Il est un peu étrange qu’une auteure-compositrice qui a grandi en écoutant des disques  de Bob Dylan, Fleetwood Mac, Metallica et Madonna et qui a co-écrit des chansons pour une brochette d’artistes tout aussi différents les uns des autres mentionne que ses plus grandes sources d’inspiration sont deux compositeurs – tenez-vous bien – du 17e siècle! Mais Maia Davies est comme ça.

« Je suis une musicienne de formation classique et je base souvent mes choix mélodiques sur Mozart ou Bach parce que je pense qu’ils ont déjà écrit toutes les plus belles mélodies pop », dit-elle en riant. « Et ensuite nous transférons cela musicalement pour l’instrumentation. »

« La musique folk contient beaucoup de guitares acoustiques, la musique pop a des synthés, la musique rock a des grosses caisses et, côté paroles, il s’agit toujours de transmettre clairement une émotion et une histoire que quelqu’un veut raconter. Ensuite, ça dépend beaucoup de l’artiste, de qui il ou elle est et de quel genre musical il s’agit. »

Maia Davies faisait autrefois partie du quatuor country-pop féminin Ladies of the Canyon, dont la gérance était assurée par la nouvelle division de Warner Music Canada et qui a lancé deux albums : Haunted Woman en 2010 et Diamond Heart en 2013. Maia Davies a co-écrit des chansons pour Monster Truck, Jill Barber, One Bad Son, Serena Ryder, Mother Mother (dont la chanson « The Drugs » a été couronnée d’un Prix SOCAN No. 1), Delhi 2 Dublin, Clayton Bellamy et plusieurs autres.

Le sexe de l’artiste avec qui on collabore joue-t-il un rôle important dans la démarche ? Maia Davies répond simplement ceci : « Dans les chansons de Jill Barber, tu répètes souvent le mot love, mais dans celles de One Bad Son, tu ne le feras probablement pas. » Elle ajoute : « À première vue, toute chanson qui se rapproche du royaume du rock, du folk ou de la pop n’est rien d’autre qu’une façon de transmettre une émotion – et il y a deux éléments : les paroles et la musique. »

Les quatre musiciennes de Ladies of the Canyon, groupe qui a été formé à Montréal en 2005, apportaient au groupe leurs propres compositions individuelles — un processus très solitaire, explique Maia Davies — mais, « au milieu du premier disque, on a commencé à écrire ensemble, et c’est une chose qui me plaisait réellement. »

« Bien souvent, quand ils viennent me voir, ils sont satisfaits de ce qu’ils ont déjà fait, mais ils veulent quelque chose qu’ils n’ont pas encore fait. »

Durant les tournée de Ladies of the Canyon à travers le Québec, où elle a des racines familiales remontant à ses arrière-arrière-grands-parents, elle a eu l’idée de faire un album francophone solo, qu’elle a justement intitulé Héritage et qu’elle a lancé sous son prénom, ré-épelé MAÏA. Ce projet l’a amenée à traduire (ou à « ré-écrire », comme elle dit) les paroles de deux chansons de l’album de 2012 de Serena Ryder, Harmony, pour le marché québécois.

Trois conseils pour les auteurs-compositeurs en herbe
1) « Les idées et les chansons que vous avez ne sont pas toujours les meilleures, et c’est une chose que vous devez accepter. Elles deviennent vos enfants, mais vous devez en laisser partir quelques-uns. C’est comme ça que vous grandissez et que vous vous améliorez. »
2) « Trouvez-vous un mentor, quelqu’un que vous admirez réellement. Assoyez-vous à côté de lui ou d’elle dans une pièce, et ce que vous pourrez absorber vous étonnera. »
3) « La créativité et l’inspiration ne sont pas des choses qui vous arrivent. Elles sont le produit de votre état d’éveil et de l’attention que vous portez à ce qui vous entoure : admirer des couleurs, assister à un concert, faire une promenade, ce genre de choses – et combiner le tout pour produire ce que vous croyez être une inspiration « fortuite ». Si vous souffrez du syndrome de la page blanche, changez de paysage. J’aime aller visiter un musée quand je me retrouve incapable d’avancer, j’aime m’entourer de gens créatifs et dynamiques et partager des idées avec eux. Si vous faites ça, vous ne serez jamais à court d’inspiration. »

Serena lui a fait lire les deux versions françaises qu’elle avait déjà, et Maia, dont les deux parents sont traducteurs et rédacteurs, a décidé de voir ce qu’elle pouvait faire. « Je pense qu’on peut faire mieux », se rappelle-t-elle avoir dit à Serena, puis elle explique : « Je ne crois pas qu’on devrait traduire une chanson, mais je pense qu’il faut en préserver intégralement l’intention et le sens, prendre certaines libertés et écrire en conséquence. »

L’occasion de lancer un nouveau chapitre de sa carrière comme auteure et réalisatrice pour d’autres artistes s’est présentée après que Ladies of the Canyon ait eu commencé à travailler sur son troisième album en compagnie du réalisateur Gavin Brown (Billy Talent, Metric, Barenaked Ladies, Mother Mother, Three Days Grace, Tragically Hip), titulaire d’un JUNO. Mais cet album n’a jamais vu le jour. Le groupe s’est séparé, mais Gavin Brown est devenu le mentor de Maia et lui a fait découvrir l’univers de la co-écriture.

Il lui a prodigué de précieux conseils, et ce, surtout concernant les paroles : à qui s’adresse tel ou tel passage, et pourquoi essaies-tu de parler en langage fleuri ou poétique? Ta chanson doit être une conversation directe avec quelqu’un.

« Il m’a offert de m’accueillir dans son équipe en permanence afin d’apprendre le métier de réalisatrice et d’auteure-compositrice professionnelle », raconte Maia, qui travaille aujourd’hui avec Brown aux Noble Street Studios à Toronto.

Brown réalise également le second album solo de MAÏA, un album de pop alternative francophone. « J’arrive à exprimer mes émotions plus clairement en français », explique-t-elle. « Cet album se distingue des autres sur le plan lyrique. C’est une destination. Je venais de vivre une séparation démente, donc l’album a fini par porter sur l’amour, la déchirure et la guérison. Il regorge d’images et d’émotions. »

Le premier titre a été « Echos », et la suite, « Laisse-moi libre », est sortie le 17 août 2018. L’album, qui ne porte pas encore de titre, sortira le 12 octobre sur l’étiquette Inside Pocket de Brown (qui assure également la gérance de Maia), distribuée par Warner Music Canada. Entre temps, Maia continue de co-écrire et de réaliser, et ses collaborations avec Monster Truck, League of Wolves, Delhi 2 Dublin et Clayton Bellamy sont sur le point d’être lancées.

« Bien souvent, quand ils viennent me voir, ils sont satisfaits de ce qu’ils ont déjà fait, mais ils veulent quelque chose qu’ils n’ont pas encore fait. Alors j’essaie de voir dans quel sens leur musique s’en va, où elle est actuellement, où elle sera demain, où l’artiste peut s’insérer dans ce paysage et comment je peux l’aider à y parvenir. »