Catherine MacLellan et Tara MacLean ont grandi ensemble, se considèrent de la même famille, font le même travail et, par pur hasard, avaient le même objectif en 2017. Elles voulaient toutes deux passer l’été là où elles se sentent le mieux, à la maison sur l’Île-du-Prince-Édouard.  Et, chacune de son côté, elles ont trouvé la même solution pour y arriver. Pendant tout l’été, elles ont présenté un spectacle sur leur île, et leurs spectacles respectifs ont connu un immense succès populaire, tant et si bien qu’ils sont devenus un haut point de leurs carrières respectives.

Et qui ne voudrait pas passer l’été sur l’Île-du-Prince-Édouard, avec ses kilomètres de plages, ses innombrables restaurants qui tentent tous de se surpasser au chapitre des fruits de mer et l’attitude « la vie est belle » qui anime tout le monde… Et bien que des dizaines de milliers de touristes y débarquent d’un peu partout dans le monde, c’est étonnant de constater à quel point ça ne semble pas bondé. Mais la plage, c’est bien beau, mais tous ces touristes veulent aussi être divertis le soir venu.

Catherine MacLellan

Catherine MacLellan (Photo: TC/Dave Stewart)

MacLellan vit à l’IPE toute l’année et fait toujours face au même dilemme : elle adore être chez elle, mais doit constamment partir pour travailler, surtout l’été durant la saison des festivals. « Quand on vit à l’IPE, on veut y passer le plus de temps possible », raconte-t-elle. « Surtout pendant l’été, parce qu’on attend l’été tout l’hiver, et les gens comme moi qui sont constamment en tournée ont rarement la chance d’en profiter. »

Le cas de MacLean était différent. Bien qu’elle soit née et ait grandi à l’IPE, la vie l’a menée jusqu’à Salt Spring Island, C.-B., où elle élève sa famille. Elle avait pris une pause de la musique en 2008, mais le temps était venu de remonter sur les planches maintenant que ses trois enfants étaient plus vieux. Elle ressentait de plus l’appel de ses racines, d’autant plus que sa grand-mère était malade, ce qui lui donnait encore plus envie d’être près de sa famille.

Aucune surprise, donc, qu’elles aient eu la même idée. Le père de MacLellan, Gene, et celui de MacLean, Marty Reno, étaient meilleurs amis et partenaires musicaux depuis 1971. Marty était musicien lors des tournées de Gene, ils ont enregistré un album gospel ensemble et ont même eu leur propre groupe, Refuge, durant les années 80. Leurs familles ont toujours été proches et elles ont même vécu ensemble pendant un certain temps à Burlington, Ontario, quand les filles étaient petites.  « Je me souviens très bien être assise à leurs pieds pour les écouter chanter », se souvient MacLean. « On avait l’impression qu’ils avaient toujours une guitare entre les mains. Leur musique est la première musique que j’ai connue et qui m’a inspirée. »

La scène artistique de l’Île-du-Prince-Édouard est aussi vivante que sa météo, et le moindre espace public a été transformé en espace culturel : troupes de théâtre ou d’humour, cèilidhs (un bal de danse traditionnel d’origine irlandaise et écossaise), groupes de musique et ainsi de suite proposent du divertissement aux touristes jusqu’à plus soif. Ainsi, MacLean et MacLellan ont toutes deux eu la même idée audacieuse de combiner leur talent musical à un spectacle de théâtre. Bien qu’elles se soient toutes deux fait connaître en tant qu’auteures-compositrices — MacLean grâce à ses albums solos téméraires et à ses chansons pop avec le groupe Shaye, MacLellan grâce à sa musique folk primée aux JUNOs —, elles interprètent les classiques d’autres auteurs-compositeurs pour leurs spectacles respectifs.

« Elle invite les gens à venir voir mon spectacle et j’invite mes spectateurs à aller voir le sien ; c’est une entreprise familiale, après tout ! » – Tara MacLean

MacLean rend hommage aux grands auteurs-compositeurs de la côte Est qui l’ont influencée : Ron Hynes, Stompin’ Tom Connors, Sarah McLachlan et Lennie Gallant, entre autres. Son spectacle intitulé Atlantic Blue est présenté au Guild Theatre de Charlottetown et elle chante, accompagnée par son groupe, une chanson de chacun de ces artistes en plus de présenter de courts films qu’elle a réalisés afin de raconter leurs histoires. Bref, un spectacle parfait pour les fans de musique de la côte Est aussi bien que pour les touristes qui souhaitent en apprendre plus sur ces héros locaux.

« C’est moitié-moitié entre touristes et locaux », explique MacLean. « On a eu des gens qui venaient du sud des États-Unis. J’ai passé la majeure partie de ma carrière en tournée aux États-Unis, alors ça m’a vraiment touché de constater qu’il y avait encore des gens assez dévoués pour venir me voir et m’entendre jusqu’ici. »

Tara MacLean

Tara MacLean (Photo: Sarah MacPhee)

De l’autre côté de la ville, à la P.E.I. Brewing Co., MacLellan présente If It’s Alright With You —The Life and Music of My Father, Gene MacLellan. Pendant de nombreuses années, elle s’est tenue loin de l’héritage musical de son père, souhaitant se tailler une place qui lui appartienne vraiment. Elle a toutefois récemment senti qu’elle était prête à explorer son univers et a créé ce spectacle (ainsi qu’un album du même nom) où l’on retrouve ses plus grands classiques — « Snowbird » et « Put Your Hand in the Hand » — et raconte son histoire à l’aide d’anecdotes et de photos. Catherine n’avait que 14 ans lorsque son père est décédé en 1995 ; elle part donc en quelque sorte à la recherche de son père en compagnie de son auditoire.

« Ils arrivent en ne sachant pas à quoi s’attendre, et je trouve ça intéressant que mon père ait écrit d’aussi grandes chansons », confie MacLellan. « Elles sont peut-être tout ce qu’ils connaissent avant d’arriver, mais à la fin du spectacle, ils repartent avec une image plus claire de qui il était et sont captivés par cette histoire. Moi j’ai beaucoup de plaisir à parler des choses qu’il a accomplies et du drôle de chemin qu’il a parcouru tout au long de sa vie. Il n’en demeure pas moins que mon père s’est enlevé la vie et pouvoir parler de santé mentale est vraiment très important. Ça résonne très fort auprès de l’auditoire. »

Toutes deux membres de la SOCAN, elles avouent aimer pouvoir profiter de la plage, mais sont surtout satisfaites du succès indéniable de leurs spectacles. « C’est tout et bien plus encore, ç’a été vraiment magnifique et les spectateurs m’ont fait des commentaires vraiment super », dit MacLean.

« Nous nous sommes embarquées dans cette aventure sans avoir la moindre idée que les gens aimeraient ou non le spectacle, et on a des spectateurs qui sont venus le voir deux ou trois fois », raconte MacLellan. « Il est présenté à guichets fermés depuis juillet et tout semble indiquer que ce sera la cas jusqu’à la fin [début octobre].  C’est vraiment excitant et je me sens si choyée. »

Le Guild a d’ores et déjà annoncé que le spectacle de MacLean serait de retour en 2018. MacLellan espère qu’il en ira de même avec le sien et compte également partir en tournée avec son spectacle cet automne et au printemps 2018.

Et rassurez-vous, il n’y a aucune rivalité semi-fraternelle entre les deux femmes. « J’adore le fait que Catherine ait son spectacle à elle et c’est tellement réconfortant de savoir que nous sommes toutes deux à la maison », se réjouit MacLean. « Elle invite les gens à venir voir mon spectacle et j’invite mes spectateurs à aller voir le sien ; c’est une entreprise familiale, après tout ! »