Lindsay Ell profite d’une rare journée de congé à sa demeure de Nashville. « J’ai vraiment l’impression de passer six jours sur sept sur la route », confie-t-elle. Mais elle est loin de se plaindre. L’auteure-compositrice-interprète de 28 ans adore la tournée. Chaque matin, en sautant du lit, elle vit sa passion. « J’ai prié pour me sentir aussi fatiguée depuis que je suis toute petite ! Je vis mon rêve et je pars en tournée avec des artistes avec qui je rêvais de partir en tournée quand j’étais plus jeune. »

LES CONSEILS CRÉATIFS DE LINDSAY ELL
1) L’honnêteté, c’est la clé. ‘C’est la règle #1 et une règle qu’il ne faut jamais briser. Plus vous pouvez être vulnérable en tant qu’auteur-compositeur, plus votre chanson sera bonne, règle générale… Plus je suis authentique, plus la chanson est bonne.’
2) Écrivez tous les jours. ‘Même si ce n’est qu’un titre ou encore une ou deux phrases. L’appli de mémos vocaux sur mon téléphone est bourrée de fragments, d’idées que je chante en marchant à l’aéroport ou à moitié endormie dans un lit… Je m’efforce d’écrire quelque chose chaque jour et de capter mes idées lorsqu’elles passent.’
3) Il n’y a pas de règles ! ‘Dès l’instant où je me dis ‘ça doit être fait de cette manière’, je sais que le lendemain je vais briser ma propre règle !’

Parmi ces artistes, on retrouve Brad Paisley (avec qui Ell est actuellement en tournée), Sugarland (qui se réunit et partira en tournée l’été prochain), et Keith Urban (Ell prendra part à la deuxième portion canadienne de sa tournée mondiale Graffiti U dès septembre 2018).

Depuis la parution de The Project en août dernier, la Calgarienne d’origine désormais établie à Music City n’a cessé d’accumuler les accolades. Dès son lancement, ce premier album a pris son envol sur les palmarès. Ce recueil de 12 chansons est devenu #1 du palmarès des albums country d’iTunes, #2 sur le palmarès tous genres confondus et une première position sur le palmarès des albums country actuels de Nielsen Soundscan. Puis vinrent plusieurs apparitions importantes à la télé, notamment au Today Show et à Jimmy Kimmel Live !

Grâce au producteur Kristian Bush (de Sugarland), Ell a trouvé sa zone de confort. Comme on peut le lire dans le livret de son album, « je voulais intituler cet album The Project parce que c’est exactement ce qu’il est. J’ai tellement appris à propos de moi-même. Je suis une chanteuse différente, une guitariste différente, une artiste différente. J’ai enfin trouvé ma voix. »

Lorsqu’on lui demande si elle s’était imaginé un succès aussi rapide, Ell demeure humble. « Je voulais que mes fans tombent en amour avec ces chansons autant que moi », dit-elle. « Mais je n’aurais jamais cru qu’il débuterait en première position. C’est encore un peu surréaliste. »

« Castle », une pièce coécrite en compagnie d’Abbey Cone et Josh Kerr, est l’une des étoiles de cet album encensé par la critique. La chanson se veut une métaphore de la philosophie qu’Ell a adoptée : toujours garder les deux pieds sur terre, peu importe son succès. Dans le refrain, elle chante (librement traduit) « Et même si nous avions une maison sur la montagne/je parie que nous voudrions un château ».

RÉ-ENREGISTRER SON ALBUM PRÉFÉRÉ
Avant d’enregistrer The Project, le réalisateur Kristian Bush lui a donné un devoir qu’elle ne pouvait pas refuser. ‘Tant de gens ont été une influence pour moi que je ne savais pas par où commencer et où je m’en allais avec ma musique’, explique-t-elle. ‘Lors de notre première réunion de travail, Kristian m’a demandé quel était mon album préféré de tous les temps, et je lui ai dit : Continuum de John Mayer. Il a dit ‘C’est parfait ! Tu vas réenregistrer l’album au complet. Voici les seules règles du jeu : tu n’as que deux semaines, tu dois jouer tous les instruments toi-même et tu dois tout faire au studio. Pendant deux semaines, je travaillais de 8 h à 15 h pour y arriver… J’ai tellement appris au sujet de Mayer, de sa façon de jouer de la guitare et de la mienne, et de comment je voulais que mon album sonne. Tout s’est mis en place dans ma tête.’ Après deux semaines en studio, elle a remis son devoir à Bush. ‘Je lui ai dit, ‘je sais finalement comment je veux que mon album sonne !’’ Ell a décidé de lancer sa version de Continuum afin que ses fans puissent entendre son travail. Il paraîtra plus tard cette année.

« C’est très facile, peu importe notre rang dans la société, de penser que nous n’avons jamais assez de quelque chose ou que nous ne sommes pas assez cool, etc. », dit-elle. « Nous sommes tous pris au piège dans ce cycle, mais ce n’est pas là-dessus que nos cœurs et nos esprits devraient se concentrer ; ça n’est pas ça a réalité. Cette chanson parle de mettre les choses en perspective et d’être reconnaissant pour ce que nous avons et de la vie que nous avons la chance de vivre chaque jour. »

Ce sont là de judicieux conseils que nous pouvons tous adopter, mais comment la principale intéressée — tandis que s’accumulent les # 1 et que son étoile est en pleine ascension — s’y prend-elle pour vivre dans le respect de sa propre philosophie ? « Mes fans », dit-elle. « J’ai une relation tellement étroite avec eux, ils me gardent les deux pieds sur terre. » Ell est de son propre aveu férue de réseaux sociaux — elle affirme passer en moyenne cinq heures par jour sur ses divers comptes. « J’écris à mes fans, je constate comment mes spectacles influencent leurs vies, et ça m’aide à garder les pieds sur terre. »

Les 12 pièces sur The Project sont toutes des collaborations ou des contributions d’autres artistes. C’est un album de puissantes chansons personnelles au message simple et universel : amour et espoir. Avant de s’établir à Nashville, il y a huit ans, Ell avoue n’avoir jamais collaboré à la création d’une chanson. De nos jours, les co-créations sont devenues la norme. Le premier simple, « Waiting on You » a atteint le Top 5 de la radio country canadienne. La chanson country rock aux accents blues, coécrite avec Adam Hambrick et Andrew DeRoberts, est celle qui a agi comme catalyseur des séances pour The Project. « Champagne », coécrite avec Walker Hayes, est une des préférées d’Ell, car elle a dû sortir de sa zone de confort.

« C’était une expérience incroyable pour moi, en tant qu’auteure, d’apprendre qu’il n’y a aucune règle », raconte-t-elle. « Vous pouvez écrire sans crainte ; il y a toujours moyen de modifier par la suite. Lorsque j’étais avec Walker, je lui ai demandé : “est-ce qu’on peut faire rimer ‘feel’ avec ‘Jessica Biel’ ? et il m’a répondu : ‘Bien entendu !’ Ce fut une bonne leçon d’écriture”.

Les leçons musicales d’Ell — formelles et informelles — ont commencé dès son plus jeune âge. À six ans elle jouait du piano et à huit ans elle apprenait la guitare, souhaitant suivre les traces de son père dans le domaine country-bluegrass. Aujourd’hui, comme le chantait un de ses premiers mentors, Ell sait prendre soin de ses affaires. Il y a 15 ans, alors qu’elle avait 13 ans, elle a fait la rencontre de Randy Bachman, membre du Panthéon des auteurs et compositeurs canadiens.

Ell se souvient : “Randy a entendu un de mes démos où je reprenais des chansons de Jann Arden et des pièces instrumentales de Tommy Emmanuel à la guitare, et il a dit ‘on dirait une jeune Chet Atkins ; il faut que je la rencontre’. Une séance d’écriture avec Bachman et Ell a été organisée et le cofondateur des Guess Who est devenu l’un des tout premiers fans de la jeune auteure-compositrice. ‘Il m’a fait découvrir le blues, le jazz, le rock, et ça m’a permis d’élargir mon vocabulaire musical jusqu’alors inexploré’, raconte Ell.

Les deux artistes sont encore en contact de nos jours. Bachman a appris une autre leçon importante à Ell : ne perds jamais de vue les raisons pour lesquelles tu as choisi ce métier. ‘Randy m’a expliqué que cette vie que j’ai choisie sera une véritable montagne russe d’émotions et que je dois toujours me souvenir pourquoi j’adore faire ce que je fais, et ainsi je garderai toujours les deux pieds sur terre’, dit Ell. ‘Ce sont de précieux conseils auxquels je pense tous les jours.’