Qu’est ce qui vous amené à l’édition musicale?
J’ai lâché l’école à 16 ans pour me lancer dans l’industrie de la mode. Salvatore Parasuco, fondateur de la compagnie du même nom, avait été invité comme conférencier de fin d’année à mon école. Je crois qu’il voulait faire un mentor de lui-même! Mon rêve était alors de produire des événements de mode. Je me suis mis à produire les défilés de Parasuco non seulement au pays, mais dans le monde. J’y mettais évidemment de la musique et même de la vidéo, on parle de vrais événements multimédias. Aux États-Unis surtout, la mode et la musique étaient très proches : je suis tombé en amour avec la musique et les artistes. L’industrie du spectacle me paraissait plus glamour encore que celle de la mode, j’aimais les artistes, les créateurs.

J’ai découvert le monde du droit d’auteur et j’ai dû obtenir les licences appropriées, j’étais utilisateur de musique au départ. De 16 ans à 21 ans, j’ai été producteur d’événements, d’abord avec Parasuco, puis avec Guess, Diesel, DKNY, Hugo Boss et Calvin Klein. Ma compagnie Sphere se consacrait donc au départ à ces activités.

Un autre élément déclencheur de mon intérêt pour la musique fut la production en 2002 d’un spectacle-hommage à ma marraine, décédée du cancer, au profit de la Fondation québécoise du cancer. J’ai approché Nanette Workman, qui m’a fait découvrir l’univers du showbiz, en plus de participer au spectacle Les divas du Québec, avec 21 chanteuses dont Natalie Choquette et Nancy Dumais. J’étais au tout début de la vingtaine, je ne connaissais pas l’industrie au Québec, en somme j’ai tout appris sur le tas.

J’ai commencé avec la production de spectacles et d’albums, en plus de la gérance d’artistes. Au départ, je n’avais pas les éditions musicales, mais je me suis rendu compte que je devais aussi avoir une maison d’édition pour offrir un service plus complet et mieux entourer les créateurs, comme Mélanie Renaud ou Les Respectables, avec qui je travaillais. J’ai réalisé qu’une bonne stratégie de promotion devait s’appuyer sur la création musicale et donc l’édition.

Parlez-nous des débuts et de l’évolution des Éditions Sphère?
La maison a été fondée en 2006. J’ai alors signé les artistes en gérance chez nous, dont les contrats d’édition ailleurs étaient venus à échéance. Je travaille entre autres avec Anik Jean, Clement Jacques, Mélanie Renaud, Marie Denise Pelletier, Antoine Gratton, Jonathan Painchaud ou le groupe Sens. Et depuis quatre ans, j’ai aussi ouvert le service d’édition à d’autres catalogues.

D’après vous, quels sont les changements les plus marquants dans ce domaine depuis cinq ans?
La job de représentation a évolué beaucoup. La promotion de l’artiste et de ses chansons se fait beaucoup plus sur les plateformes Internet que sur CD, évidemment.

Parlez-nous du répertoire que vous représentez, comment vous le développez et l’exploitez ici et à l’international?
Le travail d’éditeur au Québec est très différent de celui que nous devons faire dans les autres marchés. La négociation est différente quand on parle de marché international. J’ai la conviction que ce serait plus difficile si j’étais seulement éditeur. Tout cela est un jeu de dominos, où s’entremêlent le travail du gérant, du producteur et de l’éditeur.

Et parfois, on a un coup de chance. Par exemple, j’ai rencontré l’agence de publicité de Wendy’s® au congrès MUSEXPO, à L.A., en mai 2010. Ces représentants cherchaient du nouveau répertoire musical pour leurs pubs et Wendy’s® préparait un burger, le Guacamole Bacon Cheeseburger. On a vendu la chanson « Guacamole » des Respectables pour cette pub qui sera entendue dans la moitié des états américains!

Ça aide évidemment de se présenter à des événements internationaux, ça crée des liens, ces chances-là, il faut les susciter!
Quels sont les autres outils dont vous vous servez?
Je dois mentionner le programme fédéral Volet Entrepreneurs de la musique – Aide aux entreprises canadiennes d’édition musicale, qui nous aide beaucoup. Et aussi les bénéfices offerts par la SOCAN. Nous avons entre autres profité de la Maison SOCAN à L.A. ainsi que des bons conseils de son représentant sur place, Bob Hunka.

Êtes-vous toujours à la recherche de nouveaux auteurs ou préférez-vous consolider vos activités autour de ceux déjà sous contrat?
Actuellement, je cherche des auteurs-compositeurs au son essential beat (électro-techno-dance-pop) C’est que j’ai un contrat d’exclusivité pour le marché francophone mondial avec le distributeur eOne, présent dans 42 pays. Je crois beaucoup à ce type de collaboration. C’est la porte ouverte vers la scène internationale. Et nous allons continuer de développer nos catalogues de chanson française pour nos étiquettes SPHERE Musique et GSI Musique. J’y crois beaucoup.

Avez-vous d’autres activités à titre d’éditeur comme membre d’associations ou de groupes de pression auprès du gouvernement?
Pas à ce jour. Mais j’y serais ouvert éventuellement. Je n’ai pas encore eu le temps de m’y pencher.

Quel avenir voyez-vous pour l’édition musicale au regard des changements technologiques actuels?
Plus que jamais, c’est à nous d’établir les règles avec les gouvernements. Si les dinosaures ont de la misère avec la réalité numérique actuelle, ils devront se tasser pour laisser la place aux plus jeunes!

Vos projets à court et moyen terme?
On a des projets très importants avec Antoine Gratton à l’exportation américaine. On aura un grand lancement à l’automne, on s’en reparle!