L’un des épisodes de migraine qu’a vécus Aaron Goodvin pourrait bien être le plus important de sa vie.

Difficile d’argumenter qu’une migraine est une chose positive, mais c’est néanmoins pendant qu’il agonisait sur son divan, à Nashville en 2012, que ses collègues Cole Swindell et Adam Sanders sont débarqués pour lui annoncer une excellente nouvelle : la mégavedette du country Luke Bryan venait d’enregistrer leur chanson « Out Like That ».

« Tout a changé à partir de ce moment », affirme Goodvin. « J’étais parti de l’Alberta pour m’installer à Nashville environ neuf ans auparavant, et j’étais sur le point de rentrer lorsque les choses se sont mises à bouger. »

Toutefois, sur Music Row, ce n’est pas parce qu’une chanson est enregistrée qu’elle finira sur l’album. Heureusement pour lui, « Out Like That » a été incluse sur l’album Crash My Party, paru en 2013, qui s’est écoulé à plus de quatre millions d’exemplaires et qui figure toujours au Top 30 des albums country de Billboard six ans plus tard.

« Ç’a été les huit plus longs mois de ma vie », rigole Goodvin, dont les autres placements sur des albums incluent « A Dozen Roses and a Six-Pack » sur le premier album éponyme de Cole Swindell, en 2014, et « Trash a Hotel Room » sur le premier album de Jon Pardi, toujours en 2014, intitulé Write You a Song.

« Après que Luke ait enregistré cette chanson, beaucoup de portes se sont ouvertes plus facilement », explique l’artiste. « Tu rencontres les gens et ils te disent “Oh ! Luke a enregistré une de vos chansons”. J’ai signé chez Warner-Chappell pendant quatre ans et ce fut une période de profonde transformation pour moi. Je pouvais écrire des chansons et m’améliorer constamment. Ç’a été une période très importante de ma carrière. »

Et si le développement de carrière de Goodvin va bon train chez nos voisins du Sud — il a été mis sous contrat chez Retriever Records et a récemment été nommé l’un des sept artistes country à surveiller par Billboard —, ici, au Canada, c’est la folie furieuse. Son immense succès « Lonely Drum » sur Warner Music Canada est le seul simple country à avoir été certifié platine en 2017 en plus d’avoir remporté le prix de l’Auteur-compositeur de l’année aux CCMA 2018 (en compagnie de Skip Black [BMI] et Catt Gravitt [SESAC]).

« On écrivait cette chanson intitulée “Trying to Forget You” que personne n’a jamais entendue », se souvient Goodvin. « On a enregistré un démo, une ballade crève-cœur très 80 s, et une fois l’enregistrement terminé, Catt a dit “j’adore cette chanson parce qu’elle exprime tellement bien la solitude” (NdT : en anglais, la phrase est “beats on that lonely drum”, qui deviendra le titre de la chanson). J’ai dit : “qu’as-tu dit là ? Wow — c’est ça que je veux écrire !” J’ai travaillé à partir du premier “groove” qu’on entend dans cette chanson et au bout d’à peine une heure — probablement 45 minutes — elle est sortie. »

« Il a fallu trois ans avant qu’on lance “Lonely Drum”, et durant cette période, on l’a présentée partout. Les radios commençaient à être réceptives à mon nom, alors quand on a sorti “Lonely Drum”, elle était mûre pour une réaction. J’ai été engagé pour trois soirs au casino de Fort McMurray, en Alberta, et il fallait que je la joue à chacun de mes “sets”. Elle a vraiment tout changé. »

Avec un nouvel album intitulé V — la lettre, pas le chiffre romain, en l’honneur de son épouse Victoria —, un # 1 au Canada grâce à « You Are », et les réactions qui s’annoncent très bonnes pour son nouveau simple « Bars & Churches », Goodvin espère pouvoir être la tête d’affiche de sa propre tournée dès 2020 dans la foulée de tournées formatrices en compagnie de Johnny Reid et Gord Bamford.

« Je ne suis pas sûr que j’ai encore pleinement réalisé que j’ai un #1 », admet-il. « Je me sens encore comme un musicien qui tire le diable par la queue, mais lorsque je l’ai envoyée à Warner, ils ont trouvé que c’était une chanson remarquable. Warner et moi on a une excellente relation ; j’enregistre l’album et eux choisissent ce qui va marcher… »

C’est une relation qui dure depuis presque 10 ans, mais Goodvin avoue qu’il rêve de succès depuis un très jeune âge, lorsque sa famille se réunissait à Spirit River, à environ une heure au nord de Grand Prairie, Alberta.

« Toute ma famille joue du country pour le plaisir », explique-t-il. « On allait souvent camper quand j’étais jeune. Ma famille profite de n’importe quelle excuse pour se réunir, sortir les guitares et s’amuser. Mes plus beaux souvenirs sont ceux de ma famille qui chante de vieilles chansons country à deux heures du matin. »

Pourtant, les premiers pas musicaux d’Aaron Goodvin sont venus d’une façon inattendue. « Je devais avoir 11 ou 12 ans quand ma sœur et moi avons reçu une machine à karaoké comme cadeau de Noël », se remémore l’artiste. « Les premiers trucs que j’ai chantés sur ce karaoké étaient des chansons du film Le roi lion. Puis, à 12 ans, j’ai commencé à jouer la guitare de mon grand-père, puis j’ai commencé à écrire des chansons tout de suite après ça. Je crois qu’au début, j’espérais attirer les filles, mais c’est rapidement devenu plus sérieux que ça. »

Il a fini par remporter le Global Country Star Search. « J’ai écrit cette chanson intitulée “The Booster Juice Song” qui parle de se faire poser un lapin chez Booster Juice », raconte Goodvin. « C’est grâce à cette chanson que les gens ont commencé à se dire “ouais, ce ‘kid’ est capable d’écrire de bonnes chansons”. C’est probablement avec cette chanson que je suis devenu un auteur-compositeur, je crois. »

Vidéo de mariage ? Vidéoclip !
Le vidéoclip du « hit » Top 10 d’Aaron Goodvin, « Woman in Love » est carrément la captation de son mariage à sa femme Victoria. C’est le vice-président de Warner Music Canada, Steve Waxman, qui en a fait la suggestion. « Ils étaient en réunion pour discuter du clip pour “Woman in Love”, et ils avaient reçu quelques idées qui tournaient autour du concept d’une femme qui se marie. Waxman a alors dit : “Aaron se marie bien dans deux semaines, non ? Pourquoi ne filme-t-on pas son mariage ?” Tout le monde se faisait des “high fives” jusqu’à ce que quelqu’un dise “peut-être qu’on devrait d’abord demander à la future épouse ce qu’elle en pense ?” Heureusement, elle a été super “cool” à propos de l’idée, tant que ça ne gâchait pas son mariage. Dans ce vidéoclip, on voit tous les gens que j’aime, et c’est vraiment un magnifique souvenir qu’on pourra monter à nos enfants un jour. »

Dès ses débuts, Goodvin avait Nashville dans le collimateur. « J’aime et je suis profondément fier de l’endroit d’où je viens », dit-il, « mais j’avais des rêves gigantesques — c’est là que je devais aller pour les réaliser. »

« J’ai eu la chance de commencer à me rendre à Nashville dès l’âge de 18 ans. Quand je m’y suis installé, je comprenais déjà assez bien comment fonctionne l’industrie. Très vite, j’ai rencontré Miles Wilkinson (le réalisateur et ingénieur torontois qui a travaillé avec Anne Murray, Emmylou Harris et Guy Clark, entre autres). Il m’a entendu alors que je jouais dans un petit pub d’Edmonton, et il m’a dit que je devrais écrire des chansons à Nashville. C’est comme ça que j’ai réussi à avoir des co-écritures avec des auteurs sous contrat d’édition dès la première fois où j’y suis allé. Je suis vraiment très chanceux d’avoir pu vivre ce côté de Nashville avant d’avoir à travailler vraiment fort pour y arriver. »

Goodvin affirme qu’il est totalement au service de la mélodie lorsqu’il écrit. « C’est comme ça que je fonctionne », explique-t-il. « Pour le démo de la chanson de Luke, je jouais la guitare et c’est moi qui contribuais le plus à la mélodie. Au fil des ans, je me suis vraiment amélioré en tant que parolier. »

Goodvin, à qui l’on a diagnostiqué un trouble du déficit de l’attention quand il était jeune, préfère également les collaborations à l’écriture solo. « C’est très difficile pour moi d’être seul dans une pièce pendant trois heures », rigole-t-il. « J’ai écrit des chansons seul, mais c’est en collaboration que j’arrive le mieux à me concentrer et j’aime que quelqu’un d’autre soit là pour me rassurer, ça m’aide à finir ce que j’ai commencé. »

« Écrire avec quelqu’un d’autre apporte une énergie différente aux chansons. Je suis vraiment pro collaboration. Un bon collaborateur, c’est une personne qui vous comprend et qui comprend ce que vous aimez. Ce que je préfère vraiment par-dessus tout, c’est quand je me réunis avec mes amis, qu’on s’amuse toute la journée et qu’on ressort de là avec une nouvelle chanson. »

C’est pour cette raison qu’Aaron Goodvin préfère quand son processus de création ne lui donne pas une migraine.