Si la taille d’un mau5olée est garante de la taille d’un égo, alors celui de la vedette de ce qui est communément appelé EDM en Amérique du Nord (ou tout simplement dance music), deadmau5 en est un exemple éloquent.

L’artiste originaire de Niagara Falls, en Ontario, et mieux connu de ses parents sous le nom de Joel Zimmerman a récemment quitté son luxueux condo du centre-ville de Toronto pour s’établir dans un manoir gargantuesque construit sur mesure sur une terre de 118 acres située à environ 45 minutes de la ville.

C’est à Mau5 Mansion, on le présume, qu’il a l’intention de construire un studio d’enregistrement de près de 4200 m2 qu’il compte mettre à la disposition de «vrais musiciens», comme il le dit. Cela dit, ce pourrait bien être une fanfaronnade, puisqu’il a déjà également déclaré qu’il songeait à se porter acquéreur de Marineland, le parc d’attractions situé dans sa ville natale.

Deadmau5 est le premier musicien canadien à avoir donné une prestation à guichets fermés au Rogers Centre de Toronto.

Mais comme si ce manoir n’était pas suffisant, il fait régulièrement montre de son goût du luxe grâce à des voitures dont le coût d’acquisition comporte six, voir sept chiffres. Dans la liste: une McLaren 650S, une BAC Mono – que le musicien à décrit à la BBC comme une «voiture de Formule 3 qui peut circuler sur la voie publique» –, une McLaren P1, une Bentley Continental GT Supersports, un Jeep Rubicon personnalisé, un Range Rover, une Honda Fit (pour faire l’épicerie, probablement), ainsi qu’une Ferrari 458 Spider qu’il a également personnalisée et baptisée la «Purrari» (NDT: de purr, en anglais, signifiant ronronner), et qu’il a pilotée lors de la course transcontinentale Gumball Rally.

Heureusement, le tape-à-l’oeil n’est pas la seule mesure de la popularité de deadmau5. Celui qu’on a pu voir sur la couverture du magazine Rolling Stone en 2012 est une des figures les plus en vue de la musique électronique tant grâce ses créations progressive house et trance – pour lesquelles il a reçu de nombreux prix et nominations Beatport, Juno et Grammy – que par la facture visuelle lorsqu’il se présente sur scène affublé de sa tête de souris reconnaissable entre toutes.

Cette mau5head illuminée électroniquement que Zimmerman porte sur scène ressemble à une version très épurée d’un Mickey Mouse en extase, tant et si bien que Disney a demandé au Bureau américain des brevets et marques de commerce de se pencher sur la question.

Équipée d’une multitude de DEL programmées pour réagir à la musique qu’il joue sur scène, cette ingénieuse signature graphique lui a permis de construire un pont entre l’underground et la culture populaire. Il tellement in que les amateurs d’EDM trépignent d’impatience en attendant son prochain disque et ses apparitions dans des séries télévisées telles que Gossip Girl ou CSI n’entachent pas sa réputation.

Ce n’est pas lui, non plus, qui va lever son nez de souris sur un peu d’attention des médias de masse. «J’aime jouer le jeu», expliquait-il à Resident Advisor en 2008. «Je me dis que si jouer le jeu te permet de te faire connaître à un auditoire de 6 millions de personnes qui n’avaient jamais entendu ta musique, voire peut-être même jamais entendu de musique électronique, et que de ces 6 millions, tu arrives à créer 2 millions de nouveaux amateurs du genre qui à leur tour vont devenir fans d’autres artistes de la scène…»

Et c’est sans aucun doute le fait de jouer le jeu qui a permis à deadmau5 de devenir une superstar qui commande un cachet d’au moins 100 000$US par prestation, et le premier musicien canadien à avoir donné une prestation à guichets fermés au Rogers Centre de Toronto – ce qui signifie pas moins de 54 000 billets vendus –, et tout ça en un très court laps de temps, comme en témoigne le titre de son album rétrospective paru récemment, 5 Years of Mau5.

Comment y est-il arrivé?

Il a suivi des cours de piano lorsqu’il était jeune, mais le vent a tourné lorsqu’il a découvert sa passion pour les ordinateurs. «J’avais un oncle, le mouton noir de la famille, qui était fasciné par tout ce qui est mécanique» confiait-il encore à Resident Advisor. «Il réussissait à faire des trucs universitaires avec des logiciels à l’époque où les ordinateurs n’étaient pas beaucoup plus puissants qu’une calculatrice. C’était toujours à lui qu’on faisait appel pour réparer l’ordi de la maison.»

Nourri autant de Skinny Puppy que de Steely Dan, Zimmerman a lui aussi commencé à bidouiller, déconstruire, reconstruire et à absorber toute cette technologie. «Des horloges, des appareils ménagers, tout ça. Il y avait tout un cimetière sous mon lit» racontait-il au magazine Rolling Stone en 2012.

Selon Toronto Life, c’est sa grand-mère qui lui a fait connaître le monde des jeux vidéo, et c’est cette convergence de technologie et de musique qui lui a donné l’élan qui allait se transformer en une carrière musicale. Depuis, la musique de deadmau5 a été en vedette dans les jeux DJ Hero, plusieurs itérations de la série Grand Theft Auto, FIFA 13, Need For Speed: Most Wanted et même dans The Sims 3.

Adolescent, il a commencé à s’intéresser de plus près aux ordinateurs et aux outils de création musicale, au moment même où il découvrait la scène rave, à la belle époque où ces événements se déroulaient dans des lieux tenus secrets, époque dont il se dit d’ailleurs nostalgique.