Plants and AnimalsQuelques semaines seulement après la parution de Waltzed in from the Rumbling, on attrape Plants and Animals entre deux concerts, quelque part sur la Côte Est des États-Unis. Le nouvel album studio du trio, paru après un silence de quatre ans, pousse les musiciens montréalais vers de nouvelles trajectoires rock-pop faites de subtilités et de grooves cajoleurs. Un chemin musical serein et paisible, tout le contraire du road trip qu’ils connaissent ces jours-ci.

La vie de tournée, ce n’est pas toujours une sinécure, mesdames et messieurs. Justement, hier, c’était un peu l’enfer, raconte Nicolas Basque au bout du fil cellulaire, perdu sur la highway : « Une de nos camionnettes a eu beaucoup de problèmes, on a dû faire plusieurs arrêts. On est arrivé à l’hôtel à quatre heures du matin, de sorte que le concert a été annulé. Ce matin, il a fallu en louer une nouvelle pour se rendre à notre prochain concert. » Le trio, qui tourne présentement avec une choriste, un bassiste et un technicien de son, devrait songer à embaucher un garagiste. « En fait, répond Basque, c’est le batteur [Matthew Woodley] qui s’y connaît le mieux parce que c’est lui qui se rend dans les garages. On s’est dit à la blague qu’il faudrait qu’un de nous suive un cours de mécano. »

Certes, la route est longue et ardue, mais « la récompense est de faire des spectacles le soir », ajoute le guitariste et chanteur. Surtout après presque quatre ans passés loin de la scène, un choix concerté. Après la tournée du troisième album The End of That (2012, toujours sur étiquette Secret City Records), « on avait besoin d’un break, et ça s’est fait naturellement. De plus, nous avons tous eu des enfants durant cette pause. Aujourd’hui, on a retrouvé notre erre d’aller, en quelque sorte. Ça ne prendra pas quatre ans encore avant de lancer un nouveau disque. »

« Le truc, c’était d’arriver à travailler le côté plus exploratoire de nos compositions, tout en créant des chansons qui se jouent bien en concert. » — Nicolas Basque, Plants and Animals

Pendant que certains fans en sont venus à se demander si Plants and Animals n’avait pas jeté la serviette, selon Nicolas, ses collègues et lui faisaient un bilan de leur carrière, lancée en 2003 avec un premier EP éponyme. « On s’est vraiment demandé ce qu’on voulait faire de nos chansons. On s’est questionné : comment on veut travailler en studio, comment on peut se laisser le temps d’explorer. Le truc, c’était d’arriver à travailler le côté plus exploratoire de nos compositions, tout en créant des chansons qui se jouent bien en concert. »

Plants and Animals a atteint ce bel équilibre sur Waltzed in from the Rumbling, disque méticuleux qui ramène le goût de la chanson folk exposé depuis le solide premier album Parc Avenue (2008, finaliste au prix Polaris), tout en évacuant les envolées psychédéliques de celui-ci au profit d’un groove plus épuré. « On essaie simplement de créer quelque chose qui nous ressemble aujourd’hui», commente Basque. C’est certes un disque très travaillé, dans la mesure où on tente de dénicher une twist à chaque chanson, sans être show off, sans faire de l’esbroufe, signe d’une maturité musicale acquise au fil des ans, « par exemple en effectuant des transitions dans l’émotion, dans le feeling, plutôt qu’en jouant sur des ruptures de tempo ou de structure, ce genre de trucs qui impressionne à l’écoute. En résulte un disque certainement plus groovy » aux orchestrations de cordes rarement ostentatoires, toujours bien dosées, enrichi par la judicieuse présence de deux choristes (Katie Moore et Adèle Trottier-Rivard), qui ajoutent une touche féminine inédite au répertoire du trio.

Les chansons, composées sur le moment en studio – même les textes, signés par le chanteur et guitariste Warren Spicer -, possèdent ce petit quelque chose de classic rock qui nous rappelle le son confortable et rassembleur des 10cc et Blood, Sweat & Tears d’une époque ancienne. Et pas vraiment celui de Radiohead, que certains collègues ont évoqué.

« Nous non plus, on ne sait pas trop d’où vient la comparaison avec Radiohead, s’étonne Basque. Pour être honnête, c’est la première fois que ça nous arrive. Cependant, on s’est souvent faire dire qu’on sonnait comme nos influences… sans que quiconque parvienne à les nommer telles quelles. Cela dit, on prend ça avec un grain de sel. Et puis, Radiohead, c’est tellement un gros groupe qui a influencé toute une époque du rock, j’imagine que tout le monde finit par être comparé à lui. À la limite, je peux bien comprendre le rapprochement sur certaines de nos chansons, mais en général, pas vraiment. Or, quitte à être comparé à un groupe, autant que ce soit celui-là, non? »