Dans le monde de la diffusion en continu, les « playlists » organisées et préparées sont devenues la norme.

La soif de musique du public et le potentiel, pour les créateurs, d’être « découvert » par la masse à une échelle planétaire, n’ont jamais été plus intenses, tandis que les auditeurs désirent désormais écouter leurs chansons favorites ou quand et comment ils le désirent. Tout cela a créé une demande sans précédent pour des listes d’écoutes personnalisées.

Et qui dit liste personnalisée dit liste personnalisée par d’autres amateurs de musique, ce qui est l’idée de base derrière une nouvelle « startup » canadienne baptisée Milq, un service qui permet à ses participants d’organiser et de préparer collectivement des listes d’écoute et, ultimement, d’organiser la culture mondiale.

« L’intention qui sous-tend tout cela est de permettre aux gens d’être, collectivement, les curateurs de ces contenus et, ultimement, de les organiser. » – Jordan Jacobs de Milq

Milq est le fruit canado-américain de trois personnes : Jordan Jordan et Tomi Poutanen, de Toronto, et Don MacKinnon, établi à New York. En tant que service, Milq est le curateur de tout ce qui est culturel, et la musique n’est qu’une partie de son offre. Milq est en ligne depuis novembre 2014 et ses bureaux – où travaillent 12 employés – sont situés à Toronto, avec un bureau satellite à New York.

« L’idée derrière Milq est toute simple : nous sommes à un moment unique dans l’histoire où les contenus culturels du monde entier sont accessibles par tous, en tout temps et sur toutes les plateformes technologiques, et cela devrait représenter une expérience fantastique », explique Jordan Jacobs, avocat en droit du divertissement auprès de la firme torontoise Cassels, Blackwell LLP et dirigeant de sa propre étude, Jacobs Entertainment & Media Law. « Toutefois, la réalité est que c’est une expérience totalement chaotique et cacophonique. ».

Jacobs décrit Milq – qu’il qualifie de « Wikipédia que l’on peut écouter » – comme une plateforme communautaire qui « permet à des amateurs de genres ultra spécifiques d’exister dans l’univers des contenus de masse. Ce que nous avons construit se veut quelque chose de transculturel afin de permettre aux utilisateurs de jouir de leurs goûts très spécifiques, mais dans un environnement plus large où ils demeurent malgré tout en contact avec un contexte plus élargi », poursuit-il. « C’est une expérience qui n’existe nulle part ailleurs. »

Comment ça fonctionne?

« Tout ce que je cherche crée automatiquement une liste d’écoute », explique Jordan. « Tout est ultra-balisé et indexé. Nous utilisons une quantité phénoménale de métadonnées non seulement pour les contenus que nous offrons qu’au sujet de nos utilisateurs, ce qui nous permet de proposer aux utilisateurs des contenus qu’ils aiment, mais qui se situent généralement loin en dehors de leurs références habituelles. Lorsqu’ils cliquent sur une balise, une nouvelle liste d’écoute est créée immédiatement et en temps réel.

« Ainsi, que la balise soit « New York Punk » ou « 1985, » put importe ce que c’est, nous créons pour vous une liste d’écoute en plus de vous donner accès à toutes les autres listes d’écoute qui contiennent cette même balise. C’est ainsi que vous pouvez voir des liens vers des contenus que vous n’auriez pas trouvés autrement. Vous voyez ainsi tous les cadres de référence dans lesquels un artiste peut s’inscrire, et c’est ce qui fascine nos utilisateurs.

« Tout le monde peut poser une question – que ce soit aussi simple que votre reprise préférée ou ultra pointu comme le jazz polonais – et tous les utilisateurs peuvent vous répondre en utilisant des contenus provenant de Soundcloud, YouTube, Vimeo, Instagram ou Vine et vous pourrez l’écouter via Rdio ou Spotify.

« Nous utilisons des contenus en provenance de toutes ces sources afin que nos listes d’écoute fonctionnent de manière totalement transparente. Toutes ces réponses qui vous sont envoyées sont organisées par nos algorithmes et c’est là qu’interviennent nos balises et nos index afin de les personnaliser avec énormément de profondeur en fonction de vos goûts.

« L’intention qui sous-tend tout cela est de permettre aux gens d’être, collectivement, les curateurs de ces contenus et, ultimement, de les organiser. »

Selon Jacobs, Milq a déjà des centaines de milliers d’utilisateurs/curateurs, en plus de pouvoir compter sur des partenariats aussi variés que The New York Times, la NBA et de nombreuses maisons de disques.

« Étant donné que ces contenus sont organisés et présentés par une personne qui les apprécie réellement et qui prend la peine de les partager, le résultat est une expérience plus riche et profonde et communautaire’, poursuit Jacobs. ‘Donc, si vous aimez un truc que vous découvrez sur MILQ, vous pouvez contacter la personne qui l’a partagé, et ainsi, vous pouvez créer des liens avec des gens de partout à travers le monde. »

Jordan Jacobs est l’idéateur de la série télévisée canado-britannique Spectacle : Elvis Costello with…, et ses partenaires cofondateurs ont tous d’illustres parcours dans divers domaines qui les ont préparés à l’aventure MILQ. Don MacKinnon est le fondateur de Hear Music, qui a plus tard été vendue à Starbucks, et à qui on doit des titres tels que Live At The Gaslight 1962 de Bob Dylan, Shine de Joni Mitchell et le multi -Grammyné Genius Loves Company de Ray Charles et ses invités. Quant au technicien en chef de l’entreprise, Tomi Poutanen, il dirigeait auparavant Yahoo Search International et il est également le créateur de Yahoo Answers.

Quant à l’utilisateur type de MILQ, Jacobs affirme sans ambages que c’est ‘tout le monde, des petits enfants jusqu’aux grands-parents’. Les utilisateurs de Milq plus âgés ont d’ailleurs plus tendance à partager de la musique classique et accèdent au site sur leur ordinateur de bureau, tandis que les plus jeunes sont plutôt des utilisateurs mobiles qui préfèrent la musique électronique.

Jacobs confie que Milq n’a pas encore commencé la phase de monétisation pour l’entreprise, mais qu’ils espèrent éventuellement trouver des commanditaires pour les listes d’écoutes et procèdera au cours des sixprochains mois à l’annonce de nombreux partenariats « avec des organisations culturelles et créateurs. »