Si le parcours musical de Men I Trust est pavé, c’est que les membres du groupe ont posé chaque pierre. Évoluant dans un milieu où il est possible d’aller chercher le grain de sel de tout le monde, le trio adhère à la philosophie de n’être jamais mieux servi que par soi-même.

Le bassiste Jessy Caron et le multi-instrumentiste Dragos Chiriac, amis de longue date, ont fondé Men I Trust en 2014, avant de révéler toute leur puissance avec la voix et la guitare d’Emmanuelle Proulx en 2015. La force du nombre.

Men I TrustJe discute avec Dragos, à la veille d’un spectacle-clé de la tournée, celui du Festival d’Été de Québec. Bien sûr, le groupe affiche des dates à Copenhague, à Zurich et, ce mois-ci, le trio s’envolait même vers l’Égypte, mais un spectacle à la maison dans une salle immense, ça fait son effet. « C’est à l’Impérial, qu’on joue, dit Dragos. C’est vraiment plus gros que ce qu’on fait comme salle normalement. Et le FEQ a toujours des foules d’envergure. »

« Finally we’re having some good musicians in Egypt », pouvait-on lire sur Facebook il y a une dizaine de jours, alors que Men I Trust atterrissait au pays des pharaons. Mais comment un trio électro de Québec se retrouve sur une affiche de festival égyptien? « Notre following est réparti comme une poudre un peu partout dans le monde, explique Dragos. C’est pas facile pour nous de faire une tournée concentrée dans un même secteur parce que ça reste qu’on n’est pas tant connus. On est un peu connus, mais partout. »

La répartition géographique des adeptes, saupoudrés sur la mappe, n’est que le fruit du hasard selon le cofondateur du groupe. Chose certaine, partout où ils vont, ils remplissent des salles. « Ce sont des petites salles, mais elles sont remplies, assure Dragos. C’est ce qu’on aime faire, des concerts très intimes qui visent un public spécifique. »

Bien que le groupe affiche Montréal comme ville d’origine sur ses réseaux, il porte bel et bien la fierté du « fabriqué à Québec ». « C’est que, même quand on nomme Montréal, à l’étranger, personne ne sait c’est où, donc imagine Québec, se désole le musicien. C’est triste de se rendre compte que, même aux États-Unis, les gens ne sont pas capables de dire à peu près où est Montréal sur une carte. »

L’origine du groupe importe peu, au fond, car la réception est unanime auprès d’une scène musicale précise qui est partante à 100%. « C’est quand même assez surprenant, arriver dans une ville où on n’est jamais allés et que les gens achètent des t-shirts, remarque Dragos. La force de l’internet nous aide beaucoup. On a énormément d’écoutes en ligne. Chaque fois qu’on sort une nouvelle toune, on a des nouveaux followers. Nos réseaux sociaux doublent aux six mois. »

Si les groupes de la relève sont souvent en recherche active d’un label pour leur montrer la route, Men I Trust n’est pas de cette école. « On a eu plusieurs offres et on n’est pas intéressés, lance Dragos. Tous nos trucs se gèrent vraiment bien. Ça représente environ 10-15 emails par jour. »

Le trio préconise le mode DIY en brandissant la cohésion esthétique. « Ça aide vraiment de ne pas avoir à attendre après une équipe. On peut sortir une toune en deux semaines, avec une vidéo qui est en continuité avec notre idée de base. En faisant notre propre vidéo pour accompagner chaque chanson, on solidifie l’univers du groupe », explique-t-il.

C’est le booking qui prend le plus de temps. C’est pourquoi le groupe a délégué cette partie du travail aux États-Unis et en Europe. « Tout ce qui est production, enregistrement, image, photo, on adore faire ça nous-même et on a la compétence pour le faire. Tant que ça marche, on va le faire comme ça », promet Dragos.

La force du groupe s’inscrit dans des mélodies accrocheuses et douces qui parlent, volontairement, à un public niché. « C’est pas un style commercial. On n’a pas d’écoutes radio. On ne se retrouve que dans des playlists et des médias spécialisés », précise le musicien.

Men I Trust souhaite obéir au silence. « On veut une musique espacée, c’est une musique qui prend son temps, même dans les chansons plus rythmées. Même en images, on fait le choix conscient de plans longs, de distance. C’est calculé. »

Deux nouvelles chansons ont été présentées en spectacle récemment, notamment à Québec. Elles se retrouveront sur le prochain album à paraître en février, un enregistrement qui sera plus long et plus étoffé.

Le groupe continue la tournée – qui compte déjà plus de cent spectacles en 2018 – de septembre à début janvier. « Je pense qu’on va écrire l’album en août, on a un p’tit break de deux semaines… », conclut Dragos.