Lorsque Ian Janes, l’auteur-compositeur-interprète de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, cherchait un titre pour son plus récent album, il n’a pas cherché bien longtemps. Yes Man, le titre de l’entraînante et accrocheuse chanson qu’il a coécrite avec Joel Plaskett, s’est rapidement imposé. « Let me be your yes man/if anyone can do it I can », chante Janes dans le refrain (librement, laisse-moi être ton béni-oui-oui/s’il y a bien quelqu’un qui peut l’être, c’est moi, NdT). « Let me be your yes man/I’m never gonna say no » (laisse-moi être ton béni-oui-oui/je ne te dirai jamais non).

Pour lui, ce sentiment évoquait sa propre attitude au moment où il s’est embarqué dans la création de cet album plein de soul, son quatrième en près de 20 ans. « “Yes Man” est une des chansons sur l’album, mais c’est aussi ce que j’aspire à devenir », explique l’artiste. « Pas de manière aplaventriste, mais dans le sens d’avoir une énergie positive et un esprit ouvert. »

Janes a lancé son premier album salué par la critique, Occasional Crush, en 1998 alors qu’il n’avait que 20 ans. Le disque lui a même valu de se retrouver sur la liste annuelle des 100 Canadiens à surveiller du magazine Maclean’s. Avec le recul, Janes regrette que celui qu’il était à l’époque avait trop peur de prendre des risques, ce qui l’a mené à rater des opportunités intéressantes.

« J’avais l’habitude de constamment tenter de contrôler les résultats, de planifier et diriger les choses de manière trop rigide », se souvient-il. « Plus jeune, je disais trop souvent “je sais pas trop” à diverses opportunités. Maintenant, je dis oui. »

« La création musicale est un muscle. Plus on l’utilise, plus on devient bon. »

Mais il n’y a pas que son attitude qui a changé. Bien que Janes — qui est natif de la vallée d’Annapolis, en Nouvelle-Écosse — joue de la musique depuis presque toujours, il n’a pas toujours eu l’ambition d’en faire son métier.

Peu de temps après la parution de son deuxième album, As It Seems, en 2002 — album qui a reçu deux nominations aux East Coast Music Awards et qui a été sacré Album de l’année pas Music Nova Scotia —, Janes a rencontré celle qui allait devenir son épouse et il s’est dès lors consacré à la fondation d’une famille.

« La musique est une part immense de qui je suis, mais elle n’est pas tout ce que je suis », confie celui qui est désormais papa de trois enfants. « C’était important pour moi de ne rien manquer de cet aspect de ma vie parce que je poursuivais aveuglément une carrière musicale qui serait couronnée d’un certain succès. J’ai toujours voulu trouver un équilibre entre les deux. »

Ce n’est qu’à la parution de son troisième album, une autoproduction intitulée Piece of Mine, en 2010, que Janes, qui gagnait entre-temps sa vie comme charpentier sur des projets de rénovation, a commencé à ressentir l’appel de la création musicale à plein temps.

« J’ai réalisé que je devais concentrer toute mon énergie professionnelle sur la musique », explique-t-il. « Votre plan B peut parfois exiger toute votre énergie au détriment de votre plan A. Ma femme et moi avons donc décidé de nous organiser afin que je puisse consacrer toute mon énergie à la musique. »

Pour Janes, qui cite les Joni Mitchell, Carole King et James Taylor comme quelques-unes de ses influences musicales, cela signifiait deux choses : chercher de manière proactive de nouvelles opportunités de se faire entendre et s’ouvrir aux collaborations.

C’est ainsi qu’après avoir participé à une vitrine de Music Nova Scotia, il a rencontré l’auteur-compositeur Andy Stochansky (Goo Goo Dolls, Ani DiFranco) et s’est retrouvé à Los Angeles, peu de temps après, pour une séance de création. Il a par la suite collaboré avec Lee Ann et Daryl Burgess (Irma Thomas, Colin James) à Nashville, ville qu’il a visitée à six reprises au cours des deux dernières années. Dans ces deux villes, Janes était ravi de pouvoir demeurer dans l’une des Maisons SOCAN. « Je n’aurais pas pu faire ces voyages, n’eût été ces résidences », dit-il avec reconnaissance.

Les deux tiers des chansons sur Yes Man sont des collaborations qui ont été enregistrées dans des chambres d’hôtel, des studios et des maisons résidentielles entre Nashville et St. John’s, Terre-Neuve. La plupart ont été réalisées dans son studio maison de Dartmouth, tandis que le surmixage final et le mixage ont été complétés au studio New Scotland Yard de Joel Plaskett.

Janes a par ailleurs connu un certain succès en tant qu’auteur pour d’autres artistes, dont récemment grâce à sa ballade country « Can’t Remember Never Loving You », coécrite en compagnie de Byron Hill, chanson qui était en vedette dans la série télé Nashville, interprétée par les personnages principaux lors de la dernière émission de mi-saison. Deux autres Canadiens lanceront cette année des chansons écrites par Ian Janes au cours des prochains mois.

« C’est un muscle », dit-il au sujet de la création musicale. « Plus on l’utilise, plus on devient bon. »

En fin de compte, l’artiste est très excité de voir que son engagement à faire de la musique à plein temps commence à porter ses fruits. « J’ai encore du chemin à faire pour arriver au sommet de cette côte, mais au moins, je suis rendu plus haut que quand j’ai commencé », lance-t-il en riant. « J’imagine que tout est une question de demeurer positif et de persévérer tout en essayant de tirer un maximum de plaisir du processus. »