Il y a de bonnes chances que Good Vibes Music Group publie sa propre musique éventuellement, mais pour l’instant, l’entreprise en démarrage se concentre sur l’édition musicale et la découverte de nouveaux talents. Cela explique le nom donné à sa série de sessions de dépistage de talent, Discovery Song Camps, qui se déroulera ce printemps à Los Angeles, Atlanta, Nashville et Londres.

Good Vibes est le fruit de la collaboration entre le « whiz » musical canadien Jason Murray (de Black Box Music) et l’auteur, producteur et musicien vétéran primé aux Grammys, Kenneth « Babyface » Edmonds. Bien que les principaux intéressés ont bien d’autres projets dans l’industrie de la musique, on a la claire impression, en parlant à Murray, que Good Vibes est en quelque sorte une société d’admiration mutuelle.

« Je dirais que Kenny est la personne qui se rapproche le plus d’un Canadien parmi tous les gens que j’ai rencontrés ici », explique Murray depuis Los Angeles. « Il pilote sa carrière depuis une quarantaine d’années et a réussi à ne pas se faire d’ennemis, à demeurer honnête et gentil et à devenir un mentor pour plein de gens. C’est une immense partie de tout ce que j’apprends chaque fois que nous passons du temps ensemble. »

Outre les nombreuses connexions internationales, Good Vibes est une entreprise résolument canadienne établie en Ontario et une représentation à l’étranger par le biais de la SOCAN. Si les participants de la première édition du Discovery Camp provenaient de tous les horizons, il faut souligner que 3 des 8 participants au camp de L.A. étaient originaires de Toronto. « Je suis loin d’abandonner mes racines », souligne Murray. « Nous souhaitons créer un pipeline pour les créateurs et les producteurs canadiens. »

Murray est chargé à bloc lorsque nous le joignons alors qu’il est en studio durant les dernières heures de la première de quatre journées que dure le camp Discovery. « C’était pas mal génial », s’exclame-t-il. « J’ai participé aux camps de création Merge, commandités par la SOCAN, au cours des trois dernières années, et j’ai beaucoup appris sur la façon de bien faire un camp afin d’y établir la bonne énergie. »

« Juste pour le camp de Los Angeles, nous avons reçu plus de 1000 candidatures. Le but est de réunir des gens qui ont quelque chose de très spécifique et de les réunir dans un environnement qui les teste afin de déterminer s’ils ont vraiment ce que nous croyons qu’ils ont. »

« Notre but est de diriger chacune des pièces où ils se réunissent et de l’articuler autour de quelque chose que nous croyons commercialement viable. Nous avions une personne qui était excellente en concepts, une autre personne qui était excellente en mélodies et une autre personne de formation classique. Pour nous, ce qui compte c’est le talent et de faire concurrence à ce que les autres créateurs et producteurs font. »

“C’est ce qui rend ces camps un peu différents des autres camps auxquels j’ai participé. Il n’y a pas de pression.”

“Ce camp n’a pas pour but de créer des “hits”. Ça ne serait pas correct de s’attendre à ça des créateurs que nous sélectionnons. Il s’agit plutôt d’apprendre à se connaître mutuellement. Et nous les mettons au défi de nous montrer ce qu’ils savent faire. Si une bonne chanson en ressort, fantastique. Nous avons eu d’excellentes idées, est-ce que l’une d’elles deviendra un “hit” ? Je ne sais pas. C’est un processus de découverte pour eux, ils apprennent à se connaître eux-mêmes et entre eux, c’est ça l’objectif. C’est ce qui rend ces camps un peu différents des autres camps auxquels j’ai participé. Il n’y a pas de pression.”

Le premier Discovery Song Camp était une pépinière de créativité et sans aucun doute un moment « pincez-moi, je rêve » pour la plupart des participants. Outre Murray et Babyface, les invités comprenaient James Fauntleroy et le duo de producteurs de « hits » Monsters & Strangerz.

Le seul critère pour être digne d’une place dans l’un des camps Discovery était le talent ainsi que le fait d’être un agent libre, sans contrat. De plus, lorsque chaque camp prend fin, les œuvres créées appartiennent toujours à leurs créateurs.

« Rien ne nous appartient », explique Murray. « Chaque créateur repart avec ce qui lui appartient lorsqu’il retourne chez lui, que ce soit écrit en collaboration avec Babyface, Fauntleroy ou qui que ce soit d’autre. Good Vibes n’a aucune part. On fait simplement ce qu’il faut. Le karma est comme un boomerang ; on le lance et il nous revient lorsqu’on s’y attend le moins. »

« Si nous parvenons à trouver deux ou trois créateurs phénoménaux durant ces camps, nous serons aux anges. Ce sera le tour de Nashville et Atlanta le mois prochain, puis Londres. C’est après tout ça que nous évaluerons le tout et déciderons qui travaillera bien avec qui dans le cadre de notre système. Ces camps ne sont qu’une première rencontre. Ce serait génial si nous pouvions trouver trois ou quatre créateurs qui ont leur propre niche que nous pouvons utiliser à la fin de ce processus. »

Mais alors, comment Murray et Edmonds évaluent-ils le potentiel commercial d’une chanson lorsque l’on sait que le paysage pop pourrait être complètement différent de ce qu’il est actuellement dans un an ou deux, lorsque la chanson sera effectivement lancée ?

« L’un des plus gros “hits” de Kenny, une pièce qui a été accordée à Bobby Brown, a pris six ans avant d’être enregistré », explique Murray. « J’ai une pièce écrite il y a 14 mois qui sera un simple d’un album qui sortira dans cinq mois. De notre point de vue, la viabilité commerciale dépend de l’habillage de la chanson, ce qui n’a rien à voir avec la composition elle-même. La composition n’a pas de date d’expiration. J’y crois vraiment. »

« James Fauntleroy nous parlait de “Mirrors”, une pièce qu’il a écrite avec Justin Timberlake plus de six ans avant sa parution. Je n’ai aucun doute que la production aurait été différente si elle avait été enregistrée à un autre moment, mais la composition demeure la fondation. »

« En fin de compte, des chansons excellentes sont ce qui assure la vigueur de l’industrie, et des investissements dans nos artistes et nos créateurs sont indispensables à notre écosystème. Si dans cinq ans nous n’avons mis aucun de ces artistes sous contrat, mais qu’ils se retrouvent néanmoins dans les palmarès, ils seront en position de rendre la pareille à quelqu’un d’autre. »