L’histoire commence avec un CD poussiéreux qui traînait sur le comptoir de la cuisine d’un producteur de musique. Le point culminant de cette histoire se produit lorsque Vito Luprano écoute ce CD abandonné, sort de sa retraite et entame une troisième carrière en tant qu’éditeur de musique.

Retour en 2008. Luprano, ce Montréalais qui a mis Céline Dion sous contrat dans les années 80 et a grandement contribué à sa renommée – et à sa fortune – avait pris une retraite confortable. Mais pour sa famille, toutefois, cette retraite n’avait pas que du bon.

« J’ai commencé à traiter mes enfants et ma vie domestique comme une entreprise », se souvient-il en éclatant de rire. « C’était une très mauvaise idée. »

Sa femme est donc intervenue. Elle a pris ledit CD poussiéreux et a ordonné à son mari d’aller se balader en voiture. Sagement, Luprano a obtempéré. Seul dans sa voiture, il a donc inséré le disque dans le lecteur. La puissante voix de Kristina Maria – une jeune chanteuse pop ottavienne d’origine canado-libanaise – l’a complètement renversée. Il a tout de suite reconnu le potentiel de cette jeune artiste et l’appel l’industrie de la musique s’est immédiatement fait sentir.

« J’étais satisfait de ma vie professionnelle, mais lorsque vous avez œuvré dans cette industrie, il y a toujours une partie de vous qui refuse de la quitter », confie l’homme. Luprano a consulté sa famille au sujet de l’idée de sortir de sa retraite. La décision fut unanime. Peu de temps après, Luprano a invité Maria à lui rendre visite à sa demeure. « Elle est arrivée et s’est mise à chanter a capella », raconte-t-il. « C’était tout simplement magique. »

« Lorsque vous avez œuvré dans cette industrie, il y a toujours une partie de vous qui refuse de la quitter. »

Avec une bonne poignée de main, le marché était conclu. Luprano serait l’impresario de Maria et, grâce à la création de Lupo One Publishing, il serait également son éditeur. Deux semaines plus tard, Maria était en Suède pour coécrire des chansons en compagnie de vétérans de l’industrie que Luprano connaissait de l’époque des débuts de Céline.

Bien que le rôle d’éditeur était nouveau pour Luprano, il en avait tout de même beaucoup appris sur ce métier tout au long des deux décennies passées aux côtés de Céline. « J’ai rapidement réalisé qu’un auteur qui réussit à placer une de ses chansons sur un album de Céline peut facilement espérer devenir millionnaire », explique-t-il.

L’instinct de Luprano pour dénicher la prochaine star de la chanson est toujours aussi aiguisé. En 2012, la chanson « Let’s Play » de Maria a percé le Top 20 du palmarès Hot 100 canadien, en plus de remporter un Prix SOCAN.

Bien qu’il s’amuse fermement à bâtir la carrière de Maria, Luprano admet volontiers que c’est exigeant, surtout financièrement. « Se rendre au sommet demande beaucoup de moyens financiers », avoue Luprano. « Mon travail est de m’assurer que Kristina soit en position de négociation avec une des “majors” puis de voir ce que l’avenir nous réserve. »

En tant qu’éditeur, Luprano ne veut pas se contenter d’un modèle où il se contente d’attendre que les redevances lui soient versées. Il préfère investir dans la promotion et la mise en marché des œuvres de ses artistes. « Je crois que c’est autant la responsabilité d’un éditeur que d’une maison de disques. »

Est-ce que Lupo One Publishing grandira pour inclure d’autres artistes après Kristina Maria? « J’étudie la question » se contente de dire Luprano. « Une chose est sûre, je vais m’impliquer dans tous les aspects de l’écriture et du choix de la meilleure équipe. »