Après plus de 20 ans dans le domaine de l’A&R (artistes & répertoire) pour des « majors » canadiens, Fraser Hill a fondé, début 2017, sa propre entreprise indépendante, frazietrain productions inc. L’entreprise, pensée comme une firme de services-conseils au service d’artistes sous contrat ou non avec une spécialisation dans le domaine de l’A&R et du développement d’artiste dans tous les genres musicaux, tire son nom du surnom donné à Hill il y a de nombreuses années.

« Ce sont les gars du groupe Pride Tiger qui m’ont donné ce surnom », raconte-t-il en riant. « Ils se moquaient de moi un soir, et le nom est resté. Lorsqu’est venu le temps de trouver le nom de ma boîte, c’était évident. »

Cette transition était dans l’air, raconte Hill au sujet de sa décision de voler de ses propres ailes, ajoutant au passage que ce n’est pas la première fois qu’il travaille de manière indépendante : « J’ai été mon propre patron pendant un certain temps comme gérant, et comme producteur pendant de nombreuses années. »

Hill a commencé sa carrière au milieu des années 70 en tant qu’ingénieur et producteur. « J’étais fou de musique, mais je ne savais pas jouer et je voulais absolument faire partie de ce business », explique-t-il. Après avoir étudié dans le programme médias du Humber College, il s’est trouvé un emploi d’assistant au studio Eastern Sound de Toronto. C’est ainsi que sa vie a changé, dit-il, se souvenant de sa première séance d’enregistrement avec Anne Murray. « Ça devait être en 1977, je n’étais qu’un simple assistant, j’étais assis à côté du magnétophone et je m’occupais d’apporter du café à tout le monde. C’est comme ça que j’ai commencé. »

Plus tard, Hill a fondé une compagnie de gérance, Mighty Music Entertainment, en compagnie de l’agent Ed Smeall, où il cogérait The Northern Pikes. Hill et son partenaire d’affaires, Rick Hutt, ont également coproduit et été ingénieurs pour de nombreux albums, dont Snow in June des Pikes, ce qui leur a valu d’être en nomination pour le JUNO d’Ingénieur de l’année.

« C’est la chose la plus fondamentale, que ce soit en studio ou dans le domaine de l’A&R. Le point commun est simple : apprendre à écouter. »

Il s’est ensuite rendu chez EMI Music Canada où, au fil des années, il a fini par devenir le directeur principal de l’A&R avant de passer chez Universal Music Canada, lorsque celle-ci a acquis EMI. « J’ai passé des années magnifiques chez Universal et EMI, j’ai appris plein de choses d’un tas de gens fantastiques », avoue Hill. Parmi ces gens se trouvaient Randy Lennox, Deane Cameron et Jeffrey Remedios.

« Ce que je veux, c’est être un conseiller pour mes artistes », explique-t-il. « Je veux les aider à faire des albums et les guider à travers ce processus. Je l’ai fait pendant si longtemps et pour tant de gens, je suis convaincu que j’ai un service à offrir, car il y a beaucoup de jeunes artistes qui font les choses eux-mêmes, parce que l’ère numérique le permet. »

Voilà le cœur de frazietrain : mettre au profit des artistes cette immense expérience en marketing, en promotion, et en création de relations avec les producteurs, agents, et autres joueurs de l’industrie.

Cette expérience est d’autant plus bénéfique pour les artistes avec qui il travaille de nos jours, puisque la barrière à l’entrée, du moins pour l’enregistrement et le lancement d’un album, est plus basse qu’auparavant. Ainsi, avoir accès au regard — et à l’écoute — neutre d’une personne qui a autant d’expérience tant en studio que dans le domaine de l’A&R est d’une valeur inestimable.

Fraser Hill, Shawn Hook

Quant aux avantages d’être indépendant, « il y a la fébrilité d’être seul, car on ne sait jamais ce qui nous attend au détour », dit Hill. « C’est stimulant, c’est entrepreneurial, et j’aime ça. Ça me ramène à l’époque où j’étais ingénieur, producteur et gérant à la fois. »

À l’époque, avant la révolution numérique, il fallait sauter à travers un certain nombre de cerceaux avant de pouvoir imaginer avoir accès à une expérience équivalente à celle de Hill. « Ce qui est bien avec la technologie, c’est qu’elle démocratise le terrain de jeu, tout le monde peut participer », dit-il. « De nos jours, il y a des gens incroyablement talentueux qui prennent la technologie à bras le corps et qui font leur marque dans l’industrie grâce à elle. Mais ça ne peut pas leur nuire d’avoir accès à une écoute impartiale pour se prononcer sur leur travail, quelqu’un de leur équipe qui puisse leur dire “je crois que cette pièce a besoin d’un peu plus de travail pour arriver là où tu veux aller et ton donner un résultat vraiment satisfaisant”. »

Même si, en fin de compte, un artiste doit prendre ses propres décisions, il ne peut pas souffrir du fait de bénéficier d’un guide expérimenté. Et dire que Fraser Hill possède une expérience unique pour être ce guide est en nomination pour l’euphémisme de l’année, puisqu’il a été producteur/ingénieur pour des artistes tels que Anne Murray, Red Ryder, Grapes of Wrath, The Northern Pikes, et plusieurs autres, en plus d’être représentant A&R pour Serena Ryder (la première artiste qu’il a mise sous contrat chez EMI), Shawn Hook, les lauréats du SOCAN Songwriting Prize 2015, Dear Rouge, The James Barker Band, Wes Mack, July Talk, These Kids Wear Crowns et Kreesha Turner.

Il travaille toujours avec les artistes qu’il a connus durant son séjour chez Universal et il planche actuellement sur le prochain album de Donovan Woods.

Tout au long de sa carrière, la chose qui lui a le plus servi c’est « de toujours écouter ». C’est la clé de tous les aspects de sa carrière. « C’est la chose la plus fondamentale, que ce soit en studio ou dans le domaine de l’A&R. Le point commun est simple : apprendre à écouter et apprendre à laisser la musique nous pénétrer… Avoir une écoute critique et prendre les bonnes décisions musicales au service de la chanson. »