les choses d’une façon assez crue. Elle a une drive que je voulais retrouver sur mon album. Elle était un peu inquiète, mais elle savait où je voulais m’en aller avec ce projet. Il y avait un risque, mais on était tous prêts à le prendre, » avance Salomé.

Enregistré à Paris et à Montréal, Sous les arbre renferme 12 morceaux de folk-pop texturé et chaleureux, parfois agréablement mélancolique. Composées il y a deux ou
trois ans, la majorité des chansons de l’album ont eu le temps de mûrir sur scène, puis en studio. Ayant un faible marquee pour la tranquillité, Salomé échafaude ses chansons d’une façon pour le moins particulière. Elle explique : « D’abord, il faut que je sois toute seule dans ma bulle, chez moi ou dans une pièce isolée. Il ne faut pas que quelqu’un entende quoi que ce soit. Ma méthode d’écriture est un peu inconsciente. Lorsque je m’assois, je n’ai jamais le sujet d’une chanson. Je lance des mots, des phrases au hasard, j’étale des emotions sur papier et je brode autour de ça. Il y a parfois des influences de ce que j’ai écouté récemment qui me reviennent. Aussi, je suis très attentive à ce qu’on me raconte. J’emmagasine ce qu’on me dit, je laisse le temps passer et ensuite, ça sort naturellement. »

Grande admiratrice de l’oeuvre de la Britannique PJ Harvey, Salomé ne néglige pas non plus l’impact déterminant de Feist, Richard Desjardins, les albums Jaune et Soleil de Jean-Pierre Ferland ainsi que leQuébec love de Robert Charlebois (qu’elle affirme connaître presque par coeur).
« C’est un disque marquant pour moi. J’ai toujours écouté énormément de musique
francophone et québécoise. Je n’écris pas en anglais et je ne suis pas très à l’aise dans cette langue même si j’apprécie de nombreux artistes anglos. Mon faible, c’est la langue française et toutes ses subtilités, le son des mots, l’écriture. Ça demeure avec
moi encore aujourd’hui, » avoue-t-elle.

La jeune femme est-elle inquiète des nombreux bouleversements qu’a connu l’industrie de la musique au cours des dernières années ? « Tu sais, j’en viens à croire que le choc serait plus grand encore si j’en étais à mon troisième ou quatrième album. Étant donné que c’est mon premier, tout est encore nouveau pour moi. Tout est frais et excitant. En ce moment, je ne m’en fais pas trop. Il faut se coller à la réalité, exploiter ce qui fonctionne et y aller avec le progress et l’avancement technologique. »

Parallèlement à la tournée qui se trame le printemps prochain, Salomé souhaite développer l’art de la co-écriture et explorer les différentes possibilités en territoire européen. « On est en train de travailler fort pour faire sortir le disque là-bas. Ça pourrait coïncider avec le début de l’année. Je souhaite retourner faire un petit tour.

Beaucoup de diffuseurs s’intéressent à moi. Si ça fonctionne, tant mieux, mais je ne me mets pas de pression. Tout en musique est une question de feeling. Il s’agit de suivre son instinct. Il y a une grande question de timing également. Et ça, je n’ai pas de contrôle là-dessus. Mais je ne fais que commencer. Les possibilités sont infinies. »