Daniela AndradeDaniela Andrade. Le nom vous est peut-être encore inconnu pour l’instant, mais retenez-le bien, surtout si vous êtes fans des Milk & Bone, Kroy et Charlotte Cardin. Daniela a lancé le 15 juillet 2016 un EP visuel intitulé Shore, constitué de quatre chansons, toutes accompagnées de magnifiques vidéos signées Jeremy Comte. En français, « shore » signifie rivage, « le lieu où la mer rejoint la terre, précise l’auteure-compositrice-interprète de 23 ans. Quand on est sur cette limite, soit on se jette à l’eau, soit on décide de demeurer sur la terre ferme. J’emploie la métaphore pour suggérer l’idée d’être prêt à passer à une autre étape importante : tomber en amour, essayer quelque chose de nouveau, aller vers l’inconnu. Parfois, c’est difficile d’aller de l’avant, même quand on sait qu’il faut le faire. On s’accroche à ce qui est familier… Puis on quitte ceux qu’on aime et ce qu’on connaît pour pouvoir continuer à grandir comme personne. Ce grand saut est effrayant, mais nécessaire. »

Native de Montréal, Daniela a grandi à Edmonton en Alberta. Elle est déménagée à Toronto il y a un an et demi, mais la vie l’a reconduite dans sa ville d’origine. « Je suis venue l’été dernier à Montréal pour enregistrer mon album aux Studios Apollo avec Gabriel Gagnon (réalisateur) et j’ai vraiment aimé la ville. J’y ai aussi travaillé avec Jeremy Comte, le réalisateur des vidéos. Tout me ramenait vers Montréal alors j’ai quitté Toronto et j’habite maintenant sur le Plateau! »

Plusieurs ont découvert Daniela Andrade sur YouTube, à travers ses reprises acoustiques de classiques pop et rock (plus de 300 millions de streams) tels que « Where Is My Mind » des Pixies, « Crazy In Love » de Beyoncé, « Hips Don’t Lie » de Shakira, avec un caméo de Shakira elle-même qui mange son lunch dans un tupperware à l’autre bout du divan!

Les chansons se déploient autrement, ondulent et prennent leur temps. Une façon pour Daniela de dévoiler son ADN musical? « Ce sont des chansons que j’aime beaucoup ou qui m’ont fortement influencée. Je les ai choisies d’abord et avant tout pour leurs paroles, qui n’étaient pas autant mises de l’avant dans leurs versions originales. Je suis même allée jusqu’à reprendre « Creep », de Radiohead, un exercice assez casse-gueule puisqu’en s’attaquant à une intouchable, on sait qu’on en agacera certains. Mais je mourrais d’envie de le faire et mon manager m’a mise au défi! »

Celle que l’on compare à Norah Jones et Cat Power se dit sous forte influence des grandes voix du jazz : Nina Simone, Ella Fitzgerald et Billie Holiday. « En les écoutant, on arrive à ressentir l’émotion des chansons. Même quand c’est joyeux, on a l’impression qu’elles chantent à partir d’un endroit douloureux. »

Daniela aussi, à sa façon, arrive à faire passer dans sa voix un habile mélange de mélancolie et de sensualité. Elle chante depuis sa tendre enfance. « Chez moi, on chantait tout le temps. À l’école, je m’impliquais dans les chorales. Puis vers l’âge de 13 ans, j’ai commencé à gratter la guitare, et mon père m’a appris quelques accords. J’ai complété mon apprentissage sur YouTube! Ma famille est originaire du Honduras et mon père écoutait sans arrêt de la musique de mariachis à la maison! Mon apprentissage est essentiellement organique et vient de mon entourage. »

Pour peaufiner son art, Daniela a eu la chance de participer, en mai dernier, à la deuxième édition du Camp d’écriture Kenekt organisé par la SOCAN, à Upper Kingsbury en Nouvelle-Écosse. « Jusqu’ici, écrire une chanson avait toujours été pour moi une expérience solitaire. Ça a été une aventure formidable de travailler ainsi, chaque jour, à avec d’autres créateurs. Chaque matin, on se réunissait pour échanger quelques idées. On écrit plusieurs nouvelles chansons par jour, parfois pour certaines personnes en particulier. Il arrive que les chansons changent d’interprète en cours de route! Elles sont enregistrées et réalisées la journée même. On a enregistré 25 chansons au total, c’est fou! J’y ai appris qu’il ne faut pas abandonner les petites idées; parfois, comme auteur, on est dur envers soi-même et on abandonne trop vite certaines idées. » C’était la première fois que Daniela mettait les pieds en Nouvelle-Écosse. « L’endroit est magnifique : on a l’océan à nos pieds et des moutons qui broutent. »

La musique est pour Daniela une façon de se révéler en toute franchise : « Je pense qu’à travers nos chansons, on essaie de partager notre histoire et de révéler des petites parties de soi. C’est important, je trouve, d’aller au-delà du small talk et de dire les vraies choses. Pour écrire mes chansons, je puise dans mes souvenirs, et me nourris des expériences qui m’ont construite. Ma musique reflète vraiment qui je suis et ce que j’ai traversé. »