P&M : Parlez-nous des débuts et de l’évolution de votre maison d’édition?
Elian Mata : Les Éditions Dakini sont nées en même temps que les Productions EM, la société de gérance et maison de disques à laquelle elles sont rattachées, soit en 2001. Dès le départ, il était évident que son évolution en général ne pouvait se faire sans la maîtrise de tous les autres secteurs.

J’ai débuté en produisant des spectacles dans un petit village du Sud de la France, où j’avais d’ailleurs programmé nul autre que Tony Pagano pour la première soirée. Plus tard, ce sont des rencontres marquantes avec des artistes exceptionnels tels que Véronique Sanson, William Sheller ou Stephan Eicher lors d’éditions spéciales « Fête de la Musique » de l’émission Taratata qui ont fait que mon goût pour la musique s’est définitivement confirmé. En 1997, je m’ installe ici : il faut dire que le Québec m’avait envoyé, juste un peu avant mon départ, sans doute l’un de ses meilleurs représentants : Gilles Vigneault. Ce dernier n’hésita pas à me parler longuement du Québec alors qu’il séjournait dans un hôtel du Sud de la France où je travaillais alors …

En 2002, dès la sortie du premier album d’IMA, les activités de la maison d’édition prennent de l’ampleur, Frédérick Baron multipliant ses collaborations en tant que parolier chez nous (Mario Pelchat, Marie-Élaine Thibert, Bruno Pelletier, Renée Martel, etc.) mais aussi en Europe. Parallèlement, les Éditions Dakini développaient de nouvelles collaborations d’auteurs et de compositeurs comme avec Catherine Major ici et Marie-Jo Zarb en France.

S’ensuivent la découverte d’auteurs-compositeurs-interprètes : en 2008, Laurence Hélie rejoignait les rangs de l’entreprise. Un premier album, un Félix et deux prix SOCAN couronnent bientôt cette nouvelle collaboration. À l’automne 2012, je recevais mon premier Prix SOCAN de chanson populaire, pour une œuvre créée par Frédérick Baron et Céline Dion, interprétée par Marc Dupré. Les Éditions Dakini prennent aujourd’hui de l’expansion au niveau international, et de nouvelles signatures sont à prévoir …

P&M : D’après vous, quels sont les changements les plus marquants dans le domaine depuis cinq ans?
E. M. : Bien entendu, la diffusion et la distribution numériques modifient et bouleversent nos habitudes depuis cinq ans. Certains pays ont déjà totalement abandonné le support physique traditionnel. Cela présente l’avantage de diminuer certains coûts, de multiplier les plateformes de promotion, et par conséquent de découvrir davantage d’artistes. En contrepartie, il reste encore beaucoup de travail pour parvenir à une gestion équitable des différents droits de toutes ces plateformes.

P&M : Vos projets à court et moyen terme pour la maison d’édition et pour vos auteurs? Êtes-vous en mode signature de nouveaux auteurs, par exemple?
E. M. : Les Éditions Dakini s’impliquent dans la promotion de l’album Humeurs variables de Frédérick Baron, et se préparent à travailler sur la sortie du nouvel album de Laurence Hélie, à présent, le passé. L’entreprise effectue aussi son travail administratif et éditorial des dizaines d’œuvres écrites par Frédérick pour d’autres artistes dont les albums sortiront en 2013 et 2014. Les Éditions Dakini viennent aussi de signer une artiste très prometteuse : Tina-Ève Provost, dont le premier EP sortira durant l’automne 2013.  L’entreprise a également signé récemment des ententes au niveau international, et en ce qui concerne les nouveaux artistes, les Éditions Dakini gardent toujours une oreille alerte et réceptive au talent !

P&M : Parlez-nous du répertoire que vous représentez, comment vous le développez et l’exploitez ici et à l’international?
E. M. : Le répertoire des Éditions Dakini est constitué de deux groupes : les œuvres de nos auteurs-compositeurs interprétées par d’autres artistes, et les œuvres de nos auteurs-compositeurs-interprètes interprétées par eux-mêmes. L’entreprise veille à une gestion administrative et éditoriale saine, en plus de s’impliquer largement dans la diffusion et dans la promotion des œuvres de ses ACI. Au niveau international, les Éditions Dakini viennent de signer des ententes de sous-édition avec la France, le Luxembourg, la Belgique, la Suisse, le Liban, etc. – et pour Laurence Hélie et Frédérick Baron, avec la Corée du Sud. 

P&M : Avez-vous d’autres activités à titre d’éditeur comme membre d’associations ou de groupes de pression auprès du gouvernement?
E. M. : Pour pouvoir me consacrer pleinement à mes activités d’éditeur s’impliquant dans le processus de création et de promotion, j’ai préféré déléguer l’aspect représentatif aux différents représentants élus des sociétés de gestion et des associations dont je suis membre. Ils défendent mes droits et je leur accorde toute ma confiance.

P&M : Quel avenir voyez-vous pour l’édition musicale au regard des changements technologiques actuels?
E. M. : De nature optimiste, j’ose espérer que nos gouvernements sauront s’adapter rapidement à la réalité numérique et comprendre la situation financière actuelle de nos créateurs. Ils devraient également tenir compte du fait que la culture n’est pas un luxe, mais une nécessité. Sans elle, un pays perd peu à peu son identité, et ne peut se démarquer et resplendir à l’échelle internationale.