Il y a deux mois, la famille d’Isaiah Faber (alias Powfu) quittait la ville de Mission, en Colombie-Britannique, pour aller s’installer à Chilliwack. La nouvelle maison devra comporter une salle de trophées spéciale pour permettre au jeune interprète/auteur-compositeur/producteur de 21 ans d’exposer toutes les plaques de platine qu’il collectionne grâce au méga-succès international de la piste « death bed (coffee for your head) ».

« La première plaque [pour une certification platine américaine] est arrivée la semaine dernière », raconte Powfu. « C’est fou de voir ça. » Et il y en aura d’autres puisque l’enregistrement vient d’être officiellement certifié double disque de platine au Canada et en Irlande, et disque de platine en Australie, en Suède, au Mexique, en Nouvelle-Zélande, en Italie et en Norvège.

« La chanson a obtenu des tonnes de vues sur YouTube, puis TikTok a continué de la populariser »

D’abord lancé en 2019, ce tube s’est hissé au Top 25 du palmarès Hot 100 de Billboard et a été diffusé en direct à plus d’un milliard de reprises, et ce n’est qu’un début. Son succès est un exemple de la façon dont des plateformes comme YouTube, SoundCloud et TikTok peuvent faire connaître une chanson.

Powfu se souvient que tout a commencé quand « death bed » a été téléversée sur YouTube. « La chanson a obtenu des tonnes de vues [178 millions à ce jour], puis TikTok l’a découverte et l’a popularisée », explique Powfu. Plus d’un million de TikToks ont été créés avec la chanson, et ce phénomène a été suivi par des diffusions en continu massives sur Spotify et d’autres plateformes. Un récent remix de « death bed » par le poids lourd pop-punk américain Blink-182 a également contribué à l’élan de la chanson.

Les paroles poignantes de « death bed » touchent profondément ses admirateurs. « Ce qui comptait le plus pour moi dans ce projet, c’était le thème, le fait de parler de la mort », explique Powfu. « Je n’ai jamais entendu de chanson sur ce genre de thème. Les gens aiment la mélodie et les paroles de rap, donc j’imagine que c’était une recette gagnante. »

Une affaire de famille
Le père de Powfu, David Faber, qui a remporté un succès national avec son groupe rock, Faber Drive, sert maintenant de gérant à son fils. « Isaiah et moi écrivons tout le temps ensemble depuis qu’il a atteint l’âge de sept ans », raconte Faber. « Il a récemment coécrit une chanson acoustique que Faber Drive a lancée sous le titre de “Payday” ». Powfu lui-même a incorporé une chanson de Faber Drive, « More Than Perfect », à sa chanson « Letters in December » mettant en vedette Rxseboy. « À mon avis, il a amélioré les paroles », insiste le fier papa. « Quand j’étais petit », explique Powfu, « je prenais mon père comme modèle dans tout ce que je faisais. Il m’a enseigné les rudiments de l’écriture de chansons et de la pratique des instruments de musique… Il remportait beaucoup de succès, donc tous mes amis en avaient entendu parler et s’attendaient à ce que je fasse comme lui. Je me sentais un peu obligé de l’égaler ou de le dépasser. » La sœur cadette de Powfu, Patience Faber (alias  sleep.ing), est choriste sur Poems Of The Past et lance également ses propres œuvres musicales.

Powfu a d’abord découvert le beat de la chanson, signé Otterpop, sur SoundCloud, puis il a utilisé un échantillon de l’artiste anglaise Beabadoobee (puisé dans sa chanson « Coffee »), mais la matière lyrique de la chanson est de son cru. « Ça été écrit, comme plusieurs de mes chansons, dans les souliers de quelqu’un d’autre », reconnaît Powfu. « Je mène une existence plus terne que celle de bien des gens, donc j’aime lire des histoires et regarder des films qui racontent la vie des autres. »

L’impact de « death bed » a permis à Powfu de négocier avec Columbia Records un contrat aux termes duquel il vient de lancer une première œuvre, le EP Poems Of The Past. Tout comme les œuvres que Powfu a précédemment lancées comme artiste indépendant, celle-ci est d’un style éclectique rassemblant des éléments hip-hop, punk et pop. « Je fais des chansons de plusieurs styles de manière à ce que mes fans puissent avoir leur piste préférée en fonction de leurs goûts particuliers », explique-t-il. « Je donne à mon son le nom de “lo-fi hip-hop punk” ».

Le matériel artisanal utilisé par Powfu fait de lui un compositeur de « pop de chambre à coucher ». « J’ai un bureau dans un coin de ma chambre, et c’est là que mon ordinateur est installé », explique-t-il. « J’ai essayé les grands studios, mais je trouve qu’enregistrer dans ma chambre, c’est plus confortable. »

Il décrit ainsi sa démarche d’auteur-compositeur : « Je trouve d’abord un beat dont j’aime le son, puis je le recouvre de flux ou de mélodies freestyle. Si je crée une mélodie que je trouve cool, alors j’essaie d’écrire des paroles sur cet air-là. »

Il est encourageant de constater que le succès peut être aussi simple que ça.