Quand Boi-1da et 40 ont accepté le prix inaugural Inspiration mondiale de la SOCAN au nom de Drake, présenté lors du Gala de la SOCAN en juin 2014, 40 a insisté pour dire que presque toute la musique de Drizzy était « écrite, produite et enregistrée par des Canadiens… Nous faisons sciemment un effort pour que tout cela reste ici [au Canada et à Toronto]. »

Boi-1da, né Ajax en Jamaïque, aujourd’hui établi en Ontario, dit qu’il connaît Drake depuis le jour où celui-ci jouait dans Degrassi et confirme que Nothing Was the Same (rien n’était pareil) dans une interview avec HipHopDX.

« Nous avons commencé à travailler dans un studio infesté de rats, dit-il. Je travaillais chez Winners dans ce temps-là et Drake à deux endroits : Dans la série Degrassi: The Next Generation et dans un restaurant où il improvisait des tirades accompagné d’un piano. 

« Il s’agit de trouver ce qui s’en vient. »

« Pour moi, il est vraiment parti de rien. Quand j’entends dire le contraire, ça me met en rogne parce que j’étais là quand tout a débuté et quand on a dû se battre… Drake s’est vraiment taillé un chemin lui-même.

 « C’est toujours ce que j’ai dit. Quand j’ai rencontré ce gars-là et que j’ai entendu sa musique, je me suis dit, “ce type-là – sans vouloir blesser personne – va être le prochain Jay-Z.” Il avait tout pour lui. Il avait l’assurance, le look et sa musique était toujours spectaculaire. Jusqu’à maintenant, je n’ai jamais entendu un seul mauvais vers de Drake. »

Le lauréat torontois de deux prix JUNO The Weeknd (Abel Tesfaye) a vu sa carrière internationale prendre un véritable essor quand Drake a choisi d’inclure une série de ses chansons et quelques coproductions sur son album de 2011 Take Care, un évident signe de respect pour le talent de ce nouveau-venu.

The Weeknd a raconté au magazine Complex ce qui est arrivé quand Drake a entendu pour la première fois « The Ride », une chanson que l’artiste de R&B souhaitait au départ mettre sur son propre album House of Balloons.

« Nous étions en train d’enregistrer la boucle des percussions et…  J’avais chanté la mélodie – ce n’était pas vraiment accrocheur. Juste une chanson inachevée. Mais il l’a tellement aimée qu’il m’a dit aussitôt “il me la faut, mon gars… je sais que je t’ai déjà pris ‘Shot for Me’ et ‘Crew Love’ et d’autres chansons ici et là…” Et moi, je crevais de faim dans ce temps-là. C’était comme, “mon gars, prends tout ce que tu veux.” »

Ironiquement, The Weeknd n’a entendu la version de Drake que beaucoup plus tard. « Cette chanson était si importante pour lui. Je n’ai entendu les paroles que quatre ou cinq mois plus tard après lui en avoir donné le début. Même avec “The Zone” [coécrite avec Drake et interprétée avec lui] je craignais d’avoir à terminer Thursday sans que ses paroles arrivent parce que Drake prenait son temps. Il tenait à dire exactement les bonnes conneries et que le débit soit au poil. »

Plusieurs autres collaborateurs de Drake font aussi partie de la catégorie de ceux « en ébullition » : des auteurs comme Anthony « Hush » Palman, qui a contribué à quatorze des chansons de Drake et fourni des pistes à Nicki Minaj et à Florence & The Machine, le producteur T-Minus (Tyler Williams), qui a travaillé avec Minaj, Lil Wayne, Kendrick Lamar, T.I., Ludacris, Ciara, Justin Bieber et Wale, et le producteur Matthew Burnett, engagé par Eminem, Meek Mill, Tyga, Childish Gambino, Minaj, Wayne, 2Chainz et Young Jeezy.

Il y en a de nombreux autres : Adrian « X » Eccleston, Nikhil « Kromatik » Seetharam, Jason « Promise » Shepherd, Slakah The Beatchild (Joseph Byram) et Drex Jancar et son Remix Project pour aider les jeunes défavorisés. Ce n’est qu’un mince échantillon des nombreux talents qui gravitent autour de la planète Drake, que ce soit en contribuant à ses albums champions au palmarès (So Far Gone, Thank Me Later, Take Care et Nothing Was the Same), ou en travaillant avec lui au spectacle annuel OVOFest, à l’Amphithéâtre Molson de Toronto, ou à la nouvelle étiquette de Drake et 40, OVO Sound, distribuée par Warner.

Le cercle continue de s’étendre parce que Drake est toujours à l’affût des talents torontois pour les faire connaître au monde. « Il s’agit de trouver ce qui s’en vient, » a dit Drake au magazine Rolling Stone.

C’est ainsi que fonctionne son étiquette, dont le nom officiel est October’s Very Own : il est peut-être parti de rien mais il s’est hissé jusqu’au sommet. Découvrir des collaborateurs talentueux dans sa ville de prédilection aide Drake à avancer constamment vers le sommet.

« Je trouve que c’est une grande responsabilité de voir jusqu’où nous pouvons aller, a-t-il dit à GQ, jusqu’à quelle hauteur je peux fixer la barre pour tous ceux qui viendront. Tant que je serai ici, je vais continuer à relever la barre toujours plus haut et faire en sorte que vous le méritiez. »



C’est un diction bien connu en musique : vous avez toute une vie pour écrire votre premier album, mais quand vient le temps de composer la suite, la minuterie se met en marche… Pour Alyssa Reid, son deuxième effort s’est révélé être le tic-tac de Time Bomb.

C’est le nom que la chanteuse pop et auteure-compositrice de 21 ans, établie à Toronto, a donné à son deuxième album, sorti en février. Mais en réalité, Alyssa Reid a pris suffisamment de temps pour s’assurer que ce qui viendrait après son premier disque, paru en 2011, et qui a connu beaucoup de succès, The Game, obtienne toute l’attention qu’il mérite.

Et cela semble avoir été payant. Time Bomb a connu une explosion de félicitations pour les chansons « Satisfaction Guaranteed » (top 10 au Canada) et « Running Guns », qui toutes deux figurent sur l’album.

Alyssa Reid a travaillé sur Time Bomb à Los Angeles, Miami et Toronto, collaborant avec des producteurs et des auteurs-compositeurs d’élite tels que Billy Steinberg (Madonna, Heart), Josh Alexander (Demi Lovato, Leona Lewis), Thomas « Tawgs » Salter (Walk off the Earth, Lights) et Jamie Appleby, co-fondateur de leur maison de disque, Wax Records.

« Chaque ligne de ces chansons est très personnelle pour moi. »

Mais cette fois-ci, Alyssa Reid a aussi joué un plus grand rôle en écrivant et coécrivant chacune des chansons de l’album, et elle s’est sentie mieux préparée pour offrir sa contribution, tandis que sur son premier album, elle admet ne pas être très sûre de son apport.

« Pour mon premier album, c’était la première fois que je travaillais avec des producteurs, dans un véritable studio avec des gens qui m’aidaient à me façonner en tant qu’artiste, dit-elle. Lorsque est venu le temps de faire Time Bomb, je me sentais beaucoup plus libre d’exprimer mes opinions et je savais beaucoup plus ce que je faisais. Je savais ce que je voulais. J’étais sûre de ce qui allait se passer. »

Née à Edmonton, Alyssa Reid a écrit sa première chanson à l’âge de sept ans. Elle et sa famille ont déménagé à Brampton, Ontario, où elle a terminé son secondaire et a continué à se concentrer sur la musique, remportant une bourse pour étudier à des écoles d’arts de la scène à Los Angeles et à New York.

Puis vint YouTube et Bieber. En 2009, Alyssa Reid a affiché une prestation sur YouTube d’un grand succès de Justin Bieber « One Less Lonely Girl » mais en réinterprétant la chanson du point de vue d’une fille. Le chanson, réintitulée « One More Lonely Boy », est devenue « virale » et a attiré l’attention de la maison de disques Wax Records.

En 2011, encore adolescente, elle a travaillé avec certains des producteurs les plus en vogue de la musique pop pour son premier album. Propulsée par la chanson double platine « Alone Again » (mettant en vedette le rappeur P. Reign), une reprise actualisée du succès n° 1 de 1987 « Alone » du groupe Heart, l’album The Game a propulsé Alyssa Reid dans la stratosphère internationale. La chanson s’est vendue a plus d’un million d’exemplaires à travers le monde. En 2012, elle a remporté le prix SOCAN de la musique pop/rock et Alyssa Reid a été mise en nomination au prix JUNO de la Meilleure nouvelle artiste.

Pour capitaliser sur ce succès, Alyssa Reid savait qu’elle devait intensifier son jeu et elle sent que les chansons de Time Bomb répondent à cette exigence en affichant une plus grande maturité émotionnelle. « Chaque ligne de ces chansons est très personnelle pour moi, explique-t-elle, que ce soit une relation avec un membre de la famille, un ami, un amoureux ou simplement quelque chose que j’ai traversé. »

Sur la chanson titre, une tendre ballade qu’elle a écrite après une nuit blanche et où figurent simplement sa voix accompagnée au piano, elle met ses sentiments à nu. « Vers cinq heures du matin, je suis allée au piano et j’ai commencé à écrire, dit-elle. Je pense que c’est la première chanson dans laquelle je me confie complètement. » Elle a conservé des arrangements discrets pour la chanson et a choisi le nom de l’album d’après cette pièce parce qu’elle sentait qu’elle la représentait parfaitement. « Je savais qu’il y avait un risque à nommer l’album d’après une chanson qui ne deviendrait probablement pas un succès, mais c’était important pour moi. »

Prendre des risques. Suivre ses sentiments. La novice des années précédentes n’aurait pas osé de telles choses. Est-ce que la chanteuse surgie d’un clip sur YouTube est désormais en train de s’épanouir à titre de véritable artiste pop?

« Le succès de “Alone Again” a été si grand, que je pensais n’être jamais capable de suivre le rythme, confie Alyssa Reid. Mais je constate que les gens m’ont maintenant adoptée en tant qu’artiste plus que pour la chanson. J’en suis très reconnaissante et je suis ravie de poursuivre avec cet album et de voir où cela mènera. »

FAITS SAILLANTS
Éditeur :
Wax On Wax Off Publishing, Third Side Music
Discographie :
The Game (2011), Time Bomb (2014)
Membre de la SOCAN depuis 2007
Visitez
www.alyssareid.com



À Sotchi, Eric Radford et Meagan Duhamel ont offert une solide performance. Ils obtiennent la septième position en patinage en couple et contribuent à l’obtention de la médaille d’argent lors de la première épreuve en équipe pour le Canada en patinage artistique. Ce qui retient dès lors l’attention, c’est le programme court du couple Radford et Duhamel. Pour une première fois dans l’histoire de ce sport, un athlète est également le créateur de la pièce musicale sur laquelle il patine. Radford a composé « Tribute », une pièce instrumentale classique et lyrique, appuyée par l’Orchestre symphonique de Longueuil et la chanteuse Jenifer Aubry. « Il y a un Ukrainien qui aurait écrit dans les années 90 une pièce techno pour une de ses performances dans un contexte non compétitif. Et le compositeur Edvin Marton est également connu pour ses pièces créées sur mesure pour des patineurs et patineuses russes. Mais encore là, ce n’est pas tout à fait ma démarche. »

La démarche d’Eric Radford est en effet unique en soi. En 2006, le patineur compose une pièce au piano, une composition simple et poignante qui traduisait la peine et la gratitude qu’il éprouvait pour son entraîneur Paul Wirtz, mort d’un cancer à l’âge de 47 ans. L’histoire aurait pu se terminer là. « La musique est dans ma vie depuis l’âge de huit ans. Dès que je trouve un piano dans un hôtel, je m’assois et je joue. Combien de fois les gens du milieu m’ont suggéré de patiner sur l’une de mes compositions… » Il y a deux ans, Radford décide d’exaucer ce désir. Secrètement, sans en parler à sa partenaire de patinage Meagan Duhamel et son entraîneuse Julie Marcotte, il réalise une recherche internet avec les mots clefs « compositeur », « musique » et « Montréal ». Il tombe sur Louis Babin dont il apprécie les extraits musicaux sur son site internet. Sans hésiter, Radford contacte Babin. Le compositeur est de prime abord sceptique. « Ce n’est pas la première fois que l’on me contacte pour ce genre d’expérience. Je me méfiais un peu… » 

« La musique est dans ma vie depuis l’âge de huit ans.» – Eric Radford

Mais dès la première rencontre, le courant passe. Louis Babin confirme. « Je réalise qu’Eric a réellement du talent et que sa pièce se tient. Il travaillait également sur Logic Pro, un logiciel de musique que j’enseigne. J’ai alors compris le sérieux de l’affaire et son besoin de faire de cette pièce une aventure qui fonctionne. » Rien n’était pourtant gagné d’avance. Premièrement, il y avait Meagan Duhamel et Julie Marcotte à convaincre. Et puis la Fédération de patinage artistique. « Maintenant, je sais que Meagan et Julie n’étaient pas convaincues, admet Radford. À l’écoute du démo réalisé par un synthétiseur avec des sons échantillonnés, elles n’y croyaient pas. À un certain point, je leur ai promis que si ça ne fonctionnait pas, je n’en serais pas offusqué. L’important pour moi, c’était d’aller au bout d’un processus. »

Babin et Radford travaillent pendant plusieurs mois à l’instrumentation de « Tribute », dont Babin a aujourd’hui 10% des droits. Ils se rencontrent, mais surtout s’envoient des courriels. Babin encourage Radford à obtenir les services de l’Orchestre symphonique de Longueuil. Une dépense qui s’avéra payante. « Je crois que c’est là que je fus complètement époustouflé par cette aventure, confie Radford. Wow! Quand j’ai entendu les premiers coups d’archet des instruments à corde, on se regardait Meagan, Julie et moi, et je voyais que tout cela serait possible. C’est l’un des moments les plus importants de ma vie. Quand on est athlète, on recherche les marches du podium, un moment très court à travers toutes ces années d’entraînement. Et là, avec cette chanson, j’ai vécu des émotions tout aussi intenses. Quel cadeau! »

Il en est de même pour Babin qui voit de nombreux parallèles entre le travail de précision que demande la pièce « Tribute » et celui de la composition pour le petit et le grand écran. « Il a été très important d’écouter les commentaires de Julie Marcotte, qui avait des besoins très spécifiques afin que la musique suive la chorégraphie. Et jusqu’à la fin, on a fait, Eric et moi, des ajustements. Nous avions quatre secondes à couper avant d’envoyer le tout en mixage sonore final. » Babin s’est même déplacé à Boisbriand afin de voir la première vie de cette pièce, la première exécution du programme court d’Eric Radford et de Meagan Duhamel.

Babin, emballé part cette rencontre, est ému par le courage de Radford. « Il a mis sa tête sur le billot. Tout cela aurait pu se transformer en une somme supplémentaire de stress, mais Eric l’a vécu autrement. » Radford rend aujourd’hui accessible « Tribute » sur l’Internet et partage la moitié des profits avec la Société canadienne du cancer. Mais surtout, il se promet de poursuivre cette nouvelle collaboration avec Louis Babin. « J’aimerais me retrouver dans cet univers musical-là après le patinage artistique. Est-ce que ce sera dans deux ans, dans quatre ans, je ne sais pas… Là, je me prépare à composer la musique de notre prochain programme long. Je ne peux plus retourner en arrière. »

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