Avec l’ouverture d’un nouveau studio entièrement dédié dans les nouveaux bureaux de 604 Records situés dans le quartier Railtown de Vancouver, Jonathan Simkin — le dirigeant de 604 Records, Light Organ Records et Simkin Artist Management — a enfin réalisé son vieux rêve d’offrir à ses artistes un espace réellement multifonctionnel qui reflète non seulement l’état actuel de l’industrie de la musique, mais également son futur.

Ces nouvelles installations ont été inspirées par une expérience menée dans les anciens bureaux. « Nous avons acquis ce nouvel édifice il y a quelques années et y avons emménagé au début de juillet 2014 », explique Simkin, « nous étions auparavant dans un espace plus petit. Un des groupes du label, The Organ, avait enregistré un album, mais n’était pas satisfait du résultat. Ils sont venus me voir et m’ont dit “on veut refaire notre album. On sait que tu viens de dépenser beaucoup d’argent, mais t’as un espace au fond de tes bureaux. On pourrait enregistrer là et ça ne te coûterait rien.” »

C’était avant que le marché pour les studios d’enregistrement s’effondre, à l’époque où un studio pouvait encore demander de 1000 $ à 2000 $ par jour. De plus, au vu et au su du succès du disque et de l’utilisation qu’en ont faite d’autres artistes de 604, Simkin a décidé d’investir plus dans l’enregistrement maison.

« Je dis aux artistes, “Voyez ça comme une page blanche?; libre à vous de créer vos œuvres et d’utiliser l’espace de manière créative.” »

« L’espace a été très utilisé, surtout par nos artistes “juniors”, ce qui était bien, car ça leur permettait de prendre leur temps », explique Simkin. « J’aimais également l’idée qu’ils créaient leur musique dans notre édifice et que les employés pouvaient mieux l’apprivoiser et se l’approprier. »

Le but ultime, néanmoins, était de créer un studio de A à Z, un endroit qui serait adéquatement isolé et bâti et qui permettrait à l’écurie 604 ainsi qu’à des tierces parties d’y créer, enregistrer et distribuer des contenus de toutes sortes afin de demeurer à l’affût de l’évolution de la demande.

C’est alors qu’entre en scène l’ancienne cliente de Simkin Management, Carly Rae Jepsen, et son tube « Call Me Maybe » dont le succès a contribué à la réalisation de cette idée. « Nous l’aurions fait tôt ou tard, explique Simkin, mais “Call Me Maybe” a permis d’accélérer le processus. »

L’emplacement de leur édifice du moment était déjà en fort développement et Simkin est parti à la recherche d’emplacements au début du cycle de développement où il pourrait trouver un espace assez grand pour contenir les bureaux et le studio en plus de représenter un bon investissement.

« Cela signifiait essentiellement le Quartier chinois et Railtown, qui est depuis devenu le quartier le plus couru de Vancouver », raconte l’homme d’affaires. « Il y a à peine trois ans, Railtown était encore passablement miteux, mais ça change très rapidement. Il y a un nouveau resto ou un édifice à condos qui fait son apparition tous les jours et la valeur des propriétés a explosé. Ce n’est pas pour cela qu’on l’a choisi, mais c’est un effet corolaire dont on ne se plaindra pas. Et puis de toute façon, cette transition s’est faite tout naturellement. Ça faisait si longtemps que j’y songeais que dès que nous avons eu les ressources pour le faire, je me suis immédiatement mis à la recherche d’un édifice. »

En plus de posséder un studio complètement fonctionnel incluant deux salles de production, une salle de contrôle et une salle « live », les installations offrent également un écran vert, un cyclo et une salle de maquillage, en faisant ainsi un endroit idéal pour des shootings photo et vidéo. La pièce maîtresse de la salle de contrôle est une console SSL qui se trouvait auparavant au Little Mountain Studios et qui a été utilisée par les Bon Jovi, Motley Crue, Aerosmith et autres Nickelback. « C’est comme ça que Chad Kroeger a fini par en faire l’acquisition », raconte Simkin. « Quand je lui ai parlé de nos projets, il m’a dit “la console ne sert à rien en ce moment, alors si tu veux la remettre en état, tu peux l’avoir pour le studio 604”. »

Le premier événement diffusé en continu présenté à partir des nouveaux studios a eu lieu le 23 octobre 2015 pour le lancement de l’album Astoria du groupe Marianas Trench. Les spectateurs ont eu droit à une séance de questions en compagnie des membres du groupe, une prestation de quatre chansons, ainsi que d’autres contenus diffusés en direct. « C’était notre cobaye », confie Simkin. « Nous ne savions pas si le site tiendrait le coup, alors nous y avons été mollo sur la promotion. » Malgré cela, l’événement a attiré 11?000 personnes. « Le pouvoir des réseaux sociaux est incroyable : nous avons rejoint nos fans directement et 11?000 personnes ont participé à l’événement malgré une absence quasi totale de publicité. C’était vraiment très excitant. »

D’une polyvalence extrême, les Studios 604 proposent une multitude de moyens de monétiser des contenus sans l’apport d’un soutien physique. Quelques spectateurs payants peuvent être sur place — environ 25 — et l’événement peut être capté et offert par la suite en téléchargement payant, en vidéo sur demande ou en diffusion en continu.

Aucun doute que la construction d’un tel espace était plus qu’audacieux, mais ce qui a réellement coûté cher, c’est l’acquisition de l’édifice et des équipements : « Là, l’hémorragie est terminée et nous commençons à récolter les fruits de nos efforts. »

Le seul moment où Simkin a eu un doute sur cette nouvelle aventure, c’est au moment de la visite de Josh Ramsay — chanteur, auteur-compositeur et producteur de Marianas Trench — a visité les nouvelles installations. « Josh ne disait presque rien, et ça m’a fait flipper, car d’habitude il a plein de trucs à dire. Je lui demandais “qu’est-ce que t’en penses?” Il m’a répondu : “Simkin, t’es le mec avec le plus de couilles que j’ai jamais rencontré”. »

Il n’en fallait pas plus pour que Simkin se demande s’il n’avait pas fait une grosse erreur, mais, de dire Ramsay, « C’était audacieux de sa part, et il faut être audacieux dans cette industrie. Diriger un label qui possède son propre studio d’enregistrement, son propre plateau où vous pouvez tourner votre vidéoclip, faire de la diffusion en continu, un guichet unique, c’est un concept génial. Tout y est pensé en fonction de l’orientation de notre industrie. Je crois que ce que Jonathan a fait ici, c’est de regarder le futur droit dans les yeux pour ensuite s’y préparer de façon extrêmement intelligente. »

Tout ce qui permet de réduire le temps, le coût et les obstacles qui séparent le contenu créé par un artiste de ses fans ne peut être que bénéfique. En fin de compte, c’est un investissement très solide et c’est également une vitrine qui permet aux fans d’être témoins du processus créatif. De conclure Jonathan Says Simkin : « Je dis aux artistes “voyez ça comme une page blanche?; libre à vous de créer vos œuvres et d’utiliser l’espace de manière créative.” »

Et ils l’ont pris au pied de la lettre : un des groupes de son écurie veut utiliser l’espace pour y tourner une émission télé hebdomadaire. De plus, l’espace est offert en location et il a déjà été utilisé pour des shootings photo et vidéo ainsi que par l’équipe de la série télé The Flash. « Il a été construit d’abord et avant tout pour nos artistes, mais si on a l’opportunité de le louer de temps à autre, on serait fous de ne pas en profiter. »