Occupé par son projet de reprises 70s et par diverses aventures mettant de l’avant ses talents d’interprète, Sylvain Cossette a laissé passer 12 années sans signer d’album de matériel original. À l’aube de la cinquantaine, l’auteur-compositeur en lui se manifeste de nouveau sans perdre de vue le succès : Le Jour d’après, paru cet automne, s’est aisément hissé en tête des palmarès francophones.

Le plaisir de chanter, Sylvain Cossette l’a dans le sang. Et il a le don de le communiquer. Avec les trois volumes de 70s, où il reprenait des classiques anglophones, il a atteint le chiffre magique des 400 000 copies vendues et des 400 représentations. Or voilà, celui qui s’est déjà approprié « Pas besoin de frapper », de Jacques Michel, ne saurait se limiter à son rôle d’interprète. « Je crée beaucoup dans mes shows : je fais de la mise en scène, je suis scripteur, je fais plein de trucs, mais pondre un album du début à la fin, tout écrire et avoir cette euphorie de création, que ce soit en écrivant une chanson rapidement ou après avoir travaillé dessus pendant des semaines, c’est très grisant. »

«Il faut que tu aies la tête froide, que tu puisses comprendre ce qui t’envoie dans une bonne ou dans une mauvaise direction. »

Aventure familiale
Dans son domicile, Cossette est entouré d’instruments de tout acabit : guitare, harpe, piano, sitare. Au fil des ans, il s’en est servi pour pondre des compositions qu’il a soit précieusement conservées, soit offertes à sa conjointe, Andrée Watters, ou à d’autres. Lorsqu’il s’est lancé dans ce qui est devenu Le Jour d’après, il y a un an, son réflexe premier a été de sortir trois titres de ses tiroirs. Une nouvelle pièce s’est ensuite ajoutée, mais il était insatisfait du résultat. Ce sont ses idées suivantes qui l’ont véritablement guidé. « C’est beau avoir le goût d’écrire un album, mais il faut que tu saches quoi faire avec, parce parfois, ça t’est proposé comme une douche d’inspiration et il faut que tu sois prêt à recevoir ça. Il faut que tu aies la tête froide, que tu puisses comprendre ce qui t’envoie dans une bonne ou dans une mauvaise direction. »

Afin de donner forme à son matériel, notre homme s’est tourné vers ses proches. Sa fille Élisabeth, son frère François et sa blonde Andrée ont tous joint leurs voix à la sienne. Sa sœur Reine a supervisé la correction des textes, tandis que son autre fille, Judith, s’est chargée de prendre des photos. Une aventure à teneur familiale, donc, quoique le leader ait recruté Louis Côté (K-Maro, Shy’m) pour assurer la co-réalisation en se gardant bien de faire des courbettes à la mode. Car bien que Cossette soit un adepte de la pop, de ses débuts au sein de la formation Paradox, à ses premiers pas en solo, en 1994, il n’a jamais tenté d’être au goût du jour. Il essaie plutôt de laisser sortir ses refrains comme ils viennent, les saupoudrant d’influences britanniques pour ensuite y poser sa voix qui ne semble pas vieillir.

« Je suis le gars le plus indiscipliné, rigole-t-il. Je ne fais pas de vocalises, je n’ai pas pris de cours de chant, je ne sais pas lire la musique. […] C’est comme si j’avais encore une voix d’adolescent à l’approche de la cinquantaine. Le seul côté qui est discipliné chez moi est que je n’ai jamais fumé, jamais pris de drogues, je bois très peu et je ne sors pas dans les bars après les shows… »

Guidé par ses passions
Pour bien des artistes, les comédies musicales prennent l’allure de rampes de lancement : sitôt leur carrière enclenchée, ils préconisent des projets solo. Cossette, lui, refuse d’adopter un code de conduite restrictif. Après Humain (1999), il s’est joint aux rangs de Notre-Dame-de-Paris et, quelques années plus tard, il a participé à Dracula (2006), en plus de mettre sur pied, avec André Ducharme, Les 7. Comme il a de l’affection pour cette forme mi-musicale, mi-théâtrale, il en a pondu une autre, encore inédite, avec Andrée Watters, qu’il dévoilera au moment jugé opportun.

Sylvain Cossette aime dire qu’il n’a pas de plan de carrière, qu’il se laisse guider par ce qui l’allume. Voilà pourquoi il refuse de mettre un point final à l’aventure 70s, par exemple. Ces jours-ci, il a néanmoins quelques certitudes : il amènera Le Jour d’après sur la route, à l’automne 2013, et son prochain disque de chansons originales naîtra plus rapidement que son petit dernier. « Je suis un gars qui laisse plein de portes ouvertes à plein de situations qui arrivent dans la vie. Je me lève le matin et si j’ai le goût d’écrire un album, je l’écris. Une comédie musicale ? Je l’écris. Je ne laisse jamais de portes fermées, car j’aime les surprises. »