La création musicale a beau être un travail passionnant, il n’en demeure pas moins un travail.

Et comme tout travail, l’écriture d’une chanson ou la composition d’une musique peut se faire d’autant de manières qu’il y a de créateurs dans le monde.

Afin de souligner la fête du Travail, la SOCAN vous propose quelques extraits d’entrevues avec nos membres créateurs qui illustrent certaines des qualités communes qui unissent ces créateurs : persévérance, patience, vulnérabilité et solitude.

Sarah McLachlan et l’importance de s’isoler dans la nature pour compléter son écriture :
« J’ai un chien et je fais des randonnées dans le bois tous les jours… et peu importe les pépites d’idées que j’ai, je vais me promener dans les bois, habituellement seule, et je peaufine mes textes. J’ai tellement de musiques, des tonnes, mais les paroles sont plus difficiles, je dois réellement me mettre le cerveau à “off”, tout oublier afin de permettre à mon cerveau de se concentrer sur les textes. Être dans le bois, dans la nature, est essentiel afin que je puisse relaxer et me concentrer uniquement sur cette tâche. »

Jessie Reyez et l’importance d’écrire des chansons en position de vulnérabilité :
« Les seules fois où c’est difficile, c’est… quand j’anticipe la douleur des gens que j’aime. Je sais qu’ils souffrent différemment de moi. Ça me fait parfois hésiter à aborder certaines choses. Mais je le fais malgré tout, et ils me soutiennent. J’en suis vraiment reconnaissante. »

Grandson et l’importance de la persévérance dans la création de leur pièce « Blood/Water », gagnante de l’édition 2019 du Prix de la chanson SOCAN :
« Celle-là, en particulier, a vraiment été comme tenter de pêcher un très gros poisson… Elle a pris des millions de formes différentes, mais on n’arrivait pas à trouver satisfaction… Kevin Hissink et moi on s’est retrouvé à un point où elle était complète à environ 60 % et on était vraiment contents, et j’ai finalement trouvé la mélodie des couplets et la progression mélodique, mais il nous manquait encore quelque chose pour qu’elle soit vraiment parfaite… On a envoyé le démo à Chester (Krupa Carbone), et il a trouvé ce qu’il fallait. »

Buffy Sainte-Marie et l’importance de la patience que ses chansons nécessitent avant d’être prêtes à lancer :
« J’ai connu des problèmes de nature politique dans les années 70 et on ne me jouait pas à la radio. J’ai quand même fait d’excellents albums durant cette période, mais ils n’ont pas été entendus. C’est pourquoi certaines de ces chansons se sont retrouvées sur Power in the Blood [son album gagnant du Prix Polaris en 2015]… Si, en tant qu’auteure-compositrice, vous avez un remède, mais que la maladie ne s’est pas encore manifestée, c’est très sage de le garder en réserve en attendant qu’il puisse être utile. »

Marie-Mai

Marie-Mai (Photo: Malina Corpadean)

Marie-Mai au sujet de ses chansons pleines de vulnérabilité parues sur son album Elle et moi en 2018 :
« Elle et moi est un album hyper personnel du début à la fin. Mon plus personnel en carrière… Ce disque était mon journal intime pendant que je vivais tous ces bouleversements… Ce disque est une porte ouverte sur mon histoire des dernières années. Chaque chanson en dit un peu plus sur moi, et je sais qu’en l’écoutant, les gens vont se poser des questions. A-t-elle vraiment fait ça ? S’est-elle vraiment sentie comme ça ? »

Christine Jensen, lauréate de plusieurs prix JUNO en jazz, et l’importance de l’écoute et de la solitude dont elle a besoin dans son processus de composition :
« Quand j’entreprends mon processus de composition, la première chose que je recherche est une idée que je sais que je pourrai développer. Ça peut vouloir dire écouter plein de musiques différentes, que ce soit du jazz, de la musique du monde, du classique contemporain, de la pop ou du folk… Après, j’ai besoin de m’isoler, la plupart du temps, afin de digérer ces idées et leur permettre de prendre forme. »

Nicolas Gémus, 22 ans, et l’importance de la persévérance dans le processus de création de son premier album, Hiboux, encensé par la critique en 2019 :
« Quand j’ai écrit la première chanson de l’album, j’avais 15 ans… La pièce va naître d’un coup, avec un couplet ou un refrain et je vais prendre du recul, trouver l’âme de la chanson. Et c’est le processus tortueux de terminer la chanson qui commence. L’amour et la peur m’est venue en trois heures alors que, la plupart du temps, ça me prend trois heures pour écrire une phrase. »

Amritha Vaz

Amritha Vaz

Leonard Sumner et l’importance de la patience nécessaire à la création de son album Standing in the Light qui a été en nomination pour un prix JUNO en 2019 :
« Le processus a duré six ans en tout… Du choix des chansons jusqu’à leur enregistrement, puis au “pacing” de l’album et à tous les autres détails que je voulais parfaire. Ç’a été super long. Je savais comment l’album allait s’intituler avant même d’avoir écrit une seule chanson. »

Amritha Vaz, compositrice à l’image, et l’importance de la persévérance au début de sa carrière :
« Quand tu commences à travailler comme assistante, tu peux exceptionnellement avoir la chance de décrocher un contrat d’écriture, mais il arrive plus souvent que tu aies à faire ton propre chemin vers une telle position. C’est peut-être parce que je n’avais pas de formation formelle en composition de musique de film, mais quoi qu’il en soit, j’étais extrêmement consciente de la courbe d’apprentissage que j’avais devant moi, si bien que j’étais tout aussi désireuse d’apprendre la configuration des modèles Logic Pro et la synchronisation vidéo que je l’étais d’absorber des connaissances musicales. Il y avait tant à apprendre ! Après tout ça, il y a l’art de lâcher prise avec grâce lorsque ce que tu as essayé ne tient pas la route et que tu dois retourner à la case départ. »

High Klassified, le « producer » hip-hop/électro montréalais qui a collaboré avec Future et The Weeknd, et l’importance de la solitude dans son processus de création :
« Ma copine habite dans la tour des Canadiens (un édifice de condos en plein cœur du centre-ville de Montréal) et, pour moi, c’est un vrai mal de tête. Tout ce bruit et tout ce divertissement, ça me dérange. Dans mon studio à Laval, je peux me concentrer sur ma musique et ne penser à rien d’autre. C’est comme ça que je réussis à créer. »