Il y a tout juste un an, Salomé Leclerc accouchait, non sans douleur, d’un troisième album qui allait marquer son parcours à tout jamais. Pour que ces Choses Extérieures voient enfin le jour, la chanteuse a dû se livrer à un solide travail d’introspection, puis il a fallu qu’elle se mette en danger, qu’elle teste ses limites et fasse un saut dans l’inconnu. Avec le recul, elle constate avec satisfaction l’ampleur du chemin parcouru et ne regrette aucune des décisions qui ont mené à sa création.

« Évidemment, le fameux cap du troisième disque est toujours une étape importante, mais j’ai l’impression je me suis vraiment posée avec ce disque, explique-t-elle. En voulant réaliser l’album moi-même, j’ai choisi un chemin qui n’était pas facile, plein de hauts et de bas, mais au final, ça m’a donné une grande confiance en moi-même. »

Un an plus tard, elle s’apprête à se pointer au gala de l’ADISQ avec un nombre impressionnant de nominations parmi les plus prestigieuses, dont celle d’auteure-compositrice. Mais d’être nommée pour son rôle de réalisatrice est une validation inespérée. Il a fallu tout un chemin pour en arriver là : après avoir confié la réalisation de son premier essai à la chanteuse Émilie Loizeau et celle du second à son ami Philippe Brault, elle a eu l’envie de voler de ses propres ailes. Brault était toujours dans le décor, pour offrir ses conseils en début de parcours, mais c’est Salomé qui a pris le projet à bras le corps, allant jusqu’à jouer de tous les instruments.

« Maintenant je sais que je pourrai refaire des albums par moi-même, mais ça ne veut pas dire que je vais toujours être dans le siège de la réalisatrice. Il y a toute une pression lorsque chaque aspect d’un projet repose sur tes épaules; tu ne peux te tourner vers personne d’autre pour finir la toune à ta place! Cela dit, j’ai surtout envie d’offrir mes services à d’autres, histoire de me sortir de ma zone de confort. J’en parle de plus en plus souvent, comme pour envoyer ça dans l’univers », dit-elle.

L’un des choix les plus avisés de la jeune réalisatrice est d’avoir permis à la chanteuse de prendre le devant de la scène. Toutes les critiques parues à la sortie de l’album l’ont souligné : jamais on n’avait entendu le grain de voix envoûtant de la chanteuse avec autant de clarté et de force. Les textes, empreints de mélancolie, voire de douleur, étaient autrefois perdus derrière une couche de gaze; ils sont maintenant exposés au grand jour.

« Je pense que sur mes albums précédents, je voulais m’imposer comme musicienne, capable de jammer avec les gars en studio comme sur scène, alors la chanteuse passait parfois en deuxième, avoue Salomé. Cette fois-ci, j’ai voulu protéger la chanteuse et ses mots, ce qui m’a amenée à élaguer, à couper dans les chansons, dans le nombre de musiciens, dans les arrangements… La confiance dont je parlais plus tôt, je pense que c’est ça qu’on entend dans la voix. »

« Je ne veux plus faire des disques de la même manière que je l’ai fait jusqu’à maintenant; j’ai envie d’explorer. »

Riche de ses nouvelles expériences, Salomé déborde d’envies nouvelles, dont la première est assurément de ne pas attendre trois ans avant de retourner en studio, son rythme jusqu’ici. « Je ne sais pas quelle forme ça va prendre : sortir un EP, travailler en duo avec quelqu’un d’autre, m’imposer des contraintes spécifiques pour un projet… chose certaine, je ne veux plus faire des disques de la même manière que je l’ai fait jusqu’à maintenant; j’ai envie d’explorer. »

La trouvera-t-on à la tête d’un projet inédit? Jouera-t-elle à nouveau les musiciennes d’accompagnement comme elle l’a fait avec Vincent Vallières, avec qui elle a tourné comme choriste et guitariste? Aucune porte ne semble fermée, du moment que le bonheur est au rendez-vous.

« Dans les moments les plus difficiles de la production, je me suis demandé ce qui m’avait d’abord attiré dans la musique. Je voulais remonter à la source, et j’ai redécouvert le simple plaisir de jouer : me mettre de la musique trop forte dans les écouteurs pis bûcher sur mon drum; gratter ma guitare juste pour le fun, pas dans le but d’écrire une toune. Ça m’a reconnectée et ça m’a surtout fait réaliser que j’ai envie d’être guidée par la simplicité et le plaisir. »