« Personne ne veut jouer avec moi à “c’est quoi ma toune”, » dit Catherine Jones, directrice musicale chez Bell Média.

Un simple coup d’œil aux souvenirs musicaux qui ornent son bureau – comme un cadre avec une photo en noir et blanc d’une Catherine Jones dans la vingtaine enlaçant le défunt Joey Ramone – nous fait comprendre qu’on ne saurait contester ses dires. Ces jours-ci, l’éditrice ne peut plus s’afficher avec de célèbres musiciens aussi souvent qu’avant. Pas plus qu’elle n’assiste à beaucoup de spectacles. Par contre, son amour pour la musique est toujours aussi vif qu’en ces temps illustres où elle venait d’acheter son premier long jeu (Saturday Night Fever) et d’assister à son premier concert (Tears for Fears).

Après 20 ans à s’occuper de régulariser les droits de licences de la musique que possède et contrôle Universal Music Canada, Mme Jones est désormais assise de l’autre côté de ce genre de contrat de licence : elle représente actuellement Bell Média afin de trouver de la musique de fond pour agrémenter ses innombrables productions télévisuelles.

« Je ne gère pas de liste de compositeurs mais un catalogue de compositions, » explique Mme Jones. « Nous commandons certains forfaits de musique, un peu comme avec un contrat de location d’œuvre. Nous payons pour les services mais tout nous appartient. Nous devenons l’éditeur. L’auteur conserve ses parts de sorte qu’il reçoit au bout du compte ses redevances. »

« Je ne gère pas de liste de compositeurs mais un catalogue de compositions. »

Les chansons que Bell Média commande sont incorporées à sa bibliothèque, qui en compte actuellement 5 000. Les compositions sont utilisées et réutilisées dans une variété d’émissions de télévision comme Daily Planet et W5, les nouvelles, les sports et les émissions de culture pop.

Dans une journée type, l’éditrice rencontre des producteurs, recherche parmi les compositeurs qui figurent sur la liste ceux qui peuvent répondre aux exigences, appelle de nouveaux artistes et écoute les démos que le diffuseur a déjà commandés.

Mme Jones a débuté dans le secteur de la musique en 1993 comme assistante juridique chez Universal Music Canada (puis MCA Records Canada). Elle gravit rapidement les échelons, se chargeant des nouvelles activités de l’étiquette en matière de licences.

« En 1995, j’ai reçu un appel d’une agence publicitaire qui voulait utiliser la chanson de John Lee Hooker “Boom, Boom” dans une publicité de Ford, » se rappelle Mme Jones, qui aujourd’hui supervise également les activités de Bell Média en matière de licences. « J’ai rejoint le bureau américain et on m’a dit qu’une entente était possible. C’est ainsi que les activités de licences ont débuté chez Universal [Music] Canada. »

Aujourd’hui, Mme Jones se sert de son expérience approfondie de l’industrie de la musique dans ses nouvelles fonctions. « Je fais appel à de nombreux artistes que j’ai connus au fil des ans et je le aide à donner un tour différent à leur carrière. »

Nick Fowler en est un exemple. Mme Jones a rencontré ce musicien du Nouveau-Brunswick il y a cinq ans à l’occasion du Gala des prix de la musique de la Côte Est. Aujourd’hui, Fowler a déjà écrit plusieurs pièces pour Bell Média, y compris la chanson thème de l’émission de variété The Social sur CTV.

« Quand je suis arrivée, il y avait des compositeurs qui écrivaient systématiquement pour CTV et qui continuent de le faire, mais j’essaie d’ouvrir la porte et d’apporter de nouveaux talents, » dit Mme Jones.