La nouvelle directrice générale de Musique nomade prend le relais de Manon Barbeau et poursuit sa mission de promouvoir les artistes autochtones du Québec.

Fille de Sorel-Tracy et désormais meneuse de l’OBNL Musique nomade qui soutient les créateurs de musique des communautés des Premières Nations, Inuit et Métis, Joëlle Robillard et son équipe ont un rôle essentiel à jouer.

« Je ne veux pas faire de fausse modestie, avoue sa nouvelle directrice générale, mais je pense que le travail de Musique nomade a grandement contribué à ce qui se passe en ce moment au niveau de la relève en musique. Je vois une ouverture, un intérêt, un changement dans la structure des choses pour que ce soit durable, je le constate à tous les niveaux. Il y a cinq ans, les portes étaient fermées, la structure de l’industrie extrêmement carrée pour la francophonie du Québec n’avait pas du tout d’espace pour les artistes autochtones ».

Joëlle Robillard siège désormais sur le Conseil d’administration de l’ADISQ – « ce qui me permet d’ouvrir les conversations » – et fait maintenant partie de l’équipe de Musique nomade depuis près de 5 ans et demi. « J’ai remplacé une chargée de projet qui était partie en congé de maternité, puis j’ai occupé le poste de directrice artistique et des opérations avant d’aboutir à la tête de l’organisme ».

Avec son Baccalauréat en journalisme sous le bras, son premier emploi est aux Francouvertes : « ç’a été vraiment formateur, cela m’a permis de m’incruster dans le milieu de la musique et de développer un réseau d’artistes émergents. Je faisais les relations de presse, je voulais être journaliste, mais finalement je me suis retrouvée de l’autre côté du miroir (rires). Elle devient ensuite coordinatrice chez XS Musique, la boîte de production sonore de Jean-Phi Goncalves.

« Je négociais des contrats avec de gros clients comme le Cirque du Soleil, donc il a vraiment fallu que je me forme au niveau de la gestion des droits musicaux. Mon implication avec les musiques autochtones s’est faite de façon assez naturelle, je me suis sentie dans un moule qui me convenait, C’est là que j’ai découvert la plupart des artistes et des cultures ».

Diffusion, promotion, exportation, on ne s’ennuie pas chez MN. « On ne peut pas choisir qu’un seul combat, il faut y aller sur tous les fronts. On commence à voir des playlists spécifiques sur Spotify et il y a notre plateforme de streaming indépendante, Nikamowin. Ce sont toutes des composantes qu’on a ajoutées à l’organisme pour répondre à un besoin. Tranquillement, poursuit-elle, Musique nomade s’est outillée et est devenu un label, une agence de gérance, de production de spectacle, de production d’album, on offre des ressources. Notre modèle d’affaires est assez atypique, on ne se retrouve jamais dans une case vraiment définie ; une grosse partie de mon travail en est une de revendication et de représentation au sein de l’industrie ».

Et comment cela se passe-t-il au sein des communautés ? « Le studio de création est fait en fonction d’investir un lieu qu’on va transformer temporairement en studio et s’assurer qu’il y a des conditions d’enregistrement de niveau professionnel. L’organisation des escales se fait en collaboration avec un-e coordonnateur-ice local-e de la communauté et avec l’équipe de bureau, Maude Meilleur et moi entre autres.».

Présence Autochtone à Montréal, La Noce et l’incontournable Innu Nikamu (qui veut dire l’autochtone chante) festival qui a lieu chaque année à Mani-Utenam sur la Côte-Nord depuis 1985 dans la communauté de Kashtin, Florent Vollant, Matiu et cie, font parti des festivals partenaires de Musique nomade cette année, en plus des escales de Carleton-Sur Mer pour les communautés Mi’gmaq de Gesgapegiag et Listuguj, et de Kawawachikamach en communauté Naskapi. À l’automne, elle et son équipe devraient être en Abitibi pour une escale en collaboration avec l’organisme Minwashin et à Ste-Mary’s au Nouveau-Brunswick.

Scott Pien-Picard, nommé à deux reprises pour le Prix Félix de l’artiste autochtone de l’année, le rappeur Samian, Laura Niquay, Matiu et Elisapie jouent aux Francos de Montréal cette année, Émile Bilodeau s’est fait demander par les programmateurs de monter un spectacle avec des invités autochtones. À surveiller : l’excellent groupe Maten, dont fait partie Ivan Boivin-Flamand, étoile montante atikamekw de 22 ans, originaire de Manawan.

« Anachnid, (déjà gagnante d’un Félix), est partie de zéro, elle n’avait jamais fait de musique, fallait juste trouver la façon de la nourrir pour qu’elle soit capable d’évoluer. Laura Niquay, ç’a été un cheminement complet, elle a passé à travers plusieurs étapes avant d’en arriver où elle est. Ils ont tous une personnalité et un style unique, résume Joëlle Robillard. Je développe des liens d’amitié avec ceux-ci qui vont au-delà de la relation de création », d’expliquer Robillard.

Dans la foulée, on ne peut passer sous silence le fabuleux projet Nikamu Mamuitun: chansons rassembleuses, une autre vision éclairée d’Alan Côté du Festival en chanson de Petite-Vallée mettant en vedette quatre autochtones et quatre allochtones. « Nous sommes partenaires avec Petite-Vallée qui chaque année ajoute un artiste autochtone en résidence, c’est important qu’on se tienne dans cette communauté ».