William HennesseyRecruté par Joy Ride Records, une étiquette québécoise essentiellement rap jusqu’ici, William Hennessey (anciennement : Maldito) signe un album aussi indéfinissable et fascinant que lui, intitulé De pire en pire. Entretien avec un électron réellement libre et en osmose avec la nature.

William Hennessey ne fait rien comme personne et même lorsque vient le temps de composer ses chansons depuis les locaux de l’Université Laval d’où il « s’incruste », confie-t-il sans gêne, au risque de se faire mettre dehors. C’est un gars qui rejette la norme, la routine et les règles. Quelles qu’elles soient. « Je coulais mes cours de musique au secondaire. C’était théorique et moi, je sais pas lire les notes. […] C’est comme faire du crawl aller-retour dans un couloir à la piscine Sylvie Bernier ou nager dans un lac. Moi, j’aime mieux me baigner dans un lac. »

Précédé d’une réputation sulfureuse dont des traces subsistent encore à ce jour en ligne, William Hennessey largue son sobriquet de Maldito pour repartir sur d’autres bases, se faire un nouveau nom. Il a passé un bon coup de papier sablé sur son image et retrouvé, raconte-t-il avec des étoiles dans les yeux, l’équilibre auprès d’un vieux cheval de calèches retraité et aveugle. La créature, justement, illustre la pochette de l’album encore tout chaud. « Ça m’a complètement changé. J’avais vraiment des vices avant qui sont complètement effacés. Progressivement, mais là presque totalement à cause de cette présence-là et cette énergie-là qui ressort qu’est-ce qu’il y a de mieux en moi. […] Depuis que je l’ai, j’ai l’impression que c’est une représentation de moi, mais dans une autre forme. On dirait qu’on est pareils. »

Fort de séances de zoothérapies DIY, l’auteur-compositeur-interprète était prêt quand la rencontre avec Joy Ride Records est survenue, mais il s’est d’abord laissé désirer. Au début, il n’était pas convaincu d’accepter l’offre de Carlos Munoz, aux commandes de la compagnie, cette carte blanche qui lui permettrait d’assumer pleinement « sa dualité personnelle », son éclectisme sur le plan des influences sonores. « Je venais de me faire avoir et utiliser par un ancien label donc j’étais comme un peu réticent. Quand je me suis fait approcher par lui, je pensais que c’était la même affaire qui arrivait. Je me faisais dire les mêmes affaires. […] Finalement, j’ai posé toutes les bonnes questions, Carlos m’a répondu clairement et j’ai dit ‘’OK’’. Ils ont du cash, donc c’est rassurant. »

« J’aime pas l’aspect d’un artiste qui est censé être pauvre toute sa vie. »

Flanqué d’une équipe solide qui a propulsé Loud au firmament, de pisteurs radio et d’autres pros voués au rayonnement de ses chansons, le musicien de Québec s’affaire ces jours-ci à séduire les bonzes des ondes hertziennes. Sa carte de visite? Fous, une chanson de rupture ponctuée de claquements de mains guillerets et mise en images de façon décalée avec une dame âgée dans le rôle de sa blonde fictive.

« Les gens du label m’ont demandé de faire une toune pour la radio. Je comprends la game, je comprends qu’ils doivent capitaliser d’une certaine manière. Ils ont de bons deals avec les radios et moi, ça me fait des redevances… Et je suis capable de le faire, donc j’ai accepté. Je vais pas perdre mon identité à travers ça. Je veux rester moi-même et c’est pour ça, le concept de la vidéo… […] Ça crée des revenus, faut vivre un moment donné. J’aime pas l’aspect d’un artiste qui est censé être pauvre toute sa vie. »

S’il a misé sur le marché international jusqu’ici, récoltant des nombres de vues dans les six chiffres pour ses vidéoclips de l’ère Maldito, le musicien réalise aujourd’hui que Glaciers, Ovnis et Zodiac touchent ses abonnés qui ne comprennent pas un traître mot de français. À croire que sa musique aurait, finalement, une portée universelle. Sur sa chaîne, en tout cas, on le salue depuis le Kyrgyzstan et fait ses louanges malgré la barrière de la langue.

« Ça prouve que ça touche du monde rien qu’au son. Les paroles, c’est important, mais il n’y a pas que ça dans la vie. En vrai, musicalement, j’ai que des feedbacks positifs la plupart du temps. C’est la seule vérité que je vais m’accorder. J’ai jamais eu de feedbacks négatifs comme quoi j’étais pas bon ou comme quoi je copiais quelqu’un. »

Plus confiant que jamais, William Hennessey n’en est qu’à ses premiers faits d’armes auprès de Joy Ride Records. Un album en anglais est dans les cartons pour la suite, de même qu’un documentaire biographique réalisé à sa gloire. « Ça va probablement sortir au printemps ou cet été. Les caméras me suivent depuis un an. On va connaître toute ma vie, on va tout voir. C’est hot. »

Lancement : 20 février à 20h au Lion d’or (Montréal)