« Chaque chanson a une histoire différente, dit Pellizzer. Pour “Rude”, Nasri et moi avons fait la pré-production sur deux versions. On a abouti avec l’accroche “Why you gotta be so rude?” mais la chanson n’avait pas encore ce côté cœur léger qu’on lui connaît. Elle était plus sombre et parlait d’une fille qui a bu et qui crie après quelqu’un. Nasri a alors retourné toute l’histoire avec notre producteur Adam et la chanson a pris forme. À ce moment-là, j’ai seulement joué un peu de guitare et j’ai contribué à l’arrangement, ajouté un solo puis quelques autres instruments. »

Avant que « Rude » soit lancée en tant que simple – avant que l’album soit terminé – Lavdanski a fini par quitter le groupe au début de 2013. Ben Spivak, un autre ami qui était venu tenter sa chance à L.A., se trouvait aussi dans la maison à travailler sur de la musique avec Pellizzer. Il a été invité à se joindre au groupe.

« Aucune opinion ou suggestion n’est mauvaise en soi. On veut juste en arriver au meilleur produit qui soit. » – Mark Pellizer de MAGIC!

Parfois l’apport de la section rythmique n’est pas si bien accueilli que cela, mais dans un groupe reggae, son importance est difficile à nier. Dans MAGIC!, Tanas n’est pas « juste le batteur » et Spivak n’est pas « juste le bassiste ». Tanas se débrouille aussi très bien au piano et quand il a commencé à faire de la production, il composait des beats de hip-hop. Quant à Spivak, il a lancé son propre album éponyme en 2010 sur lequel il joue de tous les instruments.

« Nous avons une chanson sur notre album intitulée “No Way No”, et c’est surtout Ben et moi qui dirigeons, dit Tanas. Il est arrivé avec un air et je lui ai ajouté une foule d’idées musicales, puis Nas est venu avec quelques idées de paroles. Ça fonctionnait très bien ensemble et on y est parvenus parce que nous nous mettons tous au service de la musique au lieu de nous accrocher chacun à nos idées personnelles. »

Spivak dit qu’il a été aussitôt intégré dans le processus d’écriture : « Ils avaient réalisé à peu près la moitié de l’album. On devait juste travailler sur ces chansons en direct et le reste du temps en studio. J’étais donc là à proposer des lignes de basse et à essayer différentes choses. En tant que groupe reggae, un groupe basé sur l’écriture de chansons mais essayant d’être en 2015, la basse est très importante… Je suis maintenant dans une position enviable avec Mark, Alex et Nasri pour faire rejaillir nos idées. »

Et le rôle de Messinger? Il est plus qu’un producteur ou coproducteur, car il fait partie intégrale de l’écriture.  « Tout le monde me laisse diriger et prendre les décisions finales à la fin de la journée, ce que je fais à 50-50 avec Adam, » dit Atweh. Il est simplement venu à nous sans idée préconçue. »

« Il est le cinquième membre du groupe sur le plan créatif et artistique, dit Spivak, comme George Martin l’a été pour les Beatles, comme Dan Lanois ou Brian Eno pour U2… Adam a beaucoup contribué à notre sonorité. »

« Je ne le vois pas comme un auteur de l’extérieur parce qu’il participe intimement au processus, ajoute Pellizzer. Il est pour moi l’un des auteurs de l’équipe. Il est aussi multi-instrumentiste et aborde les choses en pensant d’abord à la fonctionnalité des divers instruments afin d’aboutir au meilleur équilibre possible. »

Mais alors, pourquoi Atweh ne mène-t-il pas MAGIC! tout seul ou juste avec Messinger?

« J’ai toujours eu le choix de tout faire moi-même mais Mark est une personne exceptionnelle avec qui collaborer. Il améliore ce que je fais des gonzillions de fois parce qu’il a vraiment le don de rehausser l’émotion que l’on recherche, affirme Atweh. Il joue de chaque instrument. C’est une sorte de freak. Mais c’est aussi un bon chanteur qui aime les belles mélodies et avec lui, on a plus de plaisir parce qu’on sent qu’on peut aller à un autre niveau. Ça ressemble beaucoup à la façon dont j’écris avec Adam. »

« Ce que j’aime chez Alex Tanas, c’est qu’il est comme un autre côté de moi, mon côté itinérant… Alex est toujours là avec moi parce qu’il a grandi à écouter de la musique jeune et ce qui joue à la radio, et même dans notre façon de nous habiller, on est tous les deux un peu hippie. Ce qu’on recherche Alex et moi c’est de trouver un son cool, simplifier, prendre les éléments et trouver l’équilibre. Il est aussi un excellent programmeur de batterie et il a des idées géniales. Il vous surprendra toujours. »

« Ben est un gars qui ne participe que depuis peu de temps à l’écriture avec nous mais c’est musicien doué. Il est un peu comme Mark. Il peut jouer de tout. Mais il écoute beaucoup les Beatles et Tom Petty. Ses influences viennent un peu plus du rock, ce qui fait qu’il apporte des idées que Mark ne pourrait pas proposer car, lui, est plutôt du côté soul… Ben préfère maintenir une certaine simplicité. Ce qu’il donne, c’est simplement la ligne. Pas de fioritures. »

Pellizzer résume ainsi la magie que recèle MAGIC! : « Il est important de faire attention à ce que ressentent les autres. Je ne veux pas avoir l’air cruche mais la plupart des groupes se séparent, n’est-ce pas? Un regroupement de quatre ou cinq gars ou filles, c’est difficile que ça dure parce que c’est une relation complexe d’individus uniques qui se trouvent confrontés. Mais je pense que le meilleur moyen de résister à l’épreuve du temps est de prendre soin les uns des autres, de s’assurer que la voix de chacun est entendue et que notre conduite repose sur le respect mutuel. »

« Ce qu’il y a de bon avec MAGIC! c’est qu’on n’est plus des enfants. On a pris conscience qu’il faut faire en sorte que chacun soit confortable dans les situations d’écriture et de production. Aucune opinion ou suggestion n’est mauvaise en soi. On veut juste en arriver au meilleur produit qui soit, à la chanson la plus riche de sens accompagnée de la meilleure musique possible. On est tous au même diapason là-dessus. »