Foreign Diplomats« Moi, j’aime vraiment ça lire des crédits sur la pochette d’un disque quand y’a plein de musiciens invités et de collaborations qui s’ajoutent aux membres d’un band », confie Élie Raymond, principal auteur-compositeur de Foreign Diplomats. Tout juste de retour d’une tournée européenne, le groupe pop-rock indé des Laurentides repart sur les routes du Québec pour présenter les chansons de Monami, l’album paru au courant de la belle saison et farci de ces rencontres musicales en studio qu’apprécie tant le chanteur et guitariste.

Y’en a beaucoup à lire sur la pochette de Monami, second disque du groupe fondé en 2010 avec Élie Raymond à sa tête. Les amis sont partout, à commencer par Elliot Maginot, officiellement choriste sur quatre titres, « mais il est presque partout sur l’album », confirme Raymond. Marc-Antoine Barbier et Philippe Gauthier Boudreau de Choses Sauvages ailleurs, « de très bons amis, on a même été colocs de studio ensemble ». Jace Lasek (The Besnard Lakes) au synthétiseur Therevox, c’est d’ailleurs la toute première note qu’on entend de l’album, sur Road Wage en ouverture.

« Ça donne une ambiance de collectivité » que d’inviter autant d’amis en studio, abonde Élie Raymond. « Un de mes groupes préférés, c’est Broken Social Scene ; y’a tellement de membres dans ce groupe-là, et en plus, eux aussi font venir plein d’amis lorsqu’ils enregistrent, j’aime vraiment ça. En plus, ça permet d’avoir d’autres timbres de voix, d’autres couleurs d’instruments. »

Ça donne aussi un esprit festif à l’entreprise, quelque chose auquel Raymond et ses collègues Diplomats – Thomas Bruneau Faubert, Tony L. Roy, Charles Primeau et Lazer Vallières – tenaient, histoire d’ouvrir le son du groupe sur de nouveaux horizons.

Car pour Raymond, ce Monami est « plus lumineux que le premier disque [Princess Flash, 2015, Indica Records], qui lui était un disque de « break-up » amoureux complet. Tout cet album était sombre et amer ; le nouveau est pas mal plus léger. »

Monami a été composé sur la route, explique Raymond, dans l’esprit « d’être amoureux ou de vouloir le devenir, et aussi d’avoir peur d’être en amour. On voulait aussi une sonorité plus dynamique, puisque Princess Flash était très claustrophobe. En s’ouvrant à des refrains plus pop, en ouvrant les portes du studio aux amis pour qu’ils viennent jouer avec nous, on voulait que ça paraisse sur disque qu’on a du plaisir à faire ça. »

Monami est effectivement le jour et la nuit (ou vice-versa) en comparaison avec le premier disque. Pop sans vergogne aux refrains infectieux, la voix de Raymond qui laisse entendre la banane qu’il a imprimée sur le visage. Des cuivres et des cordes et des synthés partout, un rock qui groove rondement, des chansons faites pour plaire sans pour autant tomber dans la facilité, même si c’est précisément ce que recherchait l’auteur-compositeur-interprète.

« Des fois, faut pas chercher trop long quand on écrit, a fini par comprendre Élie Raymond. J’essaie de plus en plus d’écrire plus simplement qu’avant et d’arrêter de chercher des métaphores profondes », donnant pour exemple Fearful Flower qui arrive à la toute fin de l’album et qui se termine par un paragraphe tout en français : « Ma fleur/ Oh oh/ Je t’aime à la folie/ Mais tu as peur de ton ombre… »

« Celle-là, c’est une des premières chansons que j’ai écrites en faisant attention d’y aller pour le plus simple », s’inspirant ici d’un recueil de contes québécois d’antan, la légende de Chasse-galerie étant éludée dans le texte en anglais (« Flying boat, where will you land? »). « J’adore le travail d’artistes comme Bill Callahan, ses textes si simples, mais si bien écrits. J’aime aussi beaucoup Silver Jews », alias David Berman, mentionne Raymond, touché par le décès subit, au début du mois d’août, de l’auteur-compositeur-interprète indie rock new-yorkais. Il est aussi fan de l’œuvre des Beatles, ça saute aux oreilles, jusque dans le timbre de voix rappelant celui de McCartney.

« J’ai enregistré beaucoup de démos des chansons de l’album, que j’envoie ensuite au band, puis à toute l’équipe, explique Raymond. Ensuite, on repassait dessus pour faire mousser, en essayant de trouver ce qui, dans la chanson, resterait le mieux en tête. Tout ce disque fut une recherche pour arriver à des mélodies frappantes – même les textes ont été retravaillés pour trouver le bon mot à chanter au bon endroit. »

« Ces temps-ci, on compose ensemble, mais surtout dans l’esprit de faire des expériences sonores plutôt que des chansons bien construites, poursuit-il. On essaie simplement des affaires nouvelles avec nos instruments, pour ensuite mieux nous diriger lorsque viendra le temps de les écrire, ces nouvelles chansons. C’est du gros gossage – c’est exactement ça le mot, du gossage! »