Après s’être taillé une place au sein de la communauté des auteurs-compositeurs-interprètes torontois, la très appréciée Emma-Lee a déménagé ses pénates à Nashville en février 2017 pour y poursuivre sa carrière.

Et elle ne regrette pas sa décision. « La ville a dépassé toutes mes attentes », dit-elle. « J’ai écrit plus de chansons cette année que jamais auparavant ; la ville nourrit cet appétit. »

Ironiquement, vivre à Music City lui a également offert plus d’occasions de travailler avec des auteurs-compositeurs canadiens. « À Toronto, je collaborais avec des artistes country, mais il n’y en avait pas beaucoup qui s’y rendait pour écrire leur album », explique-t-elle. « Mais pratiquement toute la scène country canadienne vient à Nashville, alors j’ai plus souvent l’occasion de collaborer avec eux, et c’est génial. »

« Je n’ai toujours pas d’éditeur », confie Emma-Lee, « mais j’aimerais bien travailler avec un éditeur. Je crois quand même que plus on est autonome avant de se trouver dans une situation d’édition, mieux on est équipé pour celle-ci lorsqu’elle arrive. »

Sa discographie de co-écriture de pièces enregistrées et interprétées par des artistes canadiens est impressionnante : Madeline Merlo, Michelle Treacy, Kira Isabella, Nice Pony, Victoria Duffield, Alee, Leah Daniels, SATE et Tia Brazda, pour ne nommer que celles-là. Elle est par ailleurs ravie de la pièce écrite avec sa collaboratrice de longue date, Karen Kosowski, ainsi que Phil Barton qui figurera sur le prochain album de Brett Kissel, ainsi que de récentes collaborations avec Sam Drysdale et Stacey Kay.

« Tom Petty qui mentionne mon nom dans le magazine Rolling Stone c’est pas mal la chose la plus cool au monde ! »

Photographe, en plus
Outre sa solide carrière musicale, Emma-Lee est également photographe professionnelle depuis une dizaine d’années, et elle se spécialise dans les clichés de musiciens et d’acteurs. « Je faisais beaucoup de photo à Toronto, mais ici, à Nashville, je recommence à zéro. Le fait que je prenne des photos de musiciens et que je collabore constamment avec des auteurs-compositeurs et des interprètes aide à faire passer le mot. Je dois justement faire un photo shoot avec [l’auteur-compositeur canadien de renom] Tebey [Ottoh] ici la semaine prochaine. Ce que j’aime de la photographie ici c’est que j’ai accès à tout un monde de nouveaux endroits pour prendre des images. J’habite East Nashville et on y retrouve une ambiance rétro que j’adore. Ç’a ravivé la flamme de mon inspiration. »

Sur le chemin de la création musicale, Emma-Lee a eu la chance de collaborer avec certains des plus grands auteurs-compositeurs canadiens, dont Ron Sexsmith, Todd Clark, Donovan Woods et Gavin Slate. Elle a avidement appris tout ce qu’elle pouvait de ces rencontres, et elle nous parle d’une séance de création à Los Angeles, plus tôt cette année, avec Brian West (Nelly Furtado, Maroon 5) qui fut des plus inspirantes.

« Je suis ressortie de là avec une approche légèrement différente de l’écriture », avoue-t-elle. On ne sait jamais quand ce genre de chose va se produire. Une bonne chose au sujet de Nashville, c’est qu’on y fait constamment de nouvelles rencontres qui nous permettent de voir comment les autres travaillent. On retient quelques aspects de leur approche, on l’applique à notre travail et on en ressort plus forts. »

Emma-Lee s’est d’abord fait connaître comme artiste solo avec le succès critique de ses premiers albums, Never Just A Dream (2009) et Backseat Heroine (2012). Son simple lancé en 2014 en l’honneur de son héros musical fut l’un des faits saillants de sa carrière.

La chanson « What Would Tom Petty Do? » est venue à l’attention de Petty et il a répondu dans les pages de Rolling Stone « je ne sais pas ce qu’il ferait, mais c’est gentil de le demander. » « Tom Petty qui mentionne mon nom, c’est pas mal la chose la plus cool au monde ! »

Son nouvel album, Fantasies, a été lancé sous forme de deux EPs de cinq chansons. Fantasies Vol. 1 est paru en octobre 2017 et Vol. 2 paraîtra en janvier 2018. « Lancer des œuvres moins volumineuses vous rend service, à long terme », croit l’artiste. « Ça donne une chance aux gens de digérer de plus petites portions de ce que vous tentez d’exprimer. Je suis une créatrice de musique, et même moi j’ai parfois de la difficulté à écouter un album en entier. Si je suis capable de m’avouer ça, je dois être honnête dans ma manière de lancer ma musique. »

Les chansons qu’on retrouve sur Fantasies ont été écrites à Toronto, Los Angeles et Nashville et produites par Kosowski, qui a également coécrit la majorité d’entre elles. Todd Clark a participé à l’écriture de « Not Giving Up On You », et un remix dance de cette chanson connaît un succès certain. « Elle a déjà cumulé un demi-million d’écoutes sur Spotify, alors j’imagine que ça veut dire que les gens aiment danser », dit Emma-Lee. « No Photographs », coécrite avec Kosowski et Ron Sexsmith, figurera sur le deuxième EP.

Emma-Lee a beau avoir des goûts éclectiques comme chanteuse et auteure-compositrice, elle qualifie néanmoins Fantasies d’album de pure pop. « Je crois que c’est l’album le plus cohérent que j’ai enregistré. Karen et moi écoutions des productions pop des années 80 et 90 à l’époque, et nous avons eu envie d’aller dans cette direction. »

« Écrire des chansons avec et pour d’autres gens m’a fait prendre conscience que je pouvais me permettre de laisser libre cours à mes tendances stylistiques, ici. J’adore toucher à différents styles musicaux, mais lorsque vous tenter de faire ça en tant qu’artiste, ça peut devenir difficile pour votre auditoire de saisir qui vous êtes. »

Au début, elle écrivait tout son matériel seule, mais Emma-Lee est désormais mariée à la coécriture. « Mon expérience m’a démontré que lorsque je présente une idée à une personne en qui j’ai confiance, cette idée en ressort invariablement améliorée », affirme l’artiste. « Et puis, j’aime vraiment travailler avec d’autres artistes. Ça n’est pas si amusant que ça de travailler seule, en toute honnêteté. »