Détenteur d’une licence de la SOCAN, 8tracks.com est un site Internet offrant un service de webradio et de réseautage social en ligne basé sur le concept de la diffusion en continu de listes de lecture créées par des utilisateurs et contenant au moins huit morceaux musicaux par liste. Les utilisateurs créent leurs propres comptes gratuits pour ensuite écouter des listes de lecture produites par d’autres internautes ou en créer eux-mêmes de nouvelles. 8tracks a été inclus dans la liste des 50 meilleurs sites Web du Time en 2011 et a fait l’objet d’articles louangeurs dans Wired, CNET (« Les 7 principales raisons pour écouter 8tracks.com ») et Business Insider (« Un service de musique légal et gratuit que nous adorons »).

Les utilisateurs de 8tracks ne voient pas à l’avance le contenu des listes de lecture des autres internautes et n’en savent rien tant qu’ils ne commencent pas à les écouter. Ils n’ont accès à aucune écoute préalable pendant que la musique joue, pas plus qu’ils ne peuvent revenir en arrière pour réécouter un morceau. C’est une sorte de bande sans étiquette à trois vitesses (jouer, arrêter, avance rapide), l’idée étant de promouvoir la vente de musique plutôt que de la remplacer par une écoute gratuite.

L’entreprise a été créée en 2006 par David Porter, ancien employé du service radiophonique en ligne Live365, et elle a été lancée le 8/8/08 (8 août 2008) par une petite équipe dont les membres travaillaient le soir et la fin de semaine à New York, en Californie et en France. La compagnie a été en mesure de payer ses employés et à les engager à plein temps dès 2001 et de commencer à réaliser des bénéfices en 2012. Le nombre d’auditeurs est passé de 1 à 8 millions d’utilisateurs dont 20 pour cent viennent du Canada.

L’inspiration initiale de M. Porter a été le bouton « Hot List » du premier site Napster 1.0 à la fin des années 90, qui permettait à l’utilisateur de consulter la totalité des MP3 stockés sur les disques durs d’autres internautes. « Ça a été le premier outil de découverte de musique en ligne genre médias sociaux, explique-t-il. Je trouvais ça super cool. » Inconditionnel de la culture des DJ électroniques, M. Porter s’était rendu compte que le concepteur d’un mélange de musique ou d’une liste de lecture est un élément aussi important, sinon plus, que les faiseurs de musique eux-mêmes. « Je me suis dit qu’il y avait peut-être moyen d’appliquer ce paradigme du DJ à l’expérience musicale en ligne, ajoute M. Porter. De cette façon, l’utilisateur joue un rôle de diffuseur et de créateur de programmation. C’est peut-être la seule façon de créer un modèle permettant à tout le monde de téléverser quoi que ce soit sans échapper à la Loi sur le droit d’auteur. »

Comment cela fonctionne-t-il ? Aux États-Unis, 8tracks profite d’une disposition du Digital Millennium Copyright Act en vertu de laquelle l’entreprise obtient la licence obligatoire accordée aux « webdiffuseurs non interactifs » possédant une licence de « petit webdiffuseur ». 8tracks peut diffuser n’importe quelle musique en continu dans la mesure où il paie une redevance et se comporte comme une station de radio en ligne. L’entreprise fonctionne au Canada grâce à une licence qui lui est accordée par la SOCAN en vertu du tarif 22F des sites Web audio et en contrepartie de laquelle elle remet à la SOCAN un léger pourcentage de ses revenus bruts que celle-ci répartit ensuite entre les auteurs-compositeurs et éditeurs musicaux dont les chansons dont diffusées en continu dans les listes de lecture. 8tracks répertorie la totalité des exécutions sur l’ensemble des plateformes et soumet ces listes à toutes les organisations de droits d’exécution concernées.

8tracks a quatre principales sources de revenus : publicité visuelle, publicité audio (à venir), abonnements à une version supérieure du service, et commerce à l’aide du bouton Acheter rattaché à une chanson sur iTunes pour laquelle 8tracks touche un pourcentage de vente. L’objectif ultime de l’entreprise est de faire une concurrence sérieuse à Pandora même si, présentement, 8tracks fonctionne sur le million et demi de dollars qu’il a rassemblés jusqu’ici tandis que Pandora dispose d’un financement de quelque 300 millions. Cela peut sembler un peu ambitieux, mais si vous faites une recherche sur Twitter en utilisant ensemble les mots « 8tracks » et « Pandora », les micromessages que vous obtenez pour 8tracks sont de très loin les plus nombreux. La compagnie explore actuellement certaines initiatives marketing pour sensibiliser un plus grand nombre d’internautes et améliorer l’accessibilité de sa programmation.

« Et nous sommes à accroître notre implication au Canada, conclut M. Porter, grâce une possibilité de participation au North by Northeast en 2014. Nous songeons à engager un directeur général au Canada et à nous donner une présence dans ce pays. »