Les éditeurs de musique soutiennent la carrière de leurs créateurs d’une myriade de façons, que ceux-ci aient déjà connu des succès commerciaux importants ou qu’ils en soient à leurs premiers pas dans l’industrie.

« Chaque situation est unique », affirme le directeur général de peermusic Canada Inc. (Peer), Neville Quinlan. « The Tragically Hip ou Sarah McLachlan n’ont pas les mêmes attentes à notre égard que peut en avoir un auteur. »

Les plus gros efforts sont déployés pour les créateurs qui tentent de s’établir ou qui cherchent à changer de genre ou de domaine, par exemple afin de composer pour la télé ou le cinéma.

« Personne ne va être “hot” durant toute sa carrière », affirme Quinlan. « Toute carrière a des hauts et des bas. Nous aidons nos auteurs à faire ce qu’ils doivent pour que leur carrière puisse se poursuivre même pendant ces inévitables bas. »

« Peer est arrivé dans ma vie à un moment plutôt sombre de celle-ci et ils m’ont toujours soutenu » – Hawksley Workman

Hawksley Workman

Hawksley Workman (Photo: Dustin Rabin)

Un des créateurs de peer qui a persévéré malgré ces hauts et ces bas est Hawksley Workman, sous contrat avec l’éditeur depuis 2010.

« Peer est arrivé dans ma vie à un moment plutôt sombre de celle-ci et ils m’ont toujours soutenu », dit-il. « J’étais une étape de ma carrière où je me “divorçais” de ma grande maison de disques, et c’était très inconfortable en raison des sentiments d’échec et de ne pas être à la hauteur. »

« Mais Neville et Cheryl [Link, directrice film & télé et A&R] m’ont quand même vu comme quelqu’un qui pourrait valoir un million de dollars un jour, et c’est très réconfortant. »

Peer a accordé beaucoup de ressources à la carrière de Workman et lui a déniché d’importants placements télé, a organisé et financé des voyages de cocréation un peu partout dans le monde et a même créé un studio temporaire dans ses bureaux de Toronto pour l’enregistrement des albums Meat et Milk en 2010.

« Outre mon agent qui est avec moi depuis le premier jour, la plus longue relation professionnelle que j’ai eue est celle avec peer », constate l’artiste. « Ils croient en moi et je crois en eux. »

Lorsque peer a mis Workman sous contrat, il avait déjà lancé plusieurs albums et jouissait d’une réputation internationale. Toutefois, les éditeurs canadiens sautent généralement dans l’arène beaucoup plus tôt afin de donner le coup d’envoi à une jeune carrière.

Gary Furniss

Gary Furniss (Photo: Jamie Quaile)

Lorsque nous joignons le président de Sony/ATV Music Publishing Canada, Gary Furniss et le vice-président, créativité, David Quilico, ils sabraient le champagne en compagnie de Kiki Rowe pour célébrer leur entente fraîchement signée. Les éditeurs avaient un œil sur Rowe depuis des mois et ont finalement décidé de lui offrir un contrat. Ils l’avaient jumelée à des créateurs établis afin de voir comment elle tirerait son épingle du jeu et l’ont également invitée à rencontrer des superviseurs musicaux à New York et Los Angeles, ainsi qu’avec les filiales de Sony/ATV qui la représenteront aux États-Unis.

« Il est bien évident que lorsque vous songez à offrir un contrat à un artiste, ce dernier doit avoir du talent », explique Furniss. « Mais il faut également une attitude géniale et une éthique professionnelle hors du commun, et Kiki possède les deux. On ne sait jamais d’avance s’ils connaîtront un succès à tout casser, mais on sait qu’ils ont tout pour y arriver si tout est en place pour que ça arrive. Notre travail est de nous assurer que les choses se concrétisent grâce aux bons réalisateurs et aux bons cocréateurs. »

« Lorsque je leur ai fait entendre ma musique, je voyais qu’ils étaient sincèrement ravis. Ils aimaient mon son et croyaient en moi. Que puis-je demander de plus ? »

Furniss et Quilico croyaient tellement au potentiel du duo dance USS qu’ils ont financé l’enregistrement de leur premier album en 2008 et les ont présentés à Coalition Music pour une entente de représentation. Les éditeurs ont adopté une approche similaire avec Elise LeGrow, en payant pour l’enregistrement de son premier EP en 2012, disque qui contenait son « hit » du Top 10, « No Good Woman ».

Même son de cloche du côté de Red Brick Songs, qui a récemment mis sous contrat le Vancouvérois Nygel Asselin. Captivés par son travail de réalisation sur Dark Eyes de Half Moon Run, l’équipe créative de Red Brick, Jana Cleland et Amy Eligh ont invité Asselin à un camp d’écriture qu’elles organisent tous les deux ou trois ans afin de le voir à l’œuvre. En fin de compte, il en est ressorti avec la cocréation de « Drifting », la chanson qui est devenue le premier simple du groupe américain On An On.

Jana Cleland & Amy Eligh

Jana Cleland & Amy Eligh (Photo: Chris Robinson)

« Drifting est sans doute notre plus gros “hit” à ce jour », confie Cleland, soulignant qu’Eligh et elle croyaient tellement au potentiel de cette chanson qu’elles ont publié le démo sur les sites de diffusion en continu afin de mousser l’intérêt des gens. « Nous offrons des contrats aux artistes que nous aimons déjà, puis nous les mettons en contact avec de nouveaux environnements et de nouveaux collaborateurs. Nous tentons de trouver la connexion magique qui provoquera des flammèches. Nous voulons trouver de bons créateurs qui se complèteront et créeront quelque chose de spectaculaire. »

« Je ne suis pas sûr comment elles font, mais elles comprennent vraiment mon style musical. Elles me poussent parfois hors de ma zone de confort afin que j’essaie de nouvelles choses. Elles m’ont inscrit au camp de création SOCAN [“on the Farm”] en Colombie-Britannique il y a environ un mois et j’ai rencontré des gens avec qui je n’avais jamais écrit auparavant. Le réseautage que cela nous permet de faire est renversant. »

À l’instar des plus grandes maisons d’édition qui possèdent des bureaux affiliés un peu partout dans le monde, Red Brick tire profit de son réseau de sous-éditeurs internationaux pour générer de l’intérêt et créer des opportunités de cocréation. « Les éditeurs sont une communauté », explique Cleland. « Nous sommes des concurrents, mais également des collaborateurs. »

Peer exploite à fond son réseau d’affiliés afin de créer des opportunités de cocréation. « Nous avons des bureaux un peu partout et nous sommes toujours à quelques degrés de séparation d’un créateur avec qui l’un de nos artistes aimerait travailler », poursuit Quinlan.

C’est ainsi que Royal Wood, sous contrat avec peer Canada, s’est retrouvé à collaborer avec le réalisateur et auteur-compositeur britannique Jamie Scott. Ils étaient justement dans un studio du nord de Londres lorsque nous avons parlé à Wood au téléphone à la fin novembre.

« Je n’ai jamais été aussi heureux ou reconnaissant de ma vie », dit-il alors qu’il vient tout juste de terminer un voyage de création à Los Angeles avant de reprendre la direction de Nashville. « Je suis dans un studio et on travaille sur une console que les Beatles ont utilisée pour l’enregistrement de Abbey Road ! Peer m’a permis de collaborer avec des auteurs et des producteurs que je n’aurais jamais pu rencontrer sans leur aide. Les gens de notre industrie pensent que votre réputation est faite simplement parce que vous êtes sous contrat avec une compagnie comme peer. Disons que ça ouvre des portes, c’est clair. »